Document : 1773-07-04 // 1773-06-20

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°369-373 ou f° 198-200 // ANC, MG6 A15, série C [microfilm F 849] // AD Calvados [Caen], C 1019

Date(s)

1773-07-04 // 1773-06-20

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Virandeville, subdélégué à Valognes / Cherbourg

Résumé et contenu

Lemoyne. Mémoire pour les opérations qui restent à faire. 4 classes d'Acadiens.

Instructions de L. au subdélégué. L. a classé les A. en 4 classes : 1. ceux qui acceptent ; 2. ceux qui ont déjà des professions [et qui refusent] ; 3. ceux dont le chef est absent et qui ne peuvent décider ; 4. infirmes.
Instructions pour chacun d'eux. Pour les infirmes, Lemoyne note la répugnance des hôpitaux qu'ont les d'Antremont.
Instructions détaillées pour la conduite par mer jusqu'à La Rochelle puis route jusqu'à Poitiers / Châtellerault.
Au Havre les Acadiens n'ont pas de problème pour obtenir les lettres de maîtrise lorsqu'ils font une profession reglementée.

-------------------------------------
Cherbourg. Mémoire pour les opérations qui restent à faire par M. de Virandeville subdélégué de M. l'intendant à Valognes à l'égard de l'établissement des familles acadiennes sur la terre de Monthoiron appartenant à M. Le Marquis de Pérusse D'Escars chargé par le gouvernement de cet établissement.

La suite de l'opération faite à Cherbourg par m. Lemoyne c.g. de la m. en conséquences des ordres de M. le C.G. est indiqué par l'extrait du projet d'établissement en des instructions qui lui ont été données dont il a remis copie à M. de Virandeville.
En conséquence de ces ordres il a fait la revue des familles acadiennes résidantes à Cherbourg.
Il a dans cette revue trouvé quatre classes, qualifications qu'il donne aux différentes parties que les familles ont pu prendre.

Savoir :

1° : Ceux qui ont désiré être employés dans l'établissement projeté.
3° : ceux qui par des motifs admissibles comme l'absence du chef de famille n'ont pu se décider à aucun parti et demandent en leur bonne volonté qu'on suspende à leur égard les époques du 1er octobre pour le départ du 1er janvier 1774 pour la subsistance.
4° : ceux qui à raison de leurs infirmités et leur âge ne peuvent être transportés et seraient à charge de l'établissement.
2 ° : ceux qui sans un préjudice notable plus fort que les avantages qu'on leur propose ne peuvent abandonner l'état qu'ils ont embrassé depuis longtemps et qui les fixe à Cherbourg.

