Document : 1773-07-20b

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°379-381// f° 202-203

Date(s)

1773-07-20b

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

De Boynes

Résumé et contenu

L. à de Boynes, de SM. Refus des Acadiens, entrevues avec Blossac et Bacq., et projet de seconde visite.

Il est arrivé à SM le 6 juillet. Hostilités des Acadiens à cause du rapport qui date de 18 mois. Malgré les rapports de Pérusse et de Sutière, L. n'est pas parvenu à convaincre. Idée d'une seconde visite car les motifs des visiteurs de la première fois sont biaisés et plusieurs familles acadiennes doutent. Lemoyne a rendu visite à Blossac et à Bacqueville qui sont peu au courant de la situation en général, qui soutiennent son initiative mais n'ont pas d'argent à lui fournir.
Rapport sur les Acadiens de Granville qui ne sont pas des Acadiens, mais des personnes de l'île Royale et du Canada [probablement Louisbourg ?]. Lemoyne suggère d'informer publiquement la France et l'Europe des grâces accordées aux Acadiens de la part du Roi, afin qu'en cas de fuite ils n'aillent pas dire que la France n'a rien fait pour eux en récompense de leurs sacrifices.

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M. de Boynes. Au Havre, le 20 juillet 1772

Monsieur,

Je suis arrivé à Saint-Malo le mardi 6 de ce mois. J'y ai trouvé les acadiens absolument prévenus contre la qualité des terres de Monthoiron qu'on veut leur donner. Il y a 18 mois [nota en partie ill. Je me suis renseigné, c'est M. Bertin qui les envoya] environ que vous permittes à M. l'abbé Le Loutre de faire visiter les terres par des Acadiens qu'ils choisirent dans les plus experts. Deux qu'il avait choisi en ont fait à leurs confrère le rapport le plus désavantageux et les ont si fort persuadés que quoique je les aie assuré que les terrains répondaient au travail, que je leur en donnasse des preuves par des lettres de M. de Pérusse et de M. de Sutières, qui me faisaient des détails des succès et assuraient (?) leur réussite entière, je n'ai pu les déterminer à accepter. Je n'ai encore pu rassembler sur 1.700 individus qui restent à Saint-Malo que 7 familles qui ne comportent pas 60 personnes ; ce qui vous paraitra étonnant, M., c'est que sur leur refus quantité de familles de l'Ile Royale et de cultivateurs de province demandent et me tourmentent pour les remplacer.
Je crois avoir découvert des intérêts, peut-être de simples vues particulières, dans ceux qui ont visité les terrains et les ont décrié. Je l'ai insinué à plusieurs. Je crois le soupçon (?) assez généralement répandu par la proposition que plusieurs m'ont fait d'aller les voir de nouveau. J'ai combiné les ordres que M. le C.G. m'a donné et en conséquence qui pourraient (?) être refaites (? défaites) de la permission que je leur en donnerais. Je n'ai pas voulu le prendre sur moi.
Quelqu'un m'ayant assuré que M. de Blossac était à sa terre près de Rennes, cet intendant devant avoir la grande main de l'execution des établissements, j'ai cru devoir le consulter. Je me suis rendû à Rennes mardi dernier. J'ai appris en arrivant qu'il était à 10 lieues de Blossac. J''envoyai un exprès chez lui porter une lettre pour qu'on la lui porter très promptement; il me fit l'honneur de me répondre le mercredi qu'il serait le jeudi au soir chez lui. Je m'y suis rendu le vendredi. Je l'ai trouvé informé en gros de la chose, mais n'ayant pas le moindre ordre sur les détails et pas un mot qui lui indiquat où il devait prendre le premier sol pour de dépenser. Nous entrâmes dans le plus grand détail. Je lui proposai vu le doute où j'avais jeté plusieurs sur la vérité du rapport de ceux qui avaient visité les terres, ce qui les faisaient désirer une nouvelle visite, de permettre aux Acadiens que je choisirais et qui seraient agréés de leurs confrères, d'aller de nouveau examiner les terres et d'y joindre quelques cultivateurs de Bretagne absolument désintéressés pour agir contradictoirement, mais avec eux, ce qui constaterait plus sûrement ce qu'on devait penser des cultures dont leurs terres pourraient être susceptibles ; il fut de cet avis.
