Document : 1755-09-10

Références / localisation du document

Bona Arsenault, Histoire des Acadiens, Montréal, Fides, 1994 (1964). # 1294

Date(s)

1755-09-10

Auteur ou organisme producteur

Winslow

Résumé et contenu

Extraits du journal de Winslow, 10 septembre 1755. Scènes émouvantes d'Acadiens séparés de leurs familles.

"J'ai remarqué ce matin une agitation inaccoutumée qui me cause de l'inquiétude. J'ai réuni mes officiers... Il fut décidé à l'unanimité de séparer les prisonniers... Nous avons convenu de faire monter 50 prisonniers sur chacun des cinq vaisseaux arrivés de Boston et de commencer par les jeunes gens. Je fis venir le père Landry [François Landry], leur meilleur interprète. [preuve qu'ils ne parlent pas tous anglais]
... Je lui dis que nous allions commencer l'embarquement ; que nous avions décidé d'embarquer 250 personnes le jour même, les jeunes gens d'abord.
Toute la garnison fut appelée sous les armes... Selon mes ordres, tous les habitants français furent rassemblés les jeunes gens à gauche. J'ordonnai au capitaine Adams, aidé d'un lieutenant et de 80 officiers et soldats, de faire sortir des rangs 141 jeunes hommes et de les escorter jusqu'aux transports [navires]. J'ordonnai aux prisonniers de marcher. Tous répondirent qu'ils ne partiraient pas sans leurs pères...
J'ordonnai alors à toute la troupe [environ 300 hommes] de mettre la bayonnette au canon et de s'avancer sur les Français. Je commandai moi-même aux quatre rangs de droite, composée de 24 prisonniers, de se séparer du reste. Je saisis l'un d'eux qui empêchait les autres d'avancer, et je lui ordonnai de marcher. Il obéit et les autres suivirent, mais lentement.
Ils s'avançaient en priant, en chantant, en se lamentant et sur tout le parcours d'un mille et demi, les femmes et les enfants venus au-devant d'eux, priaient à genoux et pleuraient à chaudes larmes. J'ordonnai ensuite à ceux qui restaient de choisir parmi eux 109 hommes mariés qui devaient être embarqués après les jeunes gens... mais, lors de l'embarquement, on constata qu'il n'y en avait que 89 au lieu de 109, de telle sorte que le nombre des prisonniers mis à bord ce jour là fut de 230. Ainsi se termina cette pénible tâche qui donna lieu à des scènes navrantes..."

Notes

note de Arsenault : normalement, Winslow s'efforce de ne pas séparer les familles, mais il n'y arrive pas toujours et il arrive que certaines personnes, selon Lauvrière, soient séparées à ce moment là pour toujours.

Numéro de document

000803