Document : 1763-03-14
Références / localisation du document
Jean-Edmond Roy, Rapport sur les archives de France relatives à l'histoire du Canada, Ottawa, 1911. # 711 // MAE, Correspondance politique, Angleterre, volume 450, p. 83-83
Date(s)
1763-03-14
Auteur ou organisme producteur
Nivernais // Nivernois
Destinataire
Praslin
Résumé et contenu
Nivernais à Praslin à propos du rapatriement des Acadiens. Problème des dettes et craintes des Acadiens d'être envoyés à Cayenne.
Nivernais à Praslin. Difficultés pour l'émigration des Acadiens (= bons sujets du Roi dont la fidélité est aussi connue que les malheurs ; = bonnes gens) : dettes contractées à cause de l'arrêt de la subsistance en Angleterre pour quelques uns depuis quelque temps, ou pour frais de maladie. Dettes proches de 15,000 livres. Quelques Acadiens ont pu gagner un peu d'argent ici comme laboureurs et peuvent être solidaires et mis à contribution, mais suggestion que l'Etat paye le complément. Joint une estimation du coût de l'établissement des Acadiens si l'on fait comme les Anglais font d'habitude [document @ 851]. Espère que le gouvernement pourra débourser les 8,000 livres et aussi prévoir l'établissement le plus rapidement possible pour rassurer les Acadiens qui ont peur qu'on les envoie à Cayenne. Le gouvernement trouvera des avantages à établir les Acadiens, d'autant plus que cela entrainera certainement (s'ils sont bien traités), "d'attirer dans le Royaume" les Acadiens dispersés dans les colonies anglo-américaines.
PS : c'est la Rochette qui s'occupe du rapatriement des Acadiens, Guillot est assez occupé avec les [autres] prisonniers. Il joint une état du nombre de prisonniers actuellement en Angleterre.
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Londres, le 14 mars 1763. En marge : N° 106. répondu le 21.
"Il se présente une difficulté, M. le Duc, pour l'émigration des Acadiens dont je dois vous rendre compte et sur laquelle je vous demande, ainsi qu'à M. le Duc de Choiseul de promptes instructions. Ces bons sujets du Roi dont la fidélité est aussi connue que les malheurs, ont contracté quelques dettes dans ce pays ci les uns pour leur subsistance que l'Angleterre leur a refusée depuis quelques temps, et d'autres pour des frais de maladie, que le chagrin et la misère ont rendus fréquentes parmi eux. [note, sans explication, mais en orthographe du 18e siècle : "M. le duc de Nivernais prie le ministère français de se prêter à acquitter une partie des dettes que les Acadiens ont faites en Angleterre."] Ces dettes peuvent monter à vue de pays [Païs], de 13 à 14 mille livres, et ils ne sauraient sortir de ce pays ci sans payement ou caution. Parmi ces Acadiens tous n'ont pas été également maltraités, et il y en a plusieurs qui ont gagné ici quelque argent au labourage, c'est leur principal talent et les Anglais reconnaissent qu'ils le possèdent supérieurement, or je me propose d'engager ceux là à se cotiser pour payer une partie des dettes de leurs frères et je crois avoir assez de crédit sur eux pour les y engager. Mais quand j'aurai fait payer de la sorte pour eux 5 à 6 mille Livres, il restera encore 7 à 8 mille livres de dû et c'est sur cela que je vous demande vos instructions le plus promptement possible d'autant que je m'occupe dès à présent à prendre des arrangements pour le fret des bâtiments qui sont nécessaires pour le transport de ces bonnes gens en France.
Je suppose que vous voudrez bien vous prêter au paiement de ces 8 mille livres de dettes, et je porte comme vous verrez cet article en ligne de compte, dans un nouveau mémoire que j'ai l'honneur de vous adresser à leur sujet et qui contient un Etat par approximation de toutes les dépenses qui me paraissent nécessaires pour l'établissement des Acadiens conformément à ce qui est pratiqué par les Anglais en pareil cas. Il serait important que vous voulussiez bien prendre promptement des mesures pour ledit établissement, qui doit être entièrement décidé avant le retour des Acadiens en France, et je vous supplie aussi, Monsieur le Duc, de me mander le plus promptement possible ce que vous aurez décidé à cet égard, pour que je puisse tranquiliser les Acadiens et répondre aux demandes réitérées qu'ils me font, sur leur traitement et leur destination futurs. On leur a dit ici que nous voulons les envoyer à Cayenne, et cela les inquiète beaucoup parce qu'ils craignent le climat de nos colonies méridionales. [note : M. L'Ambassadeur prend des arrangements pour le fret de 4 vaisseaux nécessaires pour le transport des Acadiens. Mesures à prendre pour le prompt établissement des Acadiens. Désir de M. l'Ambassadeur d'avoir une réponse définitive de Mre François pour pouvoir tranquiliser les Acadiens.]
Vous verrez par la note qui est au bas de l'état des dépenses nécessaires pour leur établissement, l'avantage qu'y trouvera le gouvernement, et j'ajouterai qu'il en résultera un autre bien, et c'est le retour en France de la plus grande partie des Acadiens aujourd'hui dispersés dans les diverses colonies anglaises de l'Amérique. Car il est très probable que le bon traitement fait à leurs frères ne manquera pas de les attirer dans le Royaume. [note : Biens qu'occasionnera l'établissement de ces Acadiens en France].
J'ai l'honneur....
Le duc de Nivernois
P.S. Ce sera le Sieur de la Rochette qui présidera à tous les détails de l'émigration des Acadiens afin d'éviter cette besogne à M. Guillot qui est bien assez occupé de celle des prisonniers. Il ne suivra pas le plan que j'avais formé pour leur déblai, il l'a trouvé d'une trop difficile et laborieuse exécution. Pour moi, je le servirai dans le sens où il voudra être servi et le servirai de mon mieux tant que je serai ici. Je joins un état au 21 février 1763 de la quantité de prisonniers que nous avons actuellement en Angleterre.
Notes
Roy p. 609 et suiv. ; cf. aussi fiche suivante.
Mots-clés
// repartir : Cayenne (crainte)
// UK
Numéro de document
000850