Document : 1774-07-25
Références / localisation du document
BM Bordeaux, MS 1480, f° 602-605 // f° 314-316
Date(s)
1774-07-25
Auteur ou organisme producteur
Lemoyne
Destinataire
Turgot
Résumé et contenu
Rapport / historique de Lemoyne sur l'établissement des Acadiens au nouveau ministre (après le changement de gouvernement ? / mort de Louis XV).
Turgot a demandé un rapport à Lemoyne. Il s'exécute. Ordre de de Boynes en décembre 1771 de se rendre à Paris (il avait présenté un mémoire sur l'établissement des familles allemandes et il avait indiqué qu'on pouvait remplacer les familles allemandes par des familles acadiennes).
Arrivé à Paris le 20 janvier 1772 [1772-01-20]. Remise d'un plan le 8 février 1772 [1772-02-08]. De Boynes n'a pas pu y donner suite, mais il a présenté finalement le projet à Fontainebleau [date non précisée, probablement août 1772, fameuse réunion du conseil] : le roi "a ordonné à Bertin de pourvoir aux moyens d'attacher ces familles à la glèbe et au C.G. de pourvoir aux fonds nécessaires pour les frais de leur établissement et de leur subsistance".
de Boynes a donc abandonné la partie, mais Lemoyne lui a toujours remis un double du travail.
Bertin s'est occupé des Acadiens jusqu'en avril 1773. Il a voulu les placer sur des terres vagues et vaines ou des domaines engagés = entreprise difficile. Il a fini par tout laisser au C.G. qui accepta la proposition de Pérusse.
Lemoyne a alors refait un nouveau mémoire [probablement après avril 1773] qu'il a envoyé à Bertin et de Boynes. Il s'est ensuite rendu dans les ports. Réforme du rôle où tous étaient mélangés. Difficulté du travail (triplé ou quadruplé). La revue lui a pris de juin jusqu'à septembre 1773, et il en a fait un rapport détaillé aux ministres de la marine et au C.G. Fin du travail en mars, mais il a dû encore donner des éclaircissements à de nombreuses personnes. Fin du travail vraiment en juin [1773].
Il lui fait suivre différents extraits de mémoires :
1. Septembre 1772 [probablement mémoire du 1772-09-14] : résume les précédents
2. Mémoire historique sur les Acadiens [1773-05-13] : "Je fus obligé de le donner pour détruire des propos semés (?) contre ce peuple qui paraissaient éloigner la bienvaillance du ministre. "
3. Instructions données par le C.G.
4. lettre du ministre qui ajoute à ces instructions.
5. Projet d'établissement de Pérusse accepté par le C.G. et Pérusse. (joint un projet discuté et présenté par Pérusse - démontre les vues de Pérusse dont il ne se départ pas]
6. Copie du P.V. de la visite des Acadiens
7. Examen du projet de Pérusse et de l'Etat de l'établissement en avril 1774. [1774-04-00]
8 = résume toute l'opération, engagements des Acadiens vis à vis de Pérusse et de Pérusse vis à vis des Acadiens (projet de lettres patentes, qui doivent consolider légalement les engagements réciproques)
9. Extrait de la revue qu'il a faite
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M. Turgot, ministre de la marine.
Monseigneur,
Ainsi que vous me l'avez ordonné, j'ai l'honneur de vous mettre sous les yeux ma conduite dans l'opération dont j'ai été chargé pour l'établissement des familles acadiennes réfugiées en France.
M. de Boynes, en sa qualité de ministre de la marine tenait ces familles sous son administration, il me donna ordre en décembre 1771 de me rendre à Paris pour lui détailler les moyens que j'avais présenté d'abord pour l'établissement des familles allemandes et que j'avais indiqués susceptibles d'être employées pour les familles acadiennes.
Rendu à Paris le 20 janvier, dès le 8 février je remis le plan discuté des moyens que je proposais, j'eus ordre d'examiner les possibilités et les difficultés de l'exécution. M. de Boynes occupé d'autres objets ne put à l'instant se donner à celui ci mais au voyage de fontainebleau, il présenta ses vues au conseil et le Roi ordonna à M. Bertin de pourvoir aux moyens d'attacher ces familles à la Glèbe et à M. le C.G. de pourvoir aux fonds nécessaires pour les frais de leur établissement et de leur subsistance.
M. de Boynes sembla alors abandonner cette partie, il me donna ordre de remettre à M. Bertin tout le travail que j'avais fait et de suivre ses ordres.
J'eus la plus grande attention à remettre à M. de Boynes le double du travail que je faisais et de lui rendre compte de la marche qui m'était tracée.
M. Bertin s'occupa assez vivement jusqu'en avril 1773 de l'établissement de ce peuple, mais voulant user de moyens pris dans l'emploi des terres vagues et vaines ou domaines engagés, moyens praticables mais qui pour leur exécution exigeaient des formes difficiles. M. le CG d'ailleurs resserant les facultés qui l'exigeait, il abandonna le tout au ministre qui gouta la proposition de M. le marquis de Pérusse de les établir sur ses domaines de Monthoiron en Poitou.
