Document : 1773-08-16c

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°427-429// cf° 227-228

Date(s)

1773-08-16c

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Destouches [secrétaire du CG]

Résumé et contenu

Le Moyne au secrétaire du C.G. : préconise les mesures à prendre pour les Acadiens
répète beaucoup de choses qui sont dans le mémoire, dans une première partie (esprit de mutinerie ; demande de punition pour les trois auteurs du premier P.V., ton d'autorité). Repropose de rendre public ("faire mettre dans les papiers publics") ce que le Roi veut faire pour ce peuple. Il faut immédiatement faire passer des fonds notamment à la Rochelle pour éviter que les Acadiens ne s'y amoncellent faute de pouvoir passer à Poitiers. Doit également voir avec l'intendant de Bordeaux. Il n'a que 400 personnes environ de registrées, beaucoup attendent dans l'abscence du chef de famille.

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M. Destouches, S. de M. le C.G.
A S.M. le 16 août 1773

Je suis bien trompé, M.. Je rends compte à M. Le CG du manque de succès. J'espérais cependant le plus grand, d'après le procès verbal de la visite faite des terrains et du rapport verbal publiquement fait pour ceux qui y ont été employés. L'esprit de mutinerie est à son comble. Ces gens là croient qu'il feront plier le gouvernement à leur volonté ; ceux qui ont des pratiques particulières qui leur rendent comme nécessaire de rester à Saint-Malo employent tous les moyens qu'ils peuvent imaginer pour entraîner les autres et se mettre à l'abri par l'appui du grand nombre. Les trois qui ont été l'année dernière visiter ces terrains ce qu'ils n'ont certainement pas fait, ont par les mensonges les plus impudents fait un mal presqu'irréparable. La crainte de passer aujourd'hui pour des coquins qui ont abusé de la confiance de leurs compatriotes, ce que plusieurs leur reprochent publiquement, les porte à toutes les démarches qu'ils imaginent pour anéantir le vrai et l'authentique de la dernière visite. En vérité, M., il est essentiel que le ministre prenne le ton de l'autorité, qu'il menace de les abandonner absolument, puisqu'ils se refusent à ce qu'il ne ne leur propose qu'après l'examen le plus recherché, de ce qui peut leur être avantageux. Il faut, M., punir les trois qui ont visité les terrains l'année dernière, Bourg, Henry et Trahan pour avoir menti impudement et avoir insolament abusé de la confiance que le gouvernement avait en eux, il faut les afficher pour des coquins, leur faire passer un mois en prison, et les priver de toute graces. Il faut absolument que le gouvernement prenne le ton le plus haut et reproche avec vivacité l'ingratitude à ceux qui résistent à ses bontés, et louer ceux qui se sont livrés avec confiance.
Lorsque j'ai proposé M. de faire mettre dans les papiers publics ce que le Roi veut bien faire pour ce peuple, je craignais cette résistance. Je ne me suis porté à prendre sur moi cette seconde visite que parce que la première n'avait aucune authenticité, et que je croyais nécessaire de mettre le gouvernement à l'abri de tout évenement si les terres étaient trouvées mauvaises, il pourrait reculer, la faute tombait sur celui que le proposait ; trouvées bonnes, comme j'en était persuadé, les A. étaient regardés par toute la terre avec indignation et le gouvernement se montrait faire tout ce qu'on doit attendre de la bonté du ministre. Telles étaient mes vues. Je ne me suis point trompé et je persiste à croire qu'il faut instruire le pubic, et que le procès verbal qui vient à l'appui, ne doit pas laisser balancer un moment.
Il est essentiel, M. de faire remettre des fonds aux intendants des provinces pour la subsistance de juillet et successivement il faut aussi leur en faire passer pour le frais des opérations qui ont rapport aux transports ; il en faudra à la Rochelle qui se trouve le lieu de réunion, du Havre, de Cherbourg, de S.M., de Morlaix, pour passer à Poitiers, afin que l'intendant puisse le faire sur le champs, rendre à leur destination, leur fournir la route et faire transporter leur bagage. Il serait fort pénible pour lui de les amonceler à la Rochelle, faute de fonds.
Je vous prie aussi de faire écrire à M. l'intendant de Bordeaux pour qu'il prenne sous son administration les familles résidantes dans sa généralité, et qu'il se concerte avec M. de La Porte qui à les ordres de M. de Boynes.
Je n'ai encore que 20 (?) associations complètes ou de quoi les former, fort peu de registrés qui sont forcés de suspendre, vu l'absence du chef de famille. Je vais encore donner (?) cette semaine. Il faut que je fasse toutes les démarches, le subdélégué avec la meilleure volonté sont peu au fait de ce qui convient pour de pareilles opérations.
Il y aura à punir, mais il y aura à condescendre, et même à récompenser et c'est à quoi il faut que le ministre prévoie. En vérité, je croirais la présence de l'intendant nécessaire. Plusieurs regardent cette opération comme non tenante (?) au Roi directement, mais que l'on y donne l'apparence pour favoriser un particulier. Je ne puis, M., vous détailler tout ce qui se passe dans les têtes de ce peuple, ni tout le tourment qu'ils me donnent. Patience il faudra que j'en finisse, je le ferai de mon mieux.
J'ai déboursé pour les frais du voyage de ceux que j'ai envoyé visiter les terres 11 Louis et demi, je ne les regrette pas. L'issue de la visite me dédomagerait si on ne me les remboursait pas.

J'ai l'honneur d'être, etc...

Mots-clés

// coercition
// publicité
// SM
// revue
// Poitou

Numéro de document

000258