Document : 1764-09-16a

Références / localisation du document

AN Col. C11D 8 // RAPC 1905-II p. 217 // Emile Lauvrière, La Tragédie d?un Peuple. Histoire du peuple acadien de ses origines à nos jours, Paris, Henry Goulet, 1924 (1ère édition : Paris, Brossard, 1922).

Date(s)

1764-09-16a

Auteur ou organisme producteur

Acadiens réfugiés à SPM

Destinataire

Perrault, ancien officier des milices canadiennes

Résumé et contenu

Réponse des Acadiens de SPM à Perrault : Ne veulent pas aller en Guyane, espèrent que le Roi, auquel ils ont été fidèles, ne les obligera pas à passer en Guyane. Evocation du climat trop chaud

de Miquelon, le 16 septembre 1764 :


Monsieur,

Nous avons reçu l'honneur de votre lettre par laquelle vous parlez des grands avantages qu'on nous propose en acceptant le parti de passer à Cayenne, suivant les intentions du ministre de France.
Tout nous parait très avantageux, mais nous vous prions, Monsieur, de faire attention qu'un pays aussi chaud que Cayenne nous coûterait trop cher de même que les pays chauds nous ont coûté où les Anglais ont transporté nos gens par la force d'un climat si excessivement chaud en comparaison de celui de l'Amérique du Nord qui est tempéré et d'autant plus sain pour nous qu'il est notre pays natal. Quelque avantage qu'on nous propose en acceptant ce parti et quelques menaces qu'on nous fasse pour le faire nous préférerons toujours la vie à tout et jamais nous n'accepterons le parti de quitter ce climat ici. C'est le sentiment commun de tout notre monde, quoique le nombre en soit petit après avoir perdu la majeure partie tant par la faim, la prison et les mauvais traitements des Anglais pour nous faire accepter leur parti et changer de sentiments pour notre grand Roi, mais rien n'y a pu réussir, l'affection pour notre grand monarque et notre patrie l'a emporté sur toutes les peines des fers et toutes sortes de mauvais traitements que nous avons souffert de l'ennemi.
Ainsi le petit nombre que nous sommes étant réchapés de tant de maux, et rentrés dans le sein de notre patrie, nous espérons que notre bon roi de France, notre père, voudra bien nous traiter comme ses pauvres enfants et fidèles sujets de son grand pouvoir en ne nous contraignant pas à passer sous un climat si opposé à celui de notre naissance, qu'au contraire nous espérons de sa bonté qu'il nous fournira les secours possibles pour conserver des jours que nous coulerons en demandant sans cesse que la bénédiction du Seigneur tombe sur un si bon Monarque et son empire, en attendant qu'il nous fournisse l'occasion de verser notre sang pour sa défense et celle de son empire, comme ont fait nos pères et que nous sommes prêts de faire dans mille rencontres.
Voici, Monsieur, nos derniers sentiments à ce sujet et nous espérons que notre bon Roi de France ne nous en traitera pas plus mal attendu qu'il n'y a rien contre sa volonté, son intention étant de ne contraindre personne à passer à Cayenne, et vous prions de nous croire très respectueusement, Monsieur, etc....

Les Acadiens de Miquelon : [suivent 43 noms]

Notes

Lauvrière p. 204 ; retranscrite dans RAPC 1905 p. 217 et suivantes (en entier) ; vu une copie dans AN Col. C11D8 aux ANC

Mots-clés

// Cayenne
// repartir : Guyane - refus
// culture
// SPM

Numéro de document

000836