Document : 1764-02-17a

Références / localisation du document

Joseph-Marie Lanco, "Les Acadiens à Belle-Île en-Mer. Correspondance de M. l'abbé le Loutre, Missionnaire apostolique, avec M. le baron de Warren, Maréchal des camps et armées du Roy, commandant pour le Roy à Belle-Isle", Supplément au "Lys", Bulletin mensuel de la paroisse et du pèlerinage de Notre-Dame du Roncier, Josselin, diocèse de Vannes, Morbihan, (mars 1924) . // AD Morbihan, Série E, correspondance de Warren (série 1-2 E)

Date(s)

1764-02-17a

Auteur ou organisme producteur

Le Loutre

Destinataire

Warren

Résumé et contenu

Le Loutre : 77 familles prêtes pour BIM. Elles veulent rester groupées (raison "culturelle" : ils veulent "vivre comme ils ont toujours vécu, toujours voisins et à proximité les uns des autres, et n'être pas confondus avec les Belleislois."), il faudra déplacer des anciens colons ; notes et détails à ce sujet.

Le Loutre : Remercie Warren pour son accueil à Belle-Ile. 77 familles sont prêtes à passer à BIM. Le Loutre a dressé un mémoire pour l'établissement des A., approuvé par ces derniers et les Etats ont approuvé l'établissement mercredi. Le Loutre voit les commissaires tous les jours. Deux difficultés à résoudre : 1. Les Acadiens désirent être "placés tous ensemble". Ils veulent "vivre comme ils ont toujours vécu, toujours voisins et à proximité les uns des autres, et n'être pas confondus avec les Belleislois." Il faudrait pour cela transporter douze ou treize familles d'Anciens colons. Les commissaires "voudraient les faire remuer, mais cependant conserver la paix et l'union entre les anciens et les nouveaux colons". Le Loutre ne doute pas qu'il faudra bouger les anciens habitants, mais "Les Acadiens les aideront à faire leurs maisons". 2. Les états réclament 56,000 livres.
Annonce de la fin du fermage à BIM. Le Loutre va essayer d'obtenir des exemptions fiscales. pour les anciens comme pour les nouveaux colons.
Réponse de Warren : 20 mars 1764 ; @ 44

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Rennes, ce 17 février 1764.

Monsieur, les bontés que vous avez eu pour moi et mes Acadiens pendant notre séjour à Belle-Ile, avec l'assurance de votre protection, a enfin déterminé ces pauvres familles jusqu'au nombre de 77 à passer à Belle-Ile pour y former des établissements. En conséquence, j'ai dressé, pendant mon séjour à Morlaix, un mémoire pour présenter à MM. Les commissaires, que mes Acadiens ont vû et approuvé. Il y a huit jours que je suis à Rennes. Je vois tous les jours MM. les commissaires ; enfin, dans la dernière assemblée, qui fut mercredi après-midi, l'établissement des Acadiens à Belle-Ile a été arrêté et déterminé.
Il reste deux difficultés à vider avant de faire partir les Acadiens pour Belle-Ile.
La première est pour les placer tous ensemble, selon qu'ils le désirent et que MM. les commissaires le trouvent convenable et très raisonnable ; en conséquence, ces MM. ont écrit à M. Isambert avec ordre de consulter MM. les recteurs sur cette opération. Permettez, Monsieur, que je vous demande l'honneur de cette protection. Voici ce dont il s'agit. M. Isambert a envoyé à MM. les commissaires deux plans, l'un qui place les Acadiens dans trois paroisses, et l'autre qui les met dans quatre. Les Acadiens ont fait demander à la commission d'être placés par préférence dans les trois paroisses, afin de vivre comme ils ont toujours vécu, toujours voisins et à proximité les uns des autres, et n'être pas confondus avec les Belleislois.
Je crois, autant que je m'en puis souvenir, qu'il se trouverait douze à treize familles [de Belleislois] à transporter ailleurs. MM. les commissaires voudraient les faire remuer, mais cependant conserver la paix et l'union entre les anciens et les nouveaux colons, et c'est à ce sujet que MM. les commissaires ont fait écrire à M. Isambert ; si vous avez la bonté de parler à l'inspecteur, à MM. les recteurs du Palais, de Bangor et de Locmaria, je ne doute pas que ces MM. ne portent les habitants à prendre des terres ailleurs. Les Acadiens les aideront à faire leurs maisons, etc. D'ailleurs, Monsieur, le temps des fermes est fini, il est arrêté d'afféager les terres de Belle-Ile, d'accorder aux habitants vingt journeaux de terre labourable par famille, sans compter les près, les paturages et les landes.
Vous voyez donc, Monsieur, qu'il faudra remuer les anciens colons, quelque plan que l'on suive. J'écris par la même poste à M. Isambert, parce que je désire beaucoup que cette affaire réussisse pour le bien de mes pauvres Acadiens.

La seconde difficulté est de faire rentrer les fonds dans la caisse de la Province : 51,000 livres pour les bestiaux des anciens colons, 56,000 livres pour l'indemnité de la non-jouissance [note de Lanco : pendant l'occupation anglaise, de 1761 à 1763] du domaine de Belle-Ile, et 28,000 livres d'un autre article. C'est pour le paiement de ces différentes sommes que je partirai après midi pour Versailles.
Si j'ai le bonheur de réussir, j'aurai l'honneur de vous écrire. M. le duc d'Aiguillon, à qui j'ai remis votre lettre, écrit à cet effet au ministre, et MM. les commissaires font aussi agir leurs agents pour cette affaire.
Je voudrais aussi obtenir l'exemtion des fouages, du vingtième et capitation pour quelques années tant pour les nouveaux que pour les anciens habitants. Si vous me faites l'honneur de m'écrire, je logerai au Séminaire des Missions étrangères, rue du Bacq, à Paris.

J'ai l'honneur, etc... J.L. Le Loutre, prêtre missionnaire.

Notes

signalé aussi par Ségalen # 1178 : Le Loutre écrit que 55 familles morlaisiennes sont prêtes à partir pour BIM, auxquelles se joindraient 23 familles de Saint-Malo (mais avec une date différente : 27 février. Peut-être un erreur de Ségalen). Voir la réponse de Warren le 20 mars 1764.

Mots-clés

// RED
// rassemblement
// BIM
// culture : vivre comme ils ont toujours vécu, n'être pas confondus avec les Bellilois

Numéro de document

000399