Document : 1773-06-20b

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°358-363// f° 192-195

Date(s)

1773-06-20b

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Pérusse

Résumé et contenu

L. à Pérusse. Bonne volonté des Acadiens. Question sur les vêtements. Suggestions de Blossac. Eglise particulière pour les Acadiens.

Les Acadiens sont favorables aux établissements. Une question des Acadiens concerne les vêtements : ils craignent d'en user et d'aller nus et Pérusse ne promet que la nourriture. Lemoyne pense qu'il serait bon d'accorder un petit salaire à ceux qui travaillent aux défrichements pour motiver, acheter des vêtements et permettre d'acheter un peu de tabac et d'eau de vie.
Réponse à la Lettre de Pérusse. Blossac suggère de construire les maisons en bois : L. pense que c'est une bonne idée : maisons plus solides et les Acadiens sont charpentiers. L. suggère de séparer les maisons (craintes d'incendies et c'est bien d'avoir des grands jardins entre les maisons). Pérusse semble réclamer des missionnaires particuliers et la construction d'une église (regroupement). L. répond que d'anciens missionnaires de l'Acadie se porteront volontaires et seront payés par le C.G. ; il en parlera à l'abbé Grand Clos Mêlé.
Lemoyne tache de faire des regroupements de 10, mais ce n'est pas très facile. Il essaie aussi de recruter des ouvriers.
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M. le Marquis de Pérusse. Au Havre, le 20 juin 1773.

J'ai eu, M., la satisfaction de voir votre projet d'établissement plus goûté par les Acadiens du Havre que je n'osais l'espérer. Je n'ai rien à ajouter à ce qui est proposé. Je l'ai exposé simplement ; j'ai seulement fait valoir les avantages qu'ils pourraient en tirer et j'ai affirmé que l'on tiendrait avec la plus grande exactitude ce qui était promis.

Voici des objections qui m'ont été faites par ceux qui ont en tête (?) de se donner aux défrichements et aux travaux dans le moment n'ayant ont-il dit que la nourriture on ne peut moins (?) [nous ?] munir de vêtement, ainsi que nos femmes et nos enfants, quelle sera notre ressource pour nous en procurer puisque vous ne nous promettez aucun supplément à la subsistance ?
Le peu de hardes que nous avons se consommera nous nous trouverons nus, comment ferons nous de l'hiver sans vêtement et sans chaussures ? L'objection est forte je n'ai eu rien à répondre d'affirmatif. J'ai seulement assuré qu'on poursuivrait et qu'ils devaient être tranquilles à cet égard.

Mais, M. voici ce que j'ai fait. L'objection m'ayant été faite avant ma revue j'ai pris sur moi de ne leur promettre affirmativement que deux boeufs, leur faisant espérer qu'on pourrait leur en donner trois et même deux paires suivantes circonstances. Retranchant un boeuf on pourrait donner des hardes sur cette épargne, seulement à ceux qui se livreront à la batisse et aux défrichements ; ceux qui resteront dans les villes pouvant gagner des journées qui les entretiendront de hardes.
Je crois M. pouvoir vous proposer comme une excitation très utile d'assurer un salaire modique qui peut fournir à l'entretien de hardes, et à quelque douceurs qui sont indispensables à des gens qui travaillent, du tabac, un coup d'eau de vie. Cette douceur ne doit regarder que ceux qui se livreraient à l'agriculture et au travail des batiments, la dépense serait peu considérable, et j'aimerais mieux ce parti que de retrancher des forces à l'agriculture.
En effet, M. , ne serait ce pas un prétexte fondé au murmure que le travail pour la communauté sans récompense, ou au moins sans remplacement de la consommation des hardes qu'il entrainerait. Voilà, M., des réflexions que je vous présente. Je vous prie de me faire passer votre avis à Saint-Malo avant que j'y entâme (?) l'opération. J'aime à procéder avec certitude et être en Etat d'affirmer ce que je puis avancer.

Je vais suivre la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 8 dont je vous ai simplement accusé réception.
Je suis très persuadé que M. de Blossac dont le goût pour les choses qui touchent l'humanité est connu, vous aidera certainement de tout son pouvoir pour la réussite de votre projet.
Je crois, M., que les vues que cet intendant vous a suggéré pour la construction de bâtiments en bois sont très bonnes. Les bâtiments seront plus forts terminés, les matériaux seront plus aisés à rassembler, plus d'Acadiens seront en Etat d'aider étant presque tous charpentiers, et tout homme pouvant travailler aux torchis ou à remplir les briques vertes les interstices (?) de bois de charpentes, ce qui vaudrait mieux que le torchis, si la terre est bonne : un bon crépi en chaux procurera la solidité à désirer ; il sera aisé à M. de Blossac d'obtenir une quantité de balivaux dans le bois appartenant au Roi ; il ne faut que du bois de 4 ou 5 pouces, des poutrelles de 7 à 8 pouces pour le milieu des planches et pour porter des solivaux
[.... passage continue en recommandant pour la salubrité d'élever le sol à "un pied au dessus du niveau du dehors" ; il faut aussi isoler les maisons les unes des autres pour éviter le feu ; il faut des jardins assez grand pour que les Acadiens puissent aller vendre leur produit sur les marchés de Châtellerault et Poitiers ; avantage d'espacer les maisons : permettre aux Acadiens de les agrandir si besoin est...]

