Document : 1783-07-12
Références / localisation du document
MAE, Correspondance politique, Espagne, Vol. 611 f°34 // Emile Lauvrière, La Tragédie d?un Peuple. Histoire du peuple acadien de ses origines à nos jours, Paris, Henry Goulet, 1924 (1ère édition : Paris, Brossard, 1922). // Jean-Marie Fonteneau, Les Acadiens citoyens de l?Atlantique, Rennes, Éditions Ouest France, 2001 (1996). //
Date(s)
1783-07-12
Auteur ou organisme producteur
Acadiens de France [Nantes]
Destinataire
Ambassadeur d'Espagne [Comte d'Aranda]
Résumé et contenu
lettre d'Acadiens à l'ambassadeur d'Espagne. Demandent à passer en Louisiane et prétendent pouvoir attirer avec eux d'autres personnes.
"sa Majesté très chrétienne (...) a eu la bonté de nous accorder une très petite pension jusqu'à ce que nous puissions avoir des terres pour les cultiver. Mais jusqu'à présent on ne nous a offert que des terres stériles en France et des lieux malsains dans l'Isle de Corse, ce que nous n'avons pu accepter. Depuis plusieurs années nous supplions le Roi et ses ministres de nous faire passer à la Louisiane où nous avons un grand nombre de nos parents et amis ; mais nos projets ont toujours été rejetés parce que la France ne possède plus rien dans ce pays.
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12 juillet 1783
Monseigneur le comte d'Aranda, ambassadeur de sa Majesté Catholique à la cour de France.
Monseigneur,
C'est au nom d'un grand nombre d'Acadiens répandus dans la province de Bretagne que les soussignés ont l'honneur de vous représenter que depuis plus de vingt ans que nous avons été expulsés de l'Acadie et perdu nos biens pour avoir pris les armes pour le Roi de France contre les Anglais, nous sommes restés sans aucune demeure fixe implorant l'assistance de sa Majesté très chrétienne laquelle a eu la bonté de nous accorder une très petite pension jusqu'à ce que nous puissions avoir des terres pour les cultiver. Mais jusqu'à présent on ne nous a offert que des terres stériles en France et des lieux malsains dans l'Isle de Corse, ce que nous n'avons pu accepter. Depuis plusieurs années nous supplions le Roi et ses ministres de nous faire passer à la Louisiane où nous avons un grand nombre de nos parents et amis ; mais nos projets ont toujours été rejettés parce que la France ne possède plus rien dans ce pays.
Ce considéré nous vous supplions d'obtenir de sa Majesté Catholique qu'elle nous fasse passer à la Louisiane où nous désirons depuis si longtemps de nous établir promettant de lui être autant attachés que ses plus fidèles sujets. [début du passage cité par Lauvrière ou Fonteneau] Nous sommes tous agriculteurs ; nous possédons, en outre, plusieurs sortes d'arts et de métiers. Nous pourrions même attirer à la Louisiane un nombre considérable de nos compatriotes qui sont répandus parmi les Anglo-américains et au Canada. Alors nous voyant tous réunis dans la même province nous ferions nos efforts pour l'avantage du pays et pour mériter la bienveillance de sa majesté très catholique ; laquelle aurait la satisfaction d'avoir rassemblé dans ses états les tristes restes d'un peuple malheureux qui a tout sacrifié à la religion et à son amour pour son Roi. Nous sommes de pauvres familles qui ne pourrions supporter les frais qu'il en coûterait pour notre transport et notre établissement à la Louisiane. Aussi, nous espérons que vous voudrez bien obtenir de la Cour d'Espagne les fonds nécessaires pour cet objet. Nous désirerions aussi que vous pussiez obtenir l'agrément de la Cour de France pour notre départ. Mais si cela ne se peut nous emploierons les moyens qu'il vous plairai de nous indiquer.
A Nantes, ce 12 juillet 1783
Olivier Tirrier [Olivier Terrio] ; Simon Marrolle ; Marin Gatreau ; Pierre Taculo [ou Jaculo] ; Etienne Terrier
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Le 12 juillet 1783
"[...] Nous sommes tous agriculteurs ; nous possédons, en outre, plusieurs sortes d'arts et de métiers. Nous pourrions même attirer à la Louisiane un nombre considérable de nos compatriotes répandus parmi les Anglo-américains et au Canada. Ainsi sa Majesté Très Catholique [le roi d'Espagne] aurait la satisfaction de voir rassembler dans ses états les restes d'un peuple malheureux qui a tout sacrifié à la religion et à son amour pour son Roi. Nous sommes de pauvres familles qui ne pourrions supporter les frais qu'il en coûterait pour notre transport et notre établissement à la Louisiane. Aussi, nous espérons que vous voudrez bien obtenir de la Cour d'Espagne les fonds nécessaires pour cet objet."
Notes
cité aussi par Lauvrière p. 198 ; cité par Winzerling, en anglais, p. 95 de son ouvrage [citation un peu plus longue que celle de Lauvrière].
Le passage cité par Fonteneau est assez largement différent de la version consultée au MAE.
Copie vue de visu au Quai d'Orsay le 12-01-2005
Mots-clés
// attachement à la religion et au Roi -
// rassemblement
// RED
// repartir : Louisiane
// Nantes
// culture
// Poitou-BIM = terres stériles
// Corse = lieu malsain
// nouveau(2005-01)
// secours : très petite pension
Numéro de document
000067