Document : 1757-04-07
Références / localisation du document
Alfred de Curzon, "Les Acadiens à Liverpool", La Grand' Goule (Poitiers), (1930) : pp. 5-6. # 636 // PRO, ADM [admiralty] 97 / 117 (réf. Z 6699) // CEA A6 - I - I
Date(s)
1757-04-07
Auteur ou organisme producteur
Acadiens à Liverpool
Destinataire
Monsieur Guiguier, 'l'un des commissaires des prisonniers à Londres' - travaille pour le gouv. anglais
Résumé et contenu
Pétition des Acadiens de Liverpool (au représentant du Roi d'Angleterre).
Ils sont dans la misère et ne peuvent pas vivre avec le "peu de paye que sa majesté nous donne" [Roi d'Angleterre, très probablement]. Ils ne reçoivent que 6 sols / jour et 3 sols / enfants [jusqu'à 8 ans, ensuite paye normale théoriquement, mais l'auteur se plaint que plusieurs enfants ont atteint 8 ans mais qu'ils ne touchent toujours que 3 sols]. Cherté des vivres et du pain. Ils espèrent la compassion.
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A Liverpool, le 7 avril 1757
Mr. Guiguier, à Londres
Monsieur,
La misère a pris un tel pied chez nous qu'il nous est impossible de subsister davantage nous et nos enfants avec le peu de paye que sa majesté nous donne.
Ce qui nous fait jetter à vos genoux pour vous prier d'entendre nos raisons et d'être persuadé de la vérité avec laquelle nous vous les annonçons.
Nous ne recevons que 6 sols par jour pour nous et 3 sols pour nos enfants. Nous avons épuisé tout ce que nous pouvons avoir, et il est bien dur pour nous d'être traité ainsi. Nous sommes privés du plus nécessaire par la cherté des denrées, nous sommes obligés de payer le pain deux sols, et tout le reste à proportion. Et vous voyez fort bien, Monsieur, l'impossibilité dans laquelle nous sommes de nourrir nos familles, et nous sommes bien persuadés que vous ignorez la grandeur de nos nécessités. Il y a d'ailleurs une cinquantaine d'enfants qui ne reçoivent que trois sols ; il y en a une dizaine qui ont perdu leurs pères et leurs mères, et il y en a beaucoup qui, depuis que nous sommes ici, ont atteint leur huitième année qui n'ont pourtant que trois sols.
Nos raisons sont plus que suffisantes pour exciter votre compassion ; c'est pourquoi nous n'entrons pas dans un plus grand détail, à moins que vous ne l'exigiez. Et nous espérons bien fort que vous en serez touché et que vous nous procurerez des secours qui sont absolument nécessaires.
Nous avons l'honneur d'être, avec la plus parfaite soumission, Monsieur, etc...
[suivent trois lignes de signatures difficilement lisibles, mais on reconnaît quand même Joseph Trahan, Pierre Richard]
à Monsieur Guiguier, Commissionar of Navigation, in London.
Notes
Note de Curzon : "cette lettre se trouvant dans les sommiers de l'Amirauté anglaise, il est à croire qu'elle n'a pas été transmise au représentant de Louis XV à qui elle était destinée. Etait-elle donc bien dangereuse pour la sécurité de l'Angleterre ? Il est possible que Curzon s'appuie sur cette lettre pour démontrer que les Acadiens touchaient une solde du Roi de France. Je pense que Curzon se trompe et que cette lettre n'était pas destinée au Roi de France, mais bien à Guiguier (agent anglais) ; vu l'original au CEA le 12 novembre 2003 (photos 1741.jpg)
Mots-clés
// pétition
// secours
// UK
// pain : 2 sols (la livre, probablement)
Numéro de document
000622