Document : 1773-12-14a
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f° 529-534// f° 278-280
Date(s)
1773-12-14a
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
Contrôleur général (Terray)
Résumé et contenu
CR général de la revue de Lemoyne au C.G. Plusieurs familles de Saint-Malo ont changé d'avis et veulent maintenant se faire registrer et qu'on leur pardonne leur refus du premier moment.
A annoncé les grâces du Roi partout. A trouvé partout soumission, reconnaissance et attachement au Roi.
Sauf Saint-Malo. Inconduite de quelques familles doit être attribuée à la séductions de quelques uns, "dû à l'excès de bontés dont ce peuple se voyait comblé". Son travail a consisté d'abord à reconnaître les familles vraiment de l'Acadie, puis à leur présenter les différentes grâces qu'ils pouvaient choisir.
Mais comme l'établissement des familles était la seule grâce susceptible de décharger l'Etat, il a commencé par présenter celle-ci en premier. Associations de 10 familles.
Il a envoyé au C.G. les rôles de ceux qui vont être registrés pour passer dans le Poitou, mais cette liste n'est pas définitive : plusieurs attendent le retour de chefs de familles pour se décider. Peut-être 900 personnes de SM. Le supplie de ne pas statuer définitivement maintenant, et de ne pas sévir contre ceux qui hésitent.
Les familles non propres à l'agriculture formeront une autre classe : il a fait un rôle séparé (ceux qui ont une industrie, avec les vieillards, infirmes, orphelins isolés, etc...). Ils toucheront des secours jusqu'à la fin 1774 et auront en 1776 une propriété de 3 arpents. Il les a bien instruits qu'ils ne pourraient plus toucher aucune grâce, sauf les maîtrises et jurandes et quelques exemptions d'impôts. Cependant, pour les infirmes, vieillards, etc..., il est indispensable pour certains de continuer leurs secours. Certains, nés dans l'aisance, ont horreur d'aller dans une maison de piété. Il suffit pour ceux là de continuer les secours ; ils sont infirmes à cause des opérations de guerre qu'ils ont mené et ceci mérite la compassion.
orphelins : pour ceux qui n'ont absolument aucune attache, seule solution : les hôpitaux ; pour les autres : il faut les attacher à une famille et les envoyer en Poitou
il faut aussi régler le problème des familles qui ont des afféagements à BIM : il faut décider si on considére que les familles qui ont reçu des mauvaises terres n'ont rien reçu du Roi.
Selon L. l'affaire de BIM n'a pas été bien menée à certains égards ; certain laboureurs ont fait tout ce qu'on pouvait attendre d'un honnête laboureur, mais sans réussir ; L. suggère qu'on les autorise à aller dans le Poitou.
L. a remis à tous les intendants des provinces le rôle de tous les individus qu'il a trouvé dans leurs généralités.
L. reste à la disposition de C.G.
-------------------------
Mémoire à M. le C.G. remis le 14 décembre 1773
[en marge : familles acadiennes, novembre ; ... résultat des revues que j'y ai faites]
De tous les lieux où j'ai trouvé des familles de l'Acadie j'ai eu l'honneur de rendre compte à Mgr de ma conduite vis à vis de ces familles, en leur annonçant les grâces que le Roi voulait bien leur accorder.
J'ai eu la plus grande attention à ne point m'écarter des vues de M, je n'ai parlé que d'après le projet dont copie approuvée m'avait été remise et des instructions auxquelles M. me prescrivit de me conformer.
Je puis assurer avoir trouvé dans tous les lieux la plus grande soumission, la reconnaissance la plus vive et le plus grand attachement au Roi.
J'en excepterais Saint-Malo si l'inconduite de quelques familles ne devait pas être attribuée à la séduction de mal intentionnés ou à des prétentions qu'autorisait l'excès de bontés dont ce peuple se voyait comblé. L'extérieur de la conduite de ces familles est contre elles, mais le fond de leur façon de penser est le même que celui de celles auxquelles sont dues les meilleurs témoignages. Les ordres de M. étaient d'offrir des grâces de différentes espèces, d'en bien faire connaître l'étendue et d'en laisser le choix ou le refus à chaque chef de famille ou particulier isolé, pourvu qu'ils fussent véritablement reconnus pour originaire de l'Acadie ou y avait été établis. Je me suis conformé à ce principe et j'ai commencé par bien reconnaitre la qualité des sujets et leur capacité ; bien certain de ces deux points je n'ai eu qu'à présenter les grâces que M. avait obtenu des bontés du Roi pour ce peuple et à discuter celles dont tel ou tel pouvait être susceptible par la possibilité où il était de remplir les conditions auxquelles il s'obligeait en les recevant.
