Document : 1765-01-30

Références / localisation du document

Gabriel Debien, "Les Acadiens réfugiés aux Petites Antilles (1761-1791)", Société historique acadienne (Cahiers), 15 , 2-3 (juin et septembre 1984) : pp. 57-99. # 68 // AN, Colonies, C8 A 67, f° 185

Date(s)

1765-01-30

Auteur ou organisme producteur

Fenelon et Guignard

Destinataire

SEM Choiseul

Résumé et contenu

Administrateurs des Antilles au ministre : Etablissement des Acadiens à la Martinique.

Avec la ration et une modique solde [les familles acadiennes] n'ont pu se donner à la culture des terres et mendient la plupart par paresse et par manque de facilité... Nous avions tenté, monsieur le duc, de placer celles-ci sur des terrains incultes en leur offrant des outils pour défricher et travailler la terre, mais ce secours ne leur suffisant pas et n'entrevoyant que misère dans une semblable position, nos offres n'ont rien produit. Il a fallu traiter différemment les familles alsaciennes pour les attacher à la culture des terres. Ce que nous devions faire pour elles était indiqué dans l'imprimé dont nous vous avons parlé. [note de Debien : et qui avait été distribué au moins en Alsace]. Nous nous y sommes confiés à eux, ce qui nous a paru indispensable [note de Debien : Cette phrase ne voulait-elle pas dire qu'on a exécuté autant qu'il a été possible les promesses en partie orale faites aux Alsaciens et aux Allemands avant leur embarquement. On a eu confiance en leurs paroles, ce qui était indispensable pour qu'il n'y eut pas d'insurrection parmi eux.] Nous vous adressons monsieur le duc, l'acte passé par devant notaire, dans lequel sont expliquées toutes les conditions d'un établissement que nous venons de faire pour ces familles au quartier de Champflore sur des terres appartenant au sieur Lecomte. Nous joignons à cet acte le réglement qui fixe la quantité de terrain à donner à chaque chef de famille à raison des textes qui le composent.
L'air du quartier de Champflore est très sain et conviendra bien mieux aux Européens que celui des bords de mer. Il résultera ainsi deux grands avantages pour la colonie de l'établissement que nous y faisons : le premier en faisant des savanes qui se trouveront presque au centre de l'île et dans lesquels on pourra entretenir une quantité considérable de bestiaux ; le second en ouvrant des chemins qui abrègeront beaucoup la communication de Saint-Pierre à Fort Royal et à la Trinité.
Nous pensons, Monsieur le duc, qu'il convient d'accorder aux Acadiens le même traitement qui a été fixé pour les Alsaciens et aux mêmes conditions. C'est le seul moyen d'en tirer parti en leur faisant annoncer ces nouvelles dispositions en leur faveur. Nous leur ferons signer aussi qu'à partir du 1er avril prochain on cessera de donner la ration et la solde à ceux qui ne se seront pas présentés pour prendre un terrain auprès de celui des Alsaciens. Les Acadiens sont ici en nombre de 399 à la ration du roi suivant l'extrait ci-joint. Tous ne voudront pas se donner à la culture des terres, mais comme il est à présumer que ceux qui le refuseront auront des ressources pour se procurer un état plus heureux, ils pourront aussi se passer de la ration et de la solde du Roi. Nous continuerons tout au plus ce secours aux familles qui ne seront pas en état de supporter un travail de cette nature.

[malheureusement, Debien note qu'il n'a pas pu reconstituer l'histoire de cet établissement].

Mots-clés

// Acadiens = paresseux
// repartir : Martinique
// Martinique
// recensement : 399 Acadiens à la Martinique (à la ration du Roi)

Numéro de document

000824