Document : 1755-07-31
Références / localisation du document
Bona Arsenault, Histoire des Acadiens, Montréal, Fides, 1994 (1964). # 1294 // Nova Scotia State Papers, Ottawa
Date(s)
1755-07-31
Auteur ou organisme producteur
Lawrence
Destinataire
Monckton
Résumé et contenu
Ordre de déportation des Acadiens.
C'est parce qu'ils ont refusé de prêter le serment. Ils doivent être déportés hors de la province aussi tôt que possible. Il faut éviter que cela se sache à l'avance et prendre tous les hommes ensemble. Ils devront être gardés jusqu'à l'arrivée des transports, les femmes n'oseront pas s'enfuir. Les biens sont confisqués pour payer leur déportation, mais ils peuvent emporter leur mobilier et leur argent.
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"Les députés français des districts d'Annapolis, des Mines [région de Grand-Pré] et de Pisiguit ont été appelés à comparaître devant le Conseil et ont refusé de prêter le serment d'allégeance à Sa Majesté. Ils ont aussi déclaré que tel était le sentiment de toute la population.
En conséquence, le Conseil a résolu et décidé qu'ils soient déportés hors de la province aussitôt que possible. On devra commencer d'abord par les habitants de l'isthme [région de Beaubassin], qui furent pris les armes à la main et qui, de ce chef, n'ont droit à aucune faveur de la part du gouvernement.
Pour mettre ce point à exécution, des ordres sont donnés d'envoyer en toute diligence un nombre suffisant de vaisseaux à la Baie [de Chignectou] pour embarquer la population.
Vous recevrez en même temps les instructions relatives aux moyens à prendre pour exécuter cette tâche ; aux endroits où les déportés devront être envoyés et à tout ce qui pourra vous être nécessaire en cette occurence.
Afin de les empêcher de s'enfuir avec leurs bestiaux, il faudra avoir grand soin que ce projet ne transpire pas, et le moyen le plus sûr pour cela me parait d'avoir recours à quelque stratagème qui fera tomber les hommes, jeunes et vieux, surtout les chefs de familles, en votre pouvoir.
Vous les détiendrez ensuite jusqu'à l'arrivée des transports, afin qu'ils soient prêts pour l'embarquement. Une fois les hommes détenus, il n'est pas à craindre que les femmes et les enfants s'enfuient avec les bestiaux. Toutefois, il serait très prudent, pour prévenir leur fuite, non seulement de vous emparer de leurs chaloupes, de leurs bateaux, de leurs canots et de tous les autres vaisseaux qui vous tomberont sous la main, mais, en même temps, de charger des détachements de surveiller les villages et les routes.
Tous leurs bestiaux et leurs céréales étant confisqués au profit de la Couronne, par suite de leur rébellion, et devant être appliqués au remboursement des dépenses que le gouvernement devra faire pour les déporter de ce pays, il faudra que personne n'en fasse l'acquisition sous aucun prétexte. Tout marché de ce genre serait de nul effet, parce que les habitants français sont dépourvus de leurs titres de propriété et il leur sera défendu d'emporter quoi que ce soit, sauf leurs mobiliers et l'argent qu'ils possèdent présentement.
Les commandants du fort de Pisiguit et de la garnison d'Annapolis ont reçu à peu près les mêmes ordres à l'égard des habitants de l'intérieur...."
Notes
p. 177 et 178
Numéro de document
000799