Document : 1773-05-13b
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°326-329// f° 175-176
Date(s)
1773-05-13b
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
Guillot
Résumé et contenu
L. à Guillot. Demandes d'exemptions des Acadiens ; demande des Acadiens de passer au Moule S. Nicolas ; familles qui ont déserté ; Corse
A reçu la demande d'exemption de tutelle des Acadiens ; lui rend compte qu'il a demandé la gratuité mais pas l'exemption et que la Roque semble d'accord.
Demandes des Acadiens de passer au Moule Saint-Nicolas (Saint-Domingue) : attendre que le C.G. ait statué et distribue les fonds dont ils pourront ensuite faire ce qu'ils veulent. Lemoyne se plaint de la lenteur qu'il attribue au fait que plusieurs ministres différents s'occupent de l'établissement des Acadiens : "Oh ! Monsieur, que de désagréments donne la suite des affaires dépendantes de plusieurs ministres."
En ce qui concerne les familles qui ont déserté, Lemoyne les comprend et que c'est à cause de la lenteur, mais estime qu'il faut quand même se montrer sévère et que Guillot fait bien de ne pas payer les dettes qu'ils ont fait. Il recommande tout de même de payer les boulangers.
Enfin, en ce qui concerne la Corse, L. donne quelques informations et suggère de préciser aux Acadiens qu'une fois passés en Corse, ils n'auront plus rien à demander à l'administration.
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M. Guillot, commissaire de la marine à Saint-Malo. Du 13 mai 1773
Je n'ai pas répondu, Monsieur, aux lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire les 18 et 24 avril dernier ayant voulu m'instruire sur plusieurs points intéressants pour le faire avec exactitude.
Je n'ai pû me refuser à passer quelques jours en campagne, j'en arrive. Je ne diffère pas un moment de répondre à votre lettre, M., du 18 à laquelle était jointe copie du mémoire que les Acadiens ont présenté au sujet des formes que les officiers de justice exigent pour les inventaires etc. qui peuvent les regarder.
J'en ai envoyé copie à M. Bertin, en lui observant que je crois impossible d'attaquer la loi commune à tous les sujets du Roi, mais que je regardais les Acadiens dans leur position comme susceptibles d'être exempts de la dépense que ces formes exigent, parce qu'ils sont hors d'état de la supporter. Je lui ai proposé en conséquence d'obtenir un arrêt du conseil qui ordonne le gratis absolu de tous actes, expéditions de greffe, contrôle etc. et réduire tous les frais au seul et unique payement de papier timbré, je n'ai point encore de réponse et n'ai pu voir ce ministre depuis.
J'ai entretenu M. de La Roque de cette affaire. Je l'ai trouvé de mon avis. M. de Boynes ne lui ayant point encore renvoyé le mémoire, je lui en envoie copie. Il m'a promis d'en faire son rapport, et de proposer l'arrêt que je demande. Il croit l'obtenir sans difficulté. Il m'a promis une prompte expédition ; le gratis remplira les désirs des Acadiens. Et la règle ne sera point enfreinte.
Je ne crois pas, si les Acadiens veulent passer au Moule Saint Nicolas, obtiennent au moment des secours. Je pense même qu'ils prennent mal leur temps et qu'il conviendrait mieux qu'ils attendissent que la finance eut fait les arrangements qu'ils sont dans le cas d'espérer. Il n'y a rien de réglé. Il n'y a encore aucun fonds d'assigné. On leur accorderait peut-être leur passage par toute grâce, qu'ils attendent. Je crois que cela est plus sage. Les fonds une fois destinés, seront répartis suivant le désir de chaque chef de famille, afin qu'il puisse en faire l'emploi à raison de ses facultés et talents. Qu'ils attendent. J'espère que cela ne sera pas long. Oh ! Monsieur, que de désagréments donne la suite des affaires dépendantes de plusieurs ministres.
A votre lettre, M., était jointe la liste de ceux qui ont déserté. Je ne puis les blâmer, ma foi, abi bene ibi patria [ubi bene ubi patria ?]. Ils ont patienté au dela de toute imagination. Forcés par la misère, dans laquelle on les laisse, ils acceptent le bien être que les Anglais n'ont cessé de leur offrir depuis 1758. Entre nous, font-ils une faute qu'on puisse leur reprocher ? Qui l'a fait cette faute ? Il faut cependant se démontrer toujours courroucé contre eux. Vous faites très bien, M., de reculer sur les paiments de ce qu'ils doivent. Il n'est pas imaginable qu'il ne leur ait été prêté. Cependant, il faudra toujours payer les boulangers que vous leur aviez assigné pour [non ? - il semble manquer un mot] seulement le pain qu'ils ont du consommer à raison du nombre de personnes qui composaient la famille, mais tout celui qui sera demandé. Je pense comme vous M. à cet égard. Je compte voir M. Bertin demain à sa campagne, je lui rendrai compte en détail de cet évenement dont je n'ai fait que le prévenir. Les circonstances ont exigé de moi cette réserve.
[Corse, en marge] : Je vous dois, M. instruire de ma conversation avec M. de la Roque au sujet du S. Destouches du Désert. Voici ce que c'est que cet homme. Ce n'est qu'un agent matériel dans l'exécution de ce que M. le Comte de La Marche projette pour l'établissement de ses domaines en Corse. Destouches ne fait et ne dit que ce qu'on lui prescrit. Il sera le conducteur des familles, rien de plus. Voila ce que M. de la Roque m'a assuré. [Bene ?] s'il se peut laisser faire, le Prince pourvoit à tout. Il se charge de 80 familles à tout évenement que peut faire un ministre lorsqu'un Prince lui répond de tout ? Laissez donc faire le S. du Desert tant pis (?) pour ces malheureux. Si ce qu'on peut prévoir de facheux pour eux se réalise. Vous pouvez je crois leur dire qu'ils n'aient plus à compter sur rien de la part du gouvernement ; mais qu'ils ont tout à attendre de la bonté et de la générosité du Prince qui en se les appropriant n'a en vue que leur bonheur. Je le leur dirais afin d'éloigner d'eux l'idée qu'ils peuvent se faire qu'ils auront deux cordes à leur arc, et les détourner de s'appliquer à des plaintes peut-être dont ils ennuyeraient les ministres et certainement vous, M. Ces gens là compromettraient ceux auxquels ils croiraient pouvoir s'adresser ; il faut cesser toute correspondance avec eux du moment qu'ils seront partis. On a dû vous remettre des fonds pour solder les familles et faire les avances de leur route. Vraisement (?) ils passeront debout (?) en Corse. Sitôt partis il faut les oublier.
[en marge un passage difficile à lire qui demande à Guillot d'essayer d'avoir connaissance des conditions qui sont faites aux Acadiens]
J'ai l'honneur d'être, etc...
Mots-clés
// désertions
// repartir : Moule Saint-Nicolas (Saint-Domingue)
// SM
// Corse
// Robin
Numéro de document
000211