Ayant appris le jeudi que M. de Bacancourt serait à Rennes le vendredi, à mon retour de Blossac j'appris son arrivée et je me transportai chez lui. Je l'entretins sur ce qui pouvait le regarder dans cette opération. Je l'en trouvai informé en gros mais aussi sans nulle connaissance sur le fonds qu'il aurait à demander. Je lui fait la même proposition que j'avais fait à M. de Blossac pour permettre une nouvelle visite des terres. Il fut de cet avis, mais me dit sur les moyens qu'il n'avait pas un sol à disposer pour cela. J'ai pris mon parti, M., je vois avec peine trainer l'opération dont je suis chargé ; (?...) s'il le faut les avances que je croirai contribuer à accélérer ; l'attente des réponses de M. le C.G. emporterait un temps trop considérable.
J'ai bien instruit M. les intendants que par les arrangements que vous aviez pris M., avec M. le C.G. vous étiez absolument désaisis de l'administration à l'égard des Acadiens, au 1er juillet, et que de ce jour ils étaient absolument sous celle de M. le C.G. qu'il était on ne peut plus pressant qu'ils s'expliquassent avec ce ministre, pour les fonds nécessaires tant pour la subsistance de ce peuple, que pour les autres dépenses. Si j'eusse trouvé ici les esprits avec aussi peu de prévention qu'à Cherbourg et qu'au Havre, j'aurais pu terminer en quinze jours. Je suis maintenant en suspend et j'y serai jusqu'à l'arrivée des ordres de M. le C.G. Je le supplie de me le faire passer le plus promptement possible.
J'ai trouvé, M. sur les rôles des Acadiens de Saint-Malo, plusieurs familles que l'on croyait acadiennes mais qui ne sont que de l'Ile Royale ou du Canada. J'en fait dresser un rôle que M. Guillot aura l'honneur de vous envoyer et qu'il appostillera. Les représentations que feront quelques uns d'eux et qui lui paraitront susceptibles d'être mises sous vos yeux.
Les familles de Granville qui quoique portées sur le rôle des Acadiens comme de l'Acadie sont néanmoins de l'Isle Royale, ou n'étaient point habituées dans l'Acadie. La plupart des familles ont obtenu la subsistance pour des motifs qui ont déterminé des ordres au commissaire et ces motifs sont assez puissants pour qu'ils espèrent que vous voudrez bien leur conserver les grâces dont elles jouissent. M. Doshaye [deshayes] (?) doit m'envoyer une note des ordres qu'il a reçu. J'aurai l'honneur de vous l'adresser, sitot qu'il me l'aura fait parvenir. Je la joindrai au rôle.
Le refus que forment les Acadiens d'accepter les graces du Roi, refus qui peut devenir const... (?) si ces gens ont le projet formé de quitter la France et de s'évader, me fait penser, M., qu'il pourrait convenir d'annoncer dans les papiers publics ces grâces que le Roi leur accorde, ils ne manqueraient pas pour colorer leur faute, si elle avait lieu, de se plaindre du gouvernement ; leur dire (?) s'accréditerait ; il faut je crois prévenir cet inconvénient, il faut instruire la France et l'Europe avec les détails et l'emphase qu'il convient, en publiant les bontés du Roi pour ce peuple, qui les a mérité par les preuves de son attachement à sa personne et à l'Etat. Je fais cette observation à M. Le C.G.

Je suis, etc..

Notes

repris transcription le 10 mars 2003

Mots-clés

// désertion
// repartir
// revue
// SM
// Grandville
// DV seconde visite

Numéro de document

000238