Document : 1773-07-21a
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°395-398// cf° 211-212
Date(s)
1773-07-21a
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
Pérusse
Résumé et contenu
L. à Pérusse. Organisation de la seconde visite des Acadiens.
A bien reçu sa lettre qui évoque les belles récoltes de cette année sur les terres que Sutières a contrôlé. Refus général des Acadiens, mais deux classes d'Acadiens : les leaders, et ceux à qui on a fait craindre l'indignation de leurs compatriotes, et qui disent "nous ferons comme les autres".
Organisation d'une deuxième visite par L. Il a rencontré Blossac et l'intendant de Bretagne (Bacancourt). Envoi des Acadiens sur ses propres fonds. Il donne le détail des personnes qu'il a envoyé, en précisant que deux JJ Leblanc et Simon Aucouin sont des leaders qu'il ne voulait pas envoyer, mais qui étaient réclamés par tout le monde, et qu'il n'approuve pas et qu'il soupçonne de comploter. Il a ajouté un acadien raisonnable. Il envoie aussi un Breton. Il conseille diverses astuces à Pérusse afin de déjouer le complot de Leblanc et Aucouin : les mêler à des paysans poitevins, les séparer, etc... Il est nécessaire qu'il y ait des poitevins pour que les Acadiens et les poitevins puissent se parler librement, tandis que Pérusse les intimiderait : "des gens de même classe et de même état s'entendent mieux en se parlant avec plus de liberté." Il faudra donner le plus d'authenticité possible à l'opération.
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M. le marquis de Pérusse, à Saint-Malo le 21 juillet 1773
Demain M. le marquis partiront les Acadiens que j'ai nommé pour une nouvelle visite du terrain qui est destiné pour leur établissement sur votre terre de Target (?).
Par votre lettre du 27 juin [pas retrouvée], vous vous exprimez ainsi. "Je voudrais pour beaucoup de choses que les mêmes Acadiens qui sont venus chez moi l'automne dernier fussent présentement, ils verraient précisément dans tous les défrichements faits dans les brandes que les blés y sont de toute beauté, ils verraient aussi que tous les essais qui ont été faits dans les mêmes terrains de la culture de M. de Sutières sont encore infiniment plus beaux que ceux où on a suivi la culture du pays".
D'après ce que cette lettre me démontre, j'ai cru ne devoir pas reculer sur le désir de quantité d'acadiens auxquels j'ai donné lieu de suspecter le rapport de ceux qui ont été voir vos terres l'année dernière, mais j'aurais crû trop dangereux d'y renvoyer les mêmes, que je soupçonne d'avoir des vues particulières pour la réussite desquelles il leur convient peut-être de les discréditer. Ces gens là ont cabalé pour soutenir leur dires, et quoique j'ai fait je n'ai pu détruire les préventions dont ils ont enivrés presque tous leurs confrères, préventions qui ont occasionné un refus général. Je distingue cependant dans ceux qui ont refusé deux classes, l'une de ceux qui se sont fait une volonté et un parti, l'autre et qui est nombreuse, de ceux qui craignent et auxquels on fait craindre l'indignation de leurs compatriotes s'ils ne se conformaient pas. Ce qui m'indique cette classe est la réponse banale : "nous ferons comme les autres".
Ce refus général, M., m'assied dans une perplexité que je ne puis vous rendre. J'ai vu l'affaire absolument manquée et M. le C.G. indigné ; si je lui en eut (?) fait mon rapport circonstancié comme il aurait dû l'être, il eût abandonné ce misérable peuple. Leur femme et leurs enfants, eussent été la victime de la mutinerie ou de la suggestion. L'établissement eut été arrêté et vos intérêts, vos avances dans le plus grand risque.