L'établissement des familles sur des terrains reconnus susceptibles d'une culture avantageuse et capable par leur produit de les faire subsister dans l'aisance par leur travail, étant la grâce la plus considérable et la seule qui put décharger le gouvernement de la dépense annuelle qu'il faisait pour aider ce peuple à subsister, j'ai commencé par la proposer et je n'y ai mis que ceux qui ont désiré d'en jouir et qui ont présenté des moyens suffisants pour en tirer les avantages que le gouvernement se proposait, un établissement devant être formé par dix personnes dans le nombre desquelles devaient se trouver les bras nécessaires pour faire valoir trente arpents ; ce qu'une famille ne pouvait par elle seule a été, ou sera, completé par des associations.
J'ai envoyé à Mgr les rôles de ceux qui ont demandé d'être registrés pour jouir de cette grâce, mais je supplie Monseigneur de ne pas se fixer à ce que ces rôles présentent parce que depuis que j'ai opéré dans les différentes résidences, les subdélégués aux soins et à l'administration desquels je remettrai les familles avant de partir en ont registré quantité qui ne pouvaient se décider vu l'absence de leurs chefs et beaucoup d'autres [en marge, un passage raturé ill. mais qui laisse entendre que peut-être Saint-Malo fournira plus de 900 personnes] qui détrompés des erreurs dans lesquelles les avaient jettés des mal intentionnés ont senti les avantages que cette grâce leur assurait et ont demandé qu'on pardonnat le refus qu'ils avaient fait au 1er moment. J'ose donc supplier, Monseigneur, de ne point fixer définitivement le nombre de ceux qui pourront jouir de cette grace par celui que présente les enregistrements que j'ai eu l'honneur de lui adresser, je le supplie encore de ne pas traiter rigoureusement des hommes qui dans le doute du succès ont vu avec crainte le sort de leurs familles dépendant d'un physique [?] à eux inconnus et qui leur était présenté sous des faces si différentes.
Les familles peu propres à l'agriculture et qui avaient des moyens d'industrie qui pouvaient leur assurer la subsistance aidés de quelques secours de la part du gouvernement devaient former une autre classe pour la distribution des grâces. J'en ai dressé un rôle séparé dans lequel par sous titre j'ai compris les vieillards, les infirmes, les orphelins isolés, en un mot tous les individus incapables de travail.
Ceux en état de gagner leur vie assurés à l'époque de 1776 d'une propriété de 3 arpents qu'ils pourront défricher ou faire défricher à leurs dépends et qui en outre sont aidés de la subsistance que le gouvernement leur accorde jusqu'à la fin de 1774 ne peuvent causer d'inquiétudes. Ils ont choisi leur état, bien instruits qu'ils ne devaient point s'attendre à aucune autre grâce, je leur ai bien exactement expliqué et assurés qu'ils ne devaient point s'attendre à la plus légère augmentation ; j'ai cependant promis conséquemment à mes instructions à ceux qui voudraient s'établir dans les villes qui sont sujettes aux jurandes, des privilèges pour y exercer leurs professions, et de plus la protection du gouvernement et des grâces quant aux charges publiques et aux impositions ce qui serait réglé par Monseigneur si ceux capables de mettre à profit leur travail et leur industrie sont suffisamment traités.
Je supplie M. de me permettre de lui représenter que les vieillards, les infirmes, les orphelins tout ceux généralement hors d'état de gagner leur vie périraient indubitablement s'il n'avait la bonté de jetter sur eux le coup d'oeil qu'exige leur position. Il est indispensable de prolonger les grâces à certains et de pourvoir à la surêté et à l'existance des autres.
Sans contredit, la retraite dans une maison de piété est indispensable pour ceux qui absolument infirmes et isolés ont besoin de secours étrangers ; plusieurs la regarderont comme la grace la plus utile qu'il puisse leur accorder, mais que M. me permette je n'en supplie de lui observer que dans le nombre de ces vieillards et infirmes il en est qui nés dans l'aisance ont en horreur cette retraite et qui périront de douleur s'ils sont forcés à y passer.
[résumé : ]
il suffit pour ceux là de continuer les secours ; ils sont infirmes à cause des opérations de guerre qu'ils ont mené et ceci mérite la compassion.
orphelins : pour ceux qui n'ont absolument aucune attache, seule solution : les hôpitaux ; pour les autres : il faut les attacher à une famille et les envoyer en Poitou
il faut aussi régler le problème des familles qui ont des afféagements à BIM : il faut décider si on considére que les familles qui ont reçu des mauvaises terres n'ont rien reçu du Roi.
Selon L. l'affaire de BIM n'a pas été bien menée à certains égards ; certain laboureurs ont fait tout ce qu'on pouvait attendre d'un honnête laboureur, mais sans réussir ; L. suggère qu'on les autorise à aller dans le Poitou.
L. a remis à tous les intendants des provinces le rôle de tous les individus qu'il a trouvé dans leurs généralités.
L. reste à la disposition de C.G.
Mots-clés
// allégeance
// perception : enfants gâtés
// revue
// SM
// Poitou
// BIM
Numéro de document
000317