Document : 1773-04-18a
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°302-304 // f° 161-163, document n° 119 // ADIV, Rennes, 17F, 2160, pp. 304, 328 // AN, H1 1499 2
Date(s)
1773-04-18a
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
Bertin directeur du bureau d'agriculture (dépend du Contrôle Général)
Résumé et contenu
L. à Bertin. CR d'un entretien entre Guillot et Destouches du Désert.
Ce dernier n'a rien prévu. Il refuse de répondre aux demandes de Guillot de lui donner son plan d'établissement. Il menace sans arrêt de s'en référer au Prince. Lemoyne estime que le Prince est probablement trompé par cet homme. Heureusement que Guillot n'avait pas de fonds pour faire passer les familles, sinon ça aurait été désastreux.
Détail ensuite sur la fuite de plusieurs familles à Jersey : l'honneur du gouvernement français lui semble compromis si rien n'est fait et si on ne fait pas connaitre ce que le gouvernement veut faire pour eux.
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M. Bertin ministre, Corse. du 18 avril 1773
Monseigneur,
J'ai l'honneur de vous faire part des connaissances que M. Guillot vient de me donner sur le S. Destouches du Désert, dont j'ai eu l'honneur de vous rendre compte le 18 mars dernier. Ce particulier n'a remis à ce commissaire que le 6 de ce mois la letttre que M. de Boynes lui avait confiée le 20 décembre dernier. J'ai eu l'honneur de vous en remettre copie le 11 de ce mois.
Ce commissaire me marque que la connaissance qu'il a des vues du gouvernement sur ces familles l'ont porté à vouloir entrer dans quelques détails avec ce particulier sur ces projets et qu'il lui a fait plusieurs questions, savoir
1° S'il connaissait la Corse
2° S'il avait connaissance des terrains qu'il entendait afféager aux familles
3° S'il avait un plan d'établissement
4° S'il était assuré de commestible pour la première année de l'arrivée des familles
5° [a-t-il prévu des outils ?]
6° [agit-il d'après le plan de De L'Isle ou sur "sa propre imagination ou sur quelques autres ?]
"A toutes ces questions le Sieur du Désert à répondu par des négations et sur ce qu'il lui demande
7° [l'établissement est pour son compte et non celui du Prince de la Marche]
"[...] et que quand aux frais d'émigration et d'établissement le gouvernement devait se charger de tout. Sur ce dire M. Guillot lui [à Destouches] demande s'il avait eu l'honneur de vous voir ou M. de Boynes, ou M. le contrôleur général ; et s'il avait des promesses de ce ministre. S'il leur avait présenté des mémoires. A quoi il lui répondit qu'il n'avait pas l'honneur de les connaitre qu'il ne les avait jamais vu, et qu'il n'avait jamais présenté de mémoire ni de plan.
M. Guillot lui demanda encore la connaissance des conditions qu'il avait faite avec les Acadiens, ce qu'il ne voulu faire, lui répétant que ses traités étaient d'eux à eux seulement, et sans vouloir entrer en aucune explications à cet égard. Quelques tentatives qu'ait pu faire M. Guilot il n'a rien pu tirer de lui, s'en tenant à le presser d'expédier les familles. Cet homme semblait ne vouloir pas se départir de la demande qu'il faisait d'expédier les familles, qu'il avait engagé. Cependant, sur les raisons d'impossibilité qu'il lui donna, ce dont il parut persuadé, il finit, en disant qu'il en écrirait au Prince. Son refrain (?) à toutes les difficultés que le commissaire lui proposait.
M. Guillot me marque qu'en conséquence de la lettre de M. de Boynes du 20 décembre dernier, il [aurait ?] expédié les familles qui lui auraient été demandées si les fonds ne lui eussent pas manqué pour solder ce qui se trouvait dû à ces pauvres gens et leur donner la conduite jusqu'à Toulon ; ce manque de fond, Mgr, est fort heureux. Combien d'inconvénient et d'accidents dans une émigration de cette nature. Le mal quant à l'argent qui serait résulté de cette expédition n'eut été reparable que par des dépenses immenses, les autres maux n'eussent pu se réparer.
demande à Bertin de prendre des mesures pour la protection des Acadiens qui ont été trompé et se sont livrés d'impatience. Il demande à Bertin de défendre à Guillot de laisser partir les Acadiens.
"je ne vois aucun inconvénient vis à vis du Prince qui certainement est trompé. Sa générosité et son humilité sont comme cet homme le comprend (?).[...] Le prince ignore certainement que cet homme [Destouches] est sans faculté personnelle et sans les connaissances premières et nécessaires pour ce qu'il entreprend après ce que M. Guillot me marque. Je n'ose qualifier l'homme".
Cet homme [Destouches] est un ancien capitaine de navire à la demi-solde de 180 # par an; peut-être en cette qualité lui admet-on quelque connaissances de la navigation ; mes ses réponses me forcent de lui nier toutes autres [connaissances] quelconques sans restriction ou bien il voudrait tromper, ce qui reviendrait à ce que j'en pense."
M. Guillot m'informe encore, M., que l'ennui gagne si fortement ces malheureux qu'il craint une désertion considérable. Huit familles établies à Plouër et à Pleudihen se sont échappées et ont passées en Angleterre avec leur avoir ; ce n'est pas l'objet en lui même qui me parait fort intéressant, mais l'honneur du gouvernement me semble compromis ; s'il paraît faire peu attention à cet événement, il semblera l'autoriser et avoir abondonné des sujets qui ont trop mérité de lui par leur attachement au Roi, à la patrie et à la religion, pour qu'il ne les retinsse [ou retiennent] pas sous sa protection et ne les secoure. Ces familles qui n'ont supporté leur malheur que dans l'espérance de bonté du Roi, tomberaient dans le désespoir si en les rassurant, vous ne touchez (?) sur l'inconduite de ceux qui se sont évadés.
Cet évenement, Mgr, démontre combien il serait intéressant d'opérer et de bien faire connaître à ce malheureux peuple qu'il est digne de l'attention du gouvernement, qu'il s'en occupe et que sous peu il en aura des preuves par la jouissance des graces qu'il se prépare à répandre sur eux.
Je suis, etc...
Lemoyne
Notes
Mentionné par Griffiths # 1320 avec les références suivantes : 17F, 2160, pp. 304, 328, ADIV, Rennes.
une copie de cette lettre dans AN, H1 1499 2 (photo 2256 et précédentes).
Cf. aussi le courriel de Damien Rouet du 25 janvier 2004 qui signale le fonds CEA 1.42-10 " Acadiens qui reviennent en Acadie par l'Angleterre - île de Jersey (1772-73) " (Communication personnelle de Damien Rouet)
Mots-clés
// fuite de familles à Jersey
// repartir : Jersey (Acadie)
// désertions
// Destouches
// Robin
Numéro de document
000205