Document : 1773-07-21 // 1773-07-24
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f°411-413// cf° 219-220 // ADV J dépôt 22, art. 124-1
Date(s)
1773-07-21 // 1773-07-24
Auteur ou organisme producteur
Pérusse
Destinataire
Lemoyne
Résumé et contenu
Pérusse à L. Réponse aux objections des Acadiens qui ont "adopté les principes des paysans riverains". Pérusse décide de diminuer d'un tiers la rente que les Acadiens devront lui donner.
N'a rien à répondre aux objections des Acadiens "sinon qu'elle est dénuée de toute vérité ; ils ont adopté les principes des paysans riverains de nos brandes qui sont très fachés de voir que les propriétaires voulant les mettre en culture les privent de vastes terrains qu'ils s'étaient comme appropriés."
Les brandes ne sont pas mauvaises. Les députés étaient accablés par la mort de Le Loutre et la récolte avait été mauvaise. "Ils ont vu toutes les granges vides, et ont écouté les propos des gens intéressés à les dégouter du pays". Incitation des Acadiens à revenir voir, et il précise aussi que l'établissement a été fait sur le meilleur terrain possible, mais que comme il n'en a possède pas assez lui même, il s'est arrangé avec ses voisins. Il a aussi discuté avec M. de Sutière et à décidé de réduire d'un tiers la rente que les Acadiens lui devront (suppression de la rente en sègle). Dans un P.S. il évoque les terres très bonnes.
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Copie de la lettre de M. le Marquis de Pérusse écrite à M. le Moyne de Targé près Châtellerault, le 21 juillet 1773
Je ne sais, M., par quelle fatalité la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire de Cherbourg le premier de ce mois ne m'est parvenue que par le courrier de jeudi en même temps qu'une de M. de Blossac en date du 17 qui me mande que vous avez été lui faire part de la répugnance que les Acadiens de S.M. montrent à venir en Poitou. Je n'ai à cela d'autre réponse à faire à leurs objections sinon qu'elle est dénuée de toute vérité ; ils ont adopté les principes des paysans riverains de nos brandes qui sont très fachés de voir que les propriétaires voulant les mettre en culture les privent de vastes terrains qu'ils s'étaient comme appropriés. Les brandes de ce pays ne sont, M., point inondées l'hiver, elles ne retiennent seulement l'eau que l'herbe, l'ajonc et la brande empêchent de s'écouler, mais le terrain est très sain ; les marres y tiennent très bien l'eau toute l'année, la preuve en existe par une marre qui est auprès d'une des quinze premières maisons qu'on commence à bâtir. Les puits dans le canton sont fort bons, et n'ont que de 30 à 40 pieds de profondeur. On commence aussi à en faire pour les établissements. Voici le vrai.
Les députés de S. M. et de M. qui sont venus l'année dernière étaient si accablés de douleur par la perte de l'abbé Le Loutre qu'ils n'ont rien examiné avec attention ; l'année avait été de plus mauvaise dans ce pays ci ; ils ont vu toutes les granges vides, et ont écouté les propos des gens intéressés à les dégouter du pays. Qu'ils viennent à présent ils entendront surêment les mêmes propos ; mais ils verront nomément sur le terrain qu'on leur destine que les froments sont très beaux, que les granges vont se remplir, et ils verront que tout les défrichements dans des terrains moins bons que ceux qu'on leur destine ont les plus belles récoltes, et que dans ces terrains là les essais qu'on y a fait l'automne dernier de la charrue et de la culture (... ?) ont eu le plus grand succès ; voilà des faits dont ils peuvent se convaincre.
Au reste, M., l'établissement est commencé sur le meilleur terrain possible et comme je n'en possède pas dans ce canton là une quantité suffisante, pour les établir tous, je me suis arrangé avec mes voisin, d'un vaste terrain joignant celui là et qui est en tout de le même espèce ; je me suis occupé aussi avec M. de Sutières de la rente qu'ils payeraient et nous sommes convenus de la réduire d'environ un tiers, c'est à dire de supprimer la rente en seigle. Ils auraient grand tort de persister dans leur entêtement sur cet objet, et tout intérêt à part que je puis avoir à la chose, je vous assure qu'ils ne seront jamais si bien ailleurs.
Je pars ce jour ci pour Paris où j'attends de vos nouvelles. Un travail à suivre (?) et il y a déjà des maisons fort élevées des fourrages, des biens (?), et même des bestiaux achetées ; il est sûr que les départements du Havre et de Cherbourg n'attendront pas bien longtemps après leurs habitations.
J'ai l'honneur d'être, etc.
PS. J'oubliais de vous dire, M., que d'après avoir sondé avec la pioche et en plusieurs endroits le terrain où se fait le gros de l'établissement et avoir aussi vérifié tous les terrains en culture qui en sont riverains, la terre se trouve partout être ce qu'on appelle blanc limon, qui est de la 2e classe pour la bonté et la marne s'y trouve partout à trois et quatre pieds de profondeur.
Notes
également retrouvé dans ADV 2 J 124-1 : minutes de lettres de Pérusse
DSCN2934.JPG M. Lemoine, Targé, ce 24 juillet 1773 - le P.S. n'apparaît pas dans le brouillon.
J'ai vérifié les débuts des deux textes qui sont bien concordants.
Mots-clés
// opposition des paysans
// hostilité des paysans
// Poitou
Numéro de document
000250