A l'égard de la première classe, il a fait les associations autant qu'il lui a été possible de dix personnes exigées pour un établissement. Peu ont été porté à onze par nécessité. D'autres enfin n'ont pu être complétées, mais elles le seront par des parents actuellement à S. M. ou dans les autres résidances et seront sollicitées par M. Lemoyne sur les indications que ces familles lui ont donné.
A l'égard de la 3e, M. Lemoyne en laisse note à M. Le subdélégué pour qu'il veuille bien s'intéresser auprès de M. l'intendant et obtenir ce qu'ils désirent qui parait juste.
Enfin, à l'égard de la quatrième, M. Lemoyne laisse pareillement note des vieillards et des infirmes qui seraient à la charge de l'établissement et ceux établis et qui par cette raison ne doivent pas être transportés et pour M. le subdélégué de solliciter le traitement que M. le C.G. promet pour qu'ils soient admis dans des maisons de piété qu'ils y soient logés, nourris et traités convenablement. Il lui prie encore de solliciter M. l'intendant pour qu'il permette que le traitement qui sera alloué soit remis manuellement à certains d'entre eux qui nés dans le bien être auraient répugnance invincible pour les hôpitaux et qui y périraient de chagrin s'ils étaient forcés de s'y réfugier. [nota : parle des d'Entremont ; et du Sieur Bellefontaine, ancien major général des milices de l'acadie et sa femme, grabataires l'un et l'autre. Cet homme a les services les plus distingués et a subi les évenements personnels les plus malheureux].
A l'égard de la deuxième composée de ceux qui sont établis par l'Etat qu'ils ont embrassé dans la ville et qu'ils ne peuvent abandonner sans un préjudice plus fort que les avantages qu'on leur propose, M. le subdélégué est prié de solliciter qui peuvent protéger leur industrie, et d'employer les moyens les plus convenables à leur profession pour leur rendre utile la protection du gouvernement.
Tous les individus acadiens doivent jouir de 6 s. par jour et par tête indistinctemnent homme et femmes et enfants pour les aider à subsister et ce jusqu'au premier janvier 1774.
Les familles qui seront transportées à Poitiers ne seront payées à Cherbourg que jusqu'au premier jour de leur départ de Cherbourg soit qu'ils soient envoyés par terre soit par mer. Ceux qui resteront à Cherbourg à cause des professions qu'ils y ont embrassé seront payés jusqu'au 1er janvier 1774 exclusivement.
Il sera donné une route à ceux qu'on envoyera par terre et ce pour les conduire à Poitiers ou Châtellerault. Seulement, il leur sera fourni des charrois [Transport par chariot, charrette, tombereau.] pour les femmes, les enfants et les vieillards et ceux qui ne jouissent pas d'une bonne santé et ne pourront marcher et aussi pour leurs hardes et petits enfants.
La route par terre ne doit être donnée qu'à ceux qui seront demandés par M. le marquis de Pérusse et qui de volonté voudront se rendre au début des travaux pour s'employer soit aux défrichements, soit aux bâtiments. Il faut autant que faire se pourra ne permettre ce départ particulier qu'aux hommes isolés qui pourront sans inconvénient laisser leurs familles. On ne doit pas leur fournir de voiture à moins qu'ils ne vinssent à se blesser en route. Ils ne doivent porter qu'un havresac [ Sac qui contenait l'équipement du fantassin et porté sur le dos à l'aide de bretelles]. La difficulté et la dépense qu'occasionnerait la route par terre doit déterminer à faire passer les familles par mer. Outre l'économie qui est considérable on évitera les inconvénients d'une route par terre et on procurera à ces pauvres gens les moyens de transporter le plus possible de leurs effets sans aucun frais pour le Roi. M. de Pérusse demandant au moment des hommes capables de travailler les charrues et les charettes et ceux qui entendent la maçonnerie et la forge. Il n'y a nul inconvénient à faire partir ceux de cette espèce qui se présenteront mais ainsi qu'il est dit à moins que l'on eut des occasions par mer qui faciliteront le transport de leur famille mais il faudrait ne pas exeder le nombre de 20 à 30 personnes. Encore faut-il que le plus grand nombre soit d'ouvriers gens utiles aux travaux.
M. de Pérusse fera informer M. de Fondette par M. de Blossac du moment où l'émigration totale de Cherbourg pourra avoir lieu ; alors il faudra freter des bâtiments et faire partir successivement tout ce qu'on pourra de familles avec l'attention de mettre dans le bâtiment tout ce qu'ils pourront en transporter mais sans excès. La santé des familles l'exige ainsi que les provisions pour la traversée jusqu'à la Rochelle ou ces familles seront débarquées et remises aux ordres de M. de Senac intendant.
M. de Francy aidera M. le subdélégué pour les affrettements. Le réglement et la quantité des vivres ainsi que la qualité que les patrons seront tenus de fournir et généralement en tout ce qui dépendra de lui et sont de son ressort. Pour tous les objets qui nécessitent de la dépense, il faut que M. le subdélégué fasse des états pour appuyer la demande de fonds qui seront nécessaires. Elle dressera aisément sur la connaissance qu'il a des objets de dépense et sur un rôle général qui lui est remis de tous les Acadiens actuellement en résidence à Cherbourg.
Ce rôle sera divisé par classe : la première des familles associées pour la culture, soit que les associations soient completes ou non ; la 3e dont les associations n'ont pu se faire à raison de l'absence des chefs de famille. Enfin la quatrième des vieillards infirmes, enfants, orphelins, isolés sans parents ou non réclamés, la deuxième, de ceux restant à Cherbourg à cause des professions qu'ils ont pris et qui ne peuvent quitter.
Il conviendra d'ajouter à chaque famille dans la colonne des observations le lieu où le chef était établi dans l'Acadie ; la paroisse sur laquelle se trouvait sa possession, le nom de son père et le lieu d'où il était, le nom du père de sa femme, celui du quartier de la paroisse où il était établi dans l'Acadie, afin de pouvoir parvenir à dresser une filiation de tout ce peuple, et assurer leur Etat soit par rapport aux alliances, soit par rapport aux successions.
J'observe à M. le sub qu'au Havre il n'a pas été fait aucune difficulté sur les lettres de maîtrises pour les gens qui sont retenus pour les professions, qu'ils y ont embrassé et qui assujettissent aux jurandes, il leur en a été promis par M. de Crosne [Crône] des suffisantes pour la leur laisser exercer.
Il est bon encore d'observer que le traitement qui sera accordé par M. le contrôleur général aux hôpitaux pour les infirmes qui seront mis à leur charge soit uniquement d'une somme journalière et non de la reversion des grâces accordées aux Acadiens, parce que les hôpitaux pourraient en induire la propriété des trois arpents qui doivent leur être remis en 1776 ce qui serait refusé, mais qui serait susceptible de chicanes à éviter.

Notes

[plusieurs passages raturés et d'autres illisibles sur le Ms 1480 mais plus lisibles sur la copie de ADC] ; copie des ADC est plus lisible ; collactionnée avec l'autre, copie quasi conforme cette fois sauf la date qui change ; la date du 4 juillet doit être la bonne car Lemoyne est au Havre le 21 juin.

Mots-clés

// revue
// Cherbourg
// hôpitaux

Numéro de document

000235