Document : 1773-05-24
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°342-344/ f° 183-184
Date(s)
1773-05-24
Auteur ou organisme producteur
Terray
Destinataire
Lisle-Dieu
Résumé et contenu
Terray à L'Isle-Dieu : a bien reçu sa lettre et lui explique le projet d'établissement de Pérusse, moins coûteux pour le gouvernement que les projets de Lemoyne. Terray va aussi travailler à un projet législatif qui adoucisse le sort des Acadiens ; il espère cependant que les Acadiens montreront le bon exemple et notamment qu'ils se montreront travailleurs et qu'ils aideront Lemoyne. Terray espère que L'Isle-Dieu pourra exhorter les Acadiens à se plier aux volontés du gouvernement.
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Copie de la lettre de M. le C.G. écrite à M. l'abbé de Lisle-Dieu le 24 mai 1773
Lorsque j'ai reçu, M., votre lettre du 29 du mois dernier, j'étais occupé du choix des moyens propres à procurer aux familles acadiennes un établissement solide et avantageux. Je m'étais déjà fait rendre un compte exact des mémoires de M. Lemoyne et de tous les autres qui m'ont été présenté pour le même objet ; mais l'état des finances ne permettant point de s'arrêter à des plans aussi dispendieux le Roi en a adopté un qui ne remplira pas moins ses intentions généreuses pour les Acadiens et qui les fixera dans le Royaume d'une manière aussi avantageuse pour eux et plus économique pour l'Etat. M. le Marquis de Pérusse céde un terrain de 7 000 arpents, sur lequel seront bâtis cinq villages composés chacun de 30 maisons. Chaque maison servira à dix cultivateurs qui auront ensemble la propriété des 30 arpents grévés d'une légère redevance, envers le seigneur, chaque établissement ou maison sera abondamment garni de bestiaux, meubles et outils aratoires. Outre la propriété particulière de chaque maison, chaque village aura celle de 200 arpents destinés aux pâturages communs. Cet établissement ne comprend comme vous voyez que 1 500 cultivateurs, mais pour assurer le sort des autres, il est accordé à chacun d'entre eux la propriété de 3 arpents de terre défrichée et ensemencée, dont ils jouiront au 1er janvier 1776. Enfin le Roi continue à tous la solde de 6 s. par jour jusqu'au 1er janvier 1774. Après cette époque, M. de Pérusse nourrira les 1 500 Acadiens cultivateurs pendant les deux années employées à bâtir les maison et à défricher les 7 000 arpents ; le surplus des Acadiens, gens de métiers, subsisteront de leur travail, en attendant la jouissance des 3 arpents dont la propriété leur est assurée, et qui doit aider à leur subsistance. Il est encore bon de vous observer que dans les 870 Acadiens qui ne feront point partie de l'établissement sur les terres de M. de Pérusse, Mgr le Comte de la Marche se charge d'en établir 320 dans l'Ile de Corse, il en est aussi passé 32 dans l'île de Jersey, et il s'en trouve 80 d'infirmes ou de malades, auxquels on accordera une retraite dans quelques maisons de charité voisine de leur domicile actuel ; d'après les témoignages favorables que vous me donnez de l'union et de la concorde de ces familles, j'ai même lieu de présumer que les 1 500 Acadiens établis et logés, ne tarderont pas à donner une retraite aux 350 qui avec une propriété égale n'auront pu être choisis pour jouir des logements.
Je vais encore travailler à assurer la douceur et les avantages de leur sort par une législation qui les dispense pendant quelques temps des charges communes à tous les autres sujets et qui puisse faciliter l'accroissement que leur industrie et leur travail doivent nécessairement apporter à leur situation. De votre côté, vous ne pourrez trop, Monsieur, vous empresser de les instruire des bontés de sa majesté et les disposer à les reconnaitre par une entière soumission aux ordres qu'ils recevront en conséquence ; et surtout par un travail assidu qui accélère les effets des secours qui leur sont accordés. Vous ne pourrez faire un usage plus louable de votre ascendant sur ce peuple, qu'en lui donnant ces dispositions qui tourneront à leur avantage et qui faciliteront les opérations préliminaires de cet établissement dont je charge M. Lemoyne.
J'ai cru ne pouvoir mieux faire que d'envoyer ce commissaire dans les différentes villes où résident les Acadiens pour en faire le contrôle, et une distribution qui réponde à celle du plan que je vous ai détaillé. Je pense que vous voudrez bien lui communiquer tous les éclaircissements que vous penserez devoir aider au succès de sa mission. C'est ce que j'attends de votre zèle pour les familles acadiennes et des sentiments de bienfaisance que vous leur continuez. On ne peut rien ajouter à la sincérité de ceux avec lequel....
Terray.
Mots-clés
// Poitou
// Jersey
// Corse (projet de la Marche)
// secours (solde continuée à tous jusqu'au 1er janvier 1774)
Numéro de document
000219