Document : 1763-08-13
Références / localisation du document
Jean-Edmond Roy, Rapport sur les archives de France relatives à l'histoire du Canada, Ottawa, 1911. # 711 // MAE, Correspondance politique, Angleterre, volume 451 f° 62-3
Date(s)
1763-08-13
Auteur ou organisme producteur
Acadiens de la Caroline du Sud
Destinataire
duc de Nivernais / Nivernois
Résumé et contenu
Acadiens de Caroline. Veulent rentrer en France. Phraséologie très intéressante. Patriotisme. Demande d'assistance et libération des enfants.
Les Acadiens de la Caroline du Sud. Ont appris que le Roi de France "avait réclamé et prétendait avoir ses anciens, et toujours sujets, ci devant habitants de l'Acadie". Les Acadiens se sont toujours présentés comme tels, ils ont refusé les offres, ils ont demandé à passer dans les colonies françaises. Ils s'apprêtaient à y passer quand ils ont appris : "l'heureuse nouvelle de notre rappel". Ils attendent les transports et autres assistances pour se "retirer sous ses étendarts". 280 personnes hors d'état de subvenir à leurs besoins (ils joignent une liste) ; attendent des fonds et des ordres pour retirer leurs enfants qui ont été confisqués. Espèrent les ordres et l'assistance et continueront à prier pour le duc.
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Placet au duc de Nivernais, ambassadeur en Angleterre, des Acadiens de la Caroline du Sud.
1763, Août 13
Monseigneur,
Nous avons appris avec grande joie que le Roi de France notre souverain maitre, avait réclamé et prétendait avoir ses anciens, et toujours sujets, ci devant habitants de l'Acadie, et comme tels nous nous sommes déclarés à notre arrivée à Messieurs les gouverneurs et conseillers de la Caroline du Sud par notre refus aux offres qu'ils nous ont fait, et par nos démarches aussitôt la paix faite, pour envoyer quatre de nous demander des assistances à Monsieur le général du Port-au-Prince ou Saint-Domingue pour nous retirer auprès de lui ou en quelques autres colonies françaises. Ayant relaché par un mauvais temps dans le même port de Charleston capitale de ladite province de Caroline du Sud où nous sommes détenus avant la guerre déclarée, et dont nous étions partis et dans la résolution de reprendre à notre arrivée, nous avons appris l'heureuse nouvelle de notre rappel. Cela nous a obligé d'espérer et d'attendre de la bonté de notre souverain Roi très chrétien, des transports et autres assistances pour nous retirer sous ses étendarts, le nombre de 280 personnes, tant hommes que femmes qu'enfants et orphelins qui comptent dans cette dite colonie et suivant la liste, que nous avons l'honneur de vous envoyer, et hors d'état par eux mêmes de subvenir aux frais qu'il faudrait faire pour se retirer où il plaira à Sa Majesté de les ré-établir, et en outre des ordres pour retirer quelques uns de leurs enfants qui se trouvent engagés chez quelques habitants qui sous prétexte de les avoir pris à la mamelle ou en bas âge, contre la volonté de leurs parents, ne veulent les rendre que par des ordres souverains.
Ce qui les oblige d'avoir recours à votre excellence pour avoir des ordres, pour faire remettre ses pauvres enfants, et orphelins entre les mains de leurs parents, et des transports, et assistance pour nous transporter où il plaira à sa majesté très chrétienne, en ordonner et cela nous obligera non seulement mais même de continuer nos prières pour votre santé et prospérité.
Balthazar Come, Marain LeBlanc, Jacques Hugond
suit le "noms et nombre des familles habitants ci-devant de l'Acadie qui ont été transportés à la Caroline du Sud et qui désirent se retirer sous les étandarts de leur Roi sa majesté très chrétienne."
La liste est paraphée de la main de chacun, avec la mention finale suivante :
"Le soubsigné certifie les marques [sur le papier, croix et signatures] véritables et que ceux qui ne sont pas signés ou faits leurs marques ord[inaires ?] ne sont pas ici étant dans les contrées ou engagés chez des habitants contre le sentiment des pères et mères et les ont refusés plusieurs fois. En foi de quoi j'ai signé à Charleston Caroline du Sud ce 29 août 1763, DERAIER.
Notes
Roy p. 632 ; orthographe modernisée par moi ; Placet = écrit adressé à un souverain, à un ministre pour demander justice, se faire accorder une grâce, une faveur. => demande, pétition, requête
Mots-clés
// patriotisme
// causes du retour
// désir de retourner en France
// allégeance
// USA
// repartir : France, colonies
Numéro de document
000862