Document : 1765-04-24
Références / localisation du document
SHM, 1 E 177, f° 791 // Jean Stanislas David, Essai de comparaison du sort des réfugiés acadiens et canadiens de 1758 à 1798 dans les ports de Rochefort, La Rochelle et de Nantes, mémoire de maîtrise (Histoire), La Rochelle, Université de La Rochelle, 1998-99. # 202 // AN Col B vol. 122, folio 39 1/2, 1/2 page
Date(s)
1765-04-24
Auteur ou organisme producteur
SEM Duc de Choiseul
Destinataire
de Ruis, intendant de marine Rochefort
Résumé et contenu
Ministre à l'intendant : il faut faire une différence entre ceux qui ont abandonné leur biens et ceux qui n'ont fait aucun sacrifice
il faut faire une différence dans la distribution des secours entre 1) "ceux qui par fidélité envers le Roi ont abandonné tous leurs biens" et 2) les "simples man?uvres et ouvriers, n'ont fait aucun sacrifice et gagnent aujourd'hui beaucoup plus que dans les colonies"
---------
24 avril 1765
J'ai reçu, Monsieur, votre dépêche du 26 mars dernier [1765-03-26 ; pas retrouvée] par laquelle vous me marquez que lors de l'émigration des habitants de l'Amérique Septentrionale, le Roi a bien voulu accorder à tous la subsistance, mais que vous pensez que beaucoup de ces habitants sont dans le cas d'être privés de cette grâce et qu'il doit être fait une différence entre ceux qui par fidélité envers le Roi ont abandonné tous leurs biens et ceux qui, simples man?uvres et ouvriers, n'ont fait aucun sacrifice et gagnent aujourd'hui beaucoup plus que dans les colonies. Vos observations me paraissent justes et pour me mettre en état de prendre un parti définitif sur cet objet, je vous prie de m'envoyer un état apostillé tant de ceux à qui vous croirez que la substance doit être accordée, que de ceux qui doivent en être privés.
J'ai l'honneur, etc...
Choiseul
[texte collationné à celui de David ; une erreur : dépêche du 26 mars et non du 20 mars]
--------
Archives de la Marine à Rochefort, 1 E 177, f 791, 24 avril 1765 : le ministre à l'intendant (?)
"J'ai reçu, Monsieur, votre dépêche du 20 mars dernier par laquelle vous me marquez que lors de l'émigration des habitants de l'Amérique Septentrionale, le Roi a bien voulu accorder à tous la subsistance, mais que vous pensez que beaucoup de ces habitants sont dans le cas d'être privés de cette grâce
[note extraite de "Premiers chapitres : il est intéressant de ce demander pourquoi les intendants font ce genre de réclamation au Roi ; après tout, pour eux, c'est plutôt bénéfique que des personnes sous leur juridiction soient secourus, d'autant plus que cela apporte de l'argent dans la ville ; en fait, s'ils protestent auprès du Roi, c'est probablement ou en tout cas possiblement parce que les Canadiens / Acadiens suscitent des jalousies qui doivent faire murmurer la population ; à noter que de nombreux Acadiens semblent s'endetter probablement parce que les secours ne leur sont pas distribués à temps et qu'ils doivent vivre à crédit.]
et qu'il doit être fait une différence entre ceux qui par fidélité envers le Roi ont abandonné tous leurs biens et ceux qui, simples man?uvres et ouvriers, n'ont fait aucun sacrifice et gagnent aujourd'hui beaucoup plus que dans les colonies .
[Il est intéressant ici (1) de relever que ce qui justifie les secours, c'est la fidélité au Roi et le sacrifice ; or les intendants doivent estimer, ou peut-être la population estime et les intendants rapportent, que certains n'ont pas fait de sacrifices et ne devraient donc pas être secourus ; (2) il n'est pas facile de savoir comment interpréter cette lettre : s'agit-il d'une allusion déguisée à la différence de situation entre Acadiens et Canadiens, les premiers ayant tout abandonné ? Cette lettre semblerait alors paradoxale : ce sont ceux qui sont théoriquement les plus patriotes (c'est à dire ceux qui ont choisi librement de partir pour rester sujets du Roi, les Canadiens ; les Acadiens ont en théorie moins de mérite puisqu'ils n'ont pas eu, eux, le choix). Or, cette lettre préconise de récompenser ceux qui n'ont pas eu le choix (même s'il est vrai que leur situation matérielle est plus difficile).]
Vos observations me paraissent justes et pour me mettre en état de prendre un parti définitif sur cet objet, je vous prie de m'envoyer un état apostillé tant de ceux à qui vous croirez que la substance doit être accordée, que de ceux qui doivent en être privés."
Notes
vu de visu au SHM Rochefort
Mots-clés
// secours
// nouveau(022005)
Numéro de document
000427