Document : 1784-08-16

Références / localisation du document

Archivo Historico Nacional (Madrid), liasse 3885, n°3, expediente 13 de la section Estado, folio 25

Date(s)

1784-08-16

Auteur ou organisme producteur

Peyroux de la Coudrenière

Destinataire

Aranda

Résumé et contenu

Bilan des enrôlements à Nantes : seules les familles riches restent + quelques familles pauvres (raisons) ; rumeurs négatives sur l'établissement (Peyroux les a écartées).

S'excuse du retard à cause de la suppression des diligences en Bretagne. Arrivé à Rennes, s'apprête à partir pour Morlaix, etc. ; bilan des enrôlements à Nantes : selon Peyroux, seules les familles riches (pouvant se passer de la solde) ont décidé de rester + quelques familles pauvres dont les maris sont en mer (les femmes attendent le retour) ; quelques Acadiens de Bordeaux, Rochefort et Belle-Île-en-Mer veulent se faire enregistrer, mais n'ont envoyé aucun détail de leurs familles.
Evoque des " contes absurdes " pour détourner les Acadiens de passer en Louisiane ; questions des Acadiens sur l'établissement futur ; leur a demandé de faire confiance à l'Espagne et que les contes étaient absurde. Cela a paru les satisfaire.


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au crayon : [16 ag. 1784]
Copie d'une lettre de M. Peyroux de la Coudrenière en date de [blanc]

Monseigneur,

Je suis bien fâché de ne pouvoir exécuter les ordres de V. Ex. avec autant de célérité que je le désire, mais depuis qu'on a supprimé les diligences en Bretagne, et qu'on a rétabli les anciens carrosses, les voyages s'y font avec une lenteur très ennuyeuse : on est souvent obligé de rester plusieurs jours dans une ville pour attendre le départ de la voiture publique qui mène à l'endroit où l'on veut aller. Pour voyager promptement dans cette province il faut avoir une voiture à soi, et aller en poste ; mais cette façon de voyager n'est pas sûre à cause des brigands qui infestent les grands chemins malgré les soins et la vigilance de ceux qui veillent à la sûreté publique. Quoiqu'il en soit, j'espère avoir fini mon opération et être à Paris sous quinze jours. Je suis arrivé à Rennes samedi et je pars demain 17 pour Morlaix, où je compte n'éprouver aucun retard ni à Saint-Malo, parce que j'ai appris dans les bureaux de l'intendance que M. l'intendant avait donné avis aux subdélégués de ces villes de la commission dont votre excellence m'a honoré.

De tous les Acadiens de Nantes il ne reste que les familles assez riches pour se passer des bienfaits du Roi. Il y en a pourtant quelques unes de pauvres qui ne se sont point fait inscrire, mais c'est que les chefs étant en mer, leurs femmes attendent leur arrivée pour se déterminer sur ce sujet. Quelques Acadiens de Bordeaux, Rochefort, et Belle-île ont écrit à Nantes pour se faire mettre sur la liste de ceux qui passent en Louisiane ; mais comme ils n'ont envoyé aucun détail de leurs familles, je leur ai fait dire d'en envoyer un, et ils doivent l'adresser à votre excellence.

Les contes absurdes que certaines personnes débitaient à Nantes pour détourner les Acadiens du dessein qu'ils avaient de passer en Louisiane m'ont occasionné beaucoup de questions, principalement sur l'établissement futur de ces derniers, mais après leur avoir fait sentir l'absurdité de ces contes, je leur ai dit que la Cour d'Espagne ayant accueilli leur requête, ils auront sans doute le traitement qu'ils ont demandé, et j'ai assuré qu'ils doivent avoir la plus grande confiance dans la bienfaisance d'une Cour qui s'est toujours montrée généreuse et magnanime. Cette réponse a paru les satisfaire.

Quant à moi, Monseigneur, humilié et tyrannisé pour avoir servi l'humanité je n'ai d'autre consolation que le plaisir de faire le bien, et l'espoir que votre excellence voudra bien m'honorer de son estime et de sa protection.

J'ai l'honneur d'être, etc...

signé : Peyroux de la Coudrenière.

Notes

date ajoutée au crayon, mais est confirmé par la remarque dans le texte "je pars demain 17"

Mots-clés

// repartir : ou pas ?
// division des Acadiens

Numéro de document

002250