Attendre les ordres de M. le C.G., que de temps perdu. Que n'aurais-je pas risqué en le lui demandant. Dans cette perplexité, j'ai été consulter M. de Blossac à sa terre, à mon retour de Blossac j'ai vu et consulté M. de Bacancourt qui venait d'arriver à Rennes, ils ont pensé comme moi mais ils ne pouvaient et ne voulaient rien prendre sur eux et n'avaient aucun fonds à employer à cette dépense. J'ai pris mon parti. J'ai fait les avances. J'envoie trois acadiens et un cultivateur breton, Jean-Jacques Le Blanc et Simon Aucoin ont été demandé avec tant d'insistance par tous que quoique j'ai on ne peut moins de confiance en eux et que vous deviez penser de même et vous tenir sur vos gardes, je n'ai pu les refuser. Mais (?) Joseph Doucet est de mon choix. Il n'a pas déplu en troisième mais seul avec Jean-Jacques Le Blanc ils le rejettaient, ce qui me fait encore plus soupçonner du complot entre Jean-Jacques LeBlanc, Simon Aucoin et les mutins. Il sera bon, M. que vous prenniez les plus grandes précautions pour que ces deux hommes ne méditent par leur avis et pour cela je voudrais faire deux bandes un d'eux dans chaque et faire voir les morceaux de terre à chaque bande l'un après l'autre. Ce qui empêcherait et les signes ou les conventions muettes. Peut-être aussi le même avis de complaisance, en un mot M., je crois que vous devez prendre toutes les précautions qui peuvent mettre à l'abri d'un avis prémédité quoique déraisonnable. Il convient encore, M., que vous donniez toute l'authenticité possible à cette visite, elle ne peut être trop grande. L'obstination et le complot (?) formèrent (?) l'avis de ces deux Acadiens et qu'il fut contraire à celui des autres ; leur confrère pourront ajouter foi à un verbal authentique, ils le devront même ; en déplû (déplaise ?) à tous évenement, le gouvernement sera à l'abri, c'est lui qu'il faut voir en vue.
J'ai joint à ces trois acadiens un nommé Louis Martin (... ?) homme désintéressé, bon cultivateur, qui a toujours fait le métier de régisseur et qui à de la réputation. Cet homme m'a été donné par M. le subdélégué de Saint-Malo amateur d'agriculture. Je lui ai payé son voyage comme aux Acadiens. Vous pourez le mettre d'une bande avec un des Acadiens ou JJ Le Blanc ou Simon Aucouin, et Douchet avec celui que vous ne lui donnerez pas pour compagnon. Il sera bon aussi que vous preniez deux laboureurs du Poitou, pour en mettre un dans chaque bande, mais M., tachez que Le Blanc et Aucouin n'opérent pas ensemble, mais bien l'un après l'autre sur les mêmes terres. Il serait bon de les prendre en avis (? ordre ?) contraire sur les mêmes morceaux et qu'il en fut fait mention au verbal. J'ai joint un homme étranger à la chose parce que [nota : à cause du préjugé de ... ? des particuliers ... ? de toute (?) l'opération] des gens de même classe et de même état s'entendent mieux en se parlant avec plus de liberté. C'est pourquoi je vous conseille les deux Poitevins. Vous les intimideriez, ils n'oseraient s'expliquer ou du moins le prétexterait pour excuse. Je souhaiterais bien que M. de Sutières fut chez vous. Il faudra M. leur faire voir les sols semblables, l'un nu et l'autre en rapport. Il faudra se promener dans les différents emplacements fouiller des trous, leur bien faire connaître l'espérance d'une culture à un autre. Vous en savez, M. plus que moi, je me tais.
Si cette seconde visite confirme tout ce que je crois, d'après vous, M., et d'après M. de Sutières, je regarderai come bien employé le temps que je vais être à attendre et je les regagnerai sur Morlaix, Quimper et La Rochelle et Rochefort où je trouverais aujourd'hui les mêmes difficultés qu'ici. Ces gens là y ont déjà formé l'avis. En écrivant, j'aurai encore la satisfaction de devoir à ma patience la réussite. Ce que je fais aujourd'hui peut remonter une affaire totalement perdue, il ne peut arriver pire (?) que ce qui existe, soyez en bien persuadé.
Ces gens, M., comptent sur vos bontés pendant leur séjour pour leur subsistance, mais comme je crois que vous les traiterez de façon à leur faire trouver leur séjour très court, je vous prie M. de l'abréger tant que vous le pourrez et de ne pas perdre de vue que je suis ici en souffrance.
J'ai demandé à M. le C.G. des ordres (?) que s'il y a quelque apparence de réussite la (le, les ?) détermineront. Instruisez le je vous en prie de ce que vous pourriez faire et faites moi la grâce de ne pas me laisser ignorer. Cela peut m'être utile pour disposer les esprits et les travailler.
Je crois, M., que les Acadiens vous feront quelques observations sur la distribution des maisons, deux menages (?) une d'intérêt (?) devant (?) avoir bien de la peine à ce concilier en y ayant peu de familles de 10 têtes l'execution est le crochet des entreprises (?).
Mots-clés
// Acadiens = mutins
// ne pas intimider les Acadiens // coercition
// Poitou
// revue
// SM
// leaders
// DV seconde visite
Numéro de document
000241