Je me trouvai dans le cas de travailler avec M. Le C.G. directement.
M. de Boynes à qui je rendis compte m'en donna l'ordre, je refondis tous le travail que j'avais fait, j'eus ordre d'examiner et discuter les propositions de M. de Pérusse.
D'après ce travail dont je donnais connaissance à M. de Boynes et à M. Bertin qui avait toujours une main sur la chose comme ministre de l'agriculture, il me fut ordonné de me transporter dans les différents lieux où il y avait des familles acadiennes en résidence, lesquelles touchaient les secours de subsistance d'après un rôle dans lequel étaient employées sous un même titre toutes les familles de l'Amérique Septentrionales auxquelles le Roi le fournissait, de distraire les familles vraiment acadiennes de celles d'autres lieux de l'Amérique septentrionale parce que celle ci devaient rester à la charge de la marine, celles là (?) tomber absolument à celle de la finance. Ces opérations rendirent mon travail ... (?) fut triplé et même (quadr)uplé (?) parce que je me trouvais obligé de correspondre avec M. les intendants de province.
Pour faire la revue générale qui m'était ordonnée, je parcouru toutes les cotes de normandies et de Bretagne do'ù je repassai en saintonge et en Aunis. Je fis le travail le plus détaillé et le plus vérifié dans tous les lieux où je passsai et me conformant aux instructions que j'avais reçues de M. le C.G. et en même temps aux intentions de M. de Boynes pour les familles de l'Amérique septentrionale. Cette revue m'occupa depuis juin jusqu'en septembre que je me rendis à Paris pour mettre mon travail au net (?) en rendre compte, et d'après les connaissances du détail que cette revue m'avait procuré, m'occuper de mettre sous les yeux de M. le CG la discussion des moyens qu'il avait en vue et les motifs qui devaient déterminer ses ordres définitifs. Je n'ai fini ce travail qu'en mars et les différents éclaircissements sur les objections et difficultés que l'exemption qui se présentait en moi, enfin je n'ai déterminé définitivement qu'en juin vis à vis de M. le C.G.
Les mémoires que j'ai l'honneur de vous remettre, Mgr, vous donneront les K. les plus exactes des vues du ministère et de ce qui a été fait pour les mettre à exécution. Je débute par celui que j'ai donné en septembre 1772. Il résume l'intéressant de ceux qui l'ont précédé par cette raison je les crois inutiles. J'en ai joint l'extrait pour vous épargner des moments s'ils vous paraissent suffisants par la cotté (?) 1er.
Le n°2 est un mémoire historique sur les Acadiens. Je fus obligé de le donner pour détruire des propos semés (?) contre ce peuple qui paraissaient éloigner la bienvaillance du ministre. J'ai numéroté 3. les instructions qui m'ont été données par M. le C.G. et j'y ai joint sous le n° 4 une copie de lettres de ce ministre qui ajoute à ces instructions. Le numéro 5. est le projet d'établissement de M. de Pérusse accepté par M. le C.G. et par M. de Pérusse. A cette cote je joins un projet discuté, détaillé et présenté par M. de Pérusse d'après l'examen duquel M. le C.G. s'est décidé à arrêter celui coté 5. Je le crois utile pour démontrer les vues de M. de Pérusse dont il ne se départ pas, les observations qui sont en marge sont celles que j'ai fait et remis au premier moment.
Le n°6 une copie du PV de visite que j'ai fait faire du terrain sur lequel se fait l'établissement. Il constate la qualité du sol susceptible de bonne culture en tout genre.
Le n°7 est un examen du projet de M. de Pérusse et de l'Etat de l'établissement au moins d'avril 1774.
Le n° 8 est un mémoire qui résume toute l'opération, qui discute et finance l'emploi des moyens accordés par le Roi, qui propose les ordres qui doivent assurer les engagements du Roi vis à vis de M. de Pérusse et des Acadiens, ceux de M. de Pérusse vis à vis du Roi et des Acadiens, et ceux des Acadiens vis à vis de M. de Pérusse, objets du projet d'un arrêt du conseil nécessaire pour consolider légalement les engagements réciproques. Enfin, je joins l'extrait de la revue que j'ai fait.
Je suis, etc...
Notes
date incertaine, approximative, mais postérieure à avril (Lemoyne parle dans ce texte d'un mémoire qu'il a écrit au mois d'avril 1774, et il ne dit pas le mois dernier, donc c'est probablement en juin ou juillet qu'il écrit ce mémoire).
En fait, il est possible de dater ce document plus précisément puisque Turgot est ministre du 19 ou 20 juillet 1774 à 24 août 1774.
Mots-clés
// visite
// Poitou
Numéro de document
000347