Document : 1773-08-20a

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°433-434// cf° 230

Date(s)

1773-08-20a

Auteur ou organisme producteur

Lemoyne

Destinataire

Bacancourt

Résumé et contenu

Lemoyne à Bacancourt : lui demande conseil suite à la lettre de Terray. S'il a des fonds, il fera passer des Acadiens à La Rochelle.

Lemoye à Bacancourt : lui fait passer une copie de la lettre de Terray du 15 août. Lui demande conseil : le C.G. a obtenu un supplément de grâce pour les Acadiens qui n'iront pas sur des terres, mais est-ce le bon moment pour leur annoncer ? Cela risque d'annéantir le peu de bonne volonté. OK si c'est accordé à ceux du Havre et de Cherbourg, mais il ne faudrait l'accorder à SM qu'à ceux qui ont des bonnes raisons. Qu'en pense-t-il ?
Les Acadiens prendront une grâce pour une faiblesse. Rapporte les propos d'un Acadien [Prosper Landry] : "il nous ont retenu de peur (?) de nous avoir sur les bras si nous nous donnions aux Anglais." Un autre : "nous avons des amis qui sauront bien nous faire accorder ce que nous voulons. Ce projet n'est pas le premier que nous avons fait échouer". Les Acadiens pensent pouvoir faire plier le gouvernement. Les Acadiens dans cette province sont en très grand nombre, ils se sont corrompus.
Si B. a des fonds à sa disposition, il pourrait faire passer environ 100 Acadiens. Cela pourrait décider les autres. Lui envoie un placet des "gens de Morlaix" probablement pour payer le pain des boulangers. Même chose pour S.M.

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M. de Bacancourt, intendant de Bretagne.
A SM le 20 août 1773

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous envoyer copie de la lettre que M. le C.G. m'a fait celui de m'écrire le 15 août. Je vous prie, M. de m'éclairer sur la conduite que je dois ternir à l'égard du supplément de grâce qu'il a eu la bonté d'obtenir pour les A qui ne seront pas sur les terres. Il a eu égard aux représentations qui lui ont été faites sur la différence du traitement de ceux rendus propriétaires et de ceux qui se fixent dans les villes, mais M. est-ce le moment d'annoncer cette grâce aux A. de S.M. ? Le peu de bonne volonté qui se démontre sera encore moindre, la persuasion où ils sont que la cessation de la paye n'est que comminatoire prendra force, l'insubordination l'esprit de mutinerie, s'accroitra, la certitude de la jouissance d'une année assurera la facilité l'execution, les complots formés il ne faudra plus penser à des associations.
Que cette grâce soit annoncée à ceux du Havre et de Cherbourg comme une marque de satisfaction que le gouvernement a de la soumission et de la reconnaissance qu'il y démontre, rien de mieux, mais qu'on ne la fasse espérer à S.M. qu'à ceux seulement qui pour des excuses légitimes et dont la conduite ne pourra faire soupçonner l'insubordination. Qu'en pensez vous, M. ?
Ces gens là font usage de tout, ils prendront ce bienfait pour une faiblesse et pour une preuve qu'on a besoin d'eux comme une justice et non comme une grâce. J'ai eu l'honneur de vous rendre le propos d'un Acadien (?) sans doute beaucoup d'autres [en marge : ces propos ont été tenus (?) par Prosper Landry, n° 421], "il nous ont retenu de peur (?) de nous avoir sur les bras si nous nous donnions aux Anglais." Cet autre : "nous avons des amis qui sauront bien nous faire accorder ce que nous voulons. Ce projet n'est pas le premier que nous avons fait échouer", et beaucoup d'autres que je sais (?) et qui démontrent que ces gens là croient être en état de faire plier le gouvernement à leur volonté : je ne considère pas l'affaire actuelle, mais l'avenir surtout dans cette province, où il sont en très grand nombre, et où ils se sont corrompus au point de ne plus les reconnaitre. Je suis charmé de la grâce. Elle est justement accordée, mais le moment de l'annoncer ne me paraît pas actuel.
Vous verrez encore, M, que M. le C. a pris des mesures pour les fonds, si vous en aviez à pouvoir disposer au moment, je suis en état de faire partir peut-être cent individus. Si vous ne les avez pas à présent, mais que vous puissiez en assurer sous peu la rentrée au commissaire de Saint-Malo et la lui demander pour l'autoriser, il (?) les avances sur les fonds qu'il a en caisse à la marine. Cette opération déciderait bien des gens qui sont ébranlés.
Je joins M. une espèce de placet que les gens de Morlaix m'ont adressé. Il parlera assez vivement à votre coeur pour que je n'aie pas besoin de vous solliciter pour y faire remettre des fonds ou pour autoriser votre subdélégué à répondre numérus (?) aux boulangers du pain qu'ils pourront prendre. Je vous demande, M., la même faveur pour ceux de SM, vous avez que ce besoin n'attend pas conseil.

Permettez, M., que je mette sous votre couvert et que je vous prie de faire passer sous votre contreseing [Dr. Deuxième signature destinée à authentifier la signature principale, ou à marquer un engagement solidaire] le paquet ci joint, la réponse à leur mémoire est que je les assure de vos bontés et de votre protection.

J'ai l'honneur d'être, etc...

Notes

le problème du paternalisme est qu'il faut être cohérent et pédagogue, ce que n'est pas le C.G. qui contredit Lemoyne.

Mots-clés

// coercition
// repartir : se donner aux Anglais
// paternalisme (cf. notes)
// RED
// revue
// SM

Numéro de document

000262