J'ai trouvé deux bons hommes qui veulent bien partir à l'instant dont l'un est charpentier et homme à tout, l'autre de très bonne volonté. L'un d'eux est garçon l'autre laissera sa famille ici. Je compte en trouver plusieurs à Cherbourg. Je suis à la recherche d'ouvriers, je n'en ai point encore trouvé. L'article qui regarde le spirituel sera d'autant plus aisé à arranger que l'abbé Girard [probablement Girard, Jacques, cf. DBC] et l'abbé Casiette (?) [probablement Pierre Cassiet, cf. DBC], deux de leurs anciens missionnaires se porteront avec zèle à cette mission et que M. le contrôleur général parait disposé à leur faire un traitement honnête sur les économats. Il ne sera donc question que de leur donner un logement et un terrain qui puisse leur procurer des douceurs. Si vous n'obteniez pas M. l'Eglise que vous avez en vue, une chapelle serait bientôt bâtie en 1774 ; il n'y a pas un individu qui n'y travaille avec zèle, même les femmes et les enfants. Vous voyez très bien, M., l'effet que peut faire sur eux l'exortation d'un missionnaire.
Je verrai M. l'abbé Grandclos Meslé ami de M. l'évêque de Seran (?) lorsque je serai à S.M. il s'est déjà expliqué sur ce que M. l'Evêque a pû vous faire espérer ; il est inutile de penser à le déplacer ; ses fonctions dans le diocèse de S. M. et non de Vannes le retiennent absolument, c'est le point d'appui de M. l'abbé de L'Isle-Dieu à S. M. un homme plein de zèle, et très essentiel dans la circonstance présente.

J'ai, M., formé ici l'association complète de six familles de 11 personnes, il n'est pas possible de se fixer à la rigueur de 10 aussi en aie je associée 3 a 11 et une de à 12.IL en est quatre à 9 que je completerai peut-être à 10 peut être à 11. Lorsque je serai à Cherbourg, il en est trois autre de 7 ou 8 que je complèterai aussi à Cherbourg où elles ont des parents. Vous voyez M. qu'il en restera peu au Havre ce but me donne des espérances.
Je ferai valoir avec grand plaisir vos dispositions généreuses pour la famille des d'Entremont. Je crois qu'il faut s'attacher aux principaux. Je mettrai en usage vos intentions sans vous engager que convenablement. J'aurai l'honneur de vous en faire part de ce que j'aurai fait. Je ferai espérer, mais n'arreterai (rien ?).
Laissez entamer, M., laissez la chose devenir indispensable, il est des suites sur lesquelles M. le C.G. ne peut reculer, l'affaire bien en train et qui lui donneraient de l'humeur si on les lui faisait présumer. En tout il est le chapitre des accidents auquel il faut faire face malgré qu'on en ait. Je le vois fort étendu dans l'exécution du projet dont il s'agit.
Nos gens du Havre, de Cherbourg, se rendront à la Rochelle par mer, et de la Rochelle par terre et à Poitiers. J'en suis convenu avec l'ordonnateur de ce port et le subdélégué. L'un et l'autre se portent avec zèle à la réussite et à tout ce qui en facilitera.
Je compte, M. le marquis, recevoir de vos nouvelles à S. M.

J'ai l'honneur, etc...

P.S. on ne propose, M. le Marquis, un bon charpentier gâcheur [Ouvrier qui gâche le plâtre, le mortier.] (?) très capable, nommé Deshayes, cousin d'un des plus forts entrepreneurs de charpente de cette ville. On demande pour lui 3 # (?) par jour prix de la journée à Paris de cette classe d'ouvriers et qui pour sa conduite la journée court du jour qu'il partiraa pour se rendre au lieu qui lui sera indiqué. Ayez, M., la bonté d'instruire M. de Rainpel (?) subdélégué de vos intentions à cet égard. C'est un galant homme plein de zèle et qui donne les soin les plus recherchés pour ce qui intéresse l'execution de ce qui se trouve à sa décharge et intéresse la réussite de votre proejt, il m'a promis de se porter à tout ce que vous pourriez désirer, ayez aussi M. la bonté de lui écrire, si vous désirez qu'il fasse partir les nommés Douchet (?) n° 222, David Moulaison n° 498 qui ne demandent qu'à se rendre à l'instant sur les lieux ainsi que j'ai eu l'honneur de vous le marquer dans ma lettre. J'ai l'honneur de vous observer encore, M. le M., que ce sera à ce subdélégué que vous devrez vous adresser pour la suite des opérations.

Mots-clés

// construction d'église juste pour les Acadiens ?
// regroupement - dispersion
// RED
// Poitou
// revue
// vêtements

Numéro de document

000230