Document : 1763-08-23 // 1763-08-28

Références / localisation du document

Jean-Edmond Roy, Rapport sur les archives de France relatives à l'histoire du Canada, Ottawa, 1911. # 711 // MAE, Correspondance politique, Angleterre, volume 451 f° 76 et 82

Date(s)

1763-08-23 // 1763-08-28

Auteur ou organisme producteur

Acadiens de Géorgie // Caroline du Sud

Destinataire

duc de Nivernais / Nivernois

Résumé et contenu

Placet des Acadiens de la Géorgie à Nivernais : témoignent de leur fidélité et demandent à récupérer leurs enfants élevés pas dans la religion catholique. Importance de la religion. Liste des Acadiens de Géorgie.

Les "Acadiens" "enlevés depuis huit années de leur pays" se trouvant en Géorgie, ont reçu la lettre de Nivernais et espèrent recouvrer la liberté. Ils s'excusent des fautes d'orthographe : "ils sont des gens élevés la pluspart d'eux sans éducation". Ils veulent témoigner de "la grande inclination dans laquelle ils sont affectionnés pour le Service du Roi" et "notre bonne fidélité, pour le service de sa majesté". Ils témoignent [à tort !] : "ayant pris les armes à la main pour soutenir leur pays et leurs biens qu'ils ont tous perdus". Les Anglais leur font de "belles offres tous les jours très avantageuses" mais ils ne se laissent pas gagner.
Ils envoient une liste des familles acadiennes paraphée [peut-être des familles qui veulent passer en France ? ce n'est pas clair] et "nous nous recommandons tous en général à votre bonté". Les Acadiens n'ont pas pu se confesser ni recevoir de sacrements à cause du manque de prêtres romains, mais ils continuent à célébrer un culte dans une maison particulière et observent les rites (jours féries, dimanches, etc...).
Ils prient surtout d'intervenir pour "vouloir bien faire rendre plusieurs enfants qui nous ont été enlevés et transportés dans des plantations". Peine des parents de voir leurs enfants élevés chez des Anglais sans la pratique de leur religion.

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Monseigneur,

Ne trouvera pas mauvais si les Acadiens de la Georgia [Géorgie] dans la Caroline du Sud en Savane [Savanah ?] s'étant trouvés enlevés depuis huit années de leur pays trouvent aujourd'hui par votre bonté après une si longue attente de recouvrer leur liberté par votre faveur. Réjouis en même temps de la lettre qu'ils ont reçus il y a peu de temps venant de votre part, se jettent tous d'un commun accord à vos genoux vous regardant comme leur souverain protecteur et libérateur sur ce sujet, quoique indignes qu'ils soient de vous présenter ce petit placet, leurs voulant bien pardonner les fautes qui peuvent se trouver écrites dedans attendu qu'ils sont des gens élevés la plus part d'eux sans éducation ; c'est pourquoi les suppliants vous prient de vouloir bien les en excuser tous tant qu'ils sont. Leurs familles conservant à 32, dont les dites 32 familles se montent à 168 personnes, tant hommes que femmes et enfants lesquels étant portés, pour le zèle de sa majesté très Chrétienne, lui font voir aujourd'hui la grande inclination dans laquelle ils sont affectionnés pour le Service du Roi, malgré les belles offres que leurs font tous les jours Mrs les Anglais, les refusant à toute heure, et à tout instant quoiqu'elles soient fort avantageuses pour eux, mais comme ayant pris les armes à la main pour soutenir leur pays et leurs biens qu'ils ont tous perdus, malgré tout cela, rien ne les rebutent en aucune manière, mais toujours zelés pour le service de sa majesté très chrétienne.
C'est pourquoi, Monseigneur, qu'aujourd'hui nous vous en témoignons notre bonne fidélité, pour le service de sa majesté, et que nous lui promettons de lui en garder toujours la fidélité, et marque de cela nous avons tous signé notre marque ord[inaire] au bout de chaque famille, suivant la copie, et original que nous avons reçu de votre part, c'est pourquoi Monseigneur nous nous recommandons tous en général à votre bonté dont vous voudrez bien nous en témoigner la continuation, en priant Dieu pour le salut de votre âme, et celle de notre bon Roi dont nous nous reposons sur la parole et principalement sur la votre. De plus, Monseigneur, depuis l'espace de 8 années que nous sommes dans ce pays sans nous avoir confessé, ni approché des sacrements faute de prêtre Romain, nous n'avons pas discontinué de faire nos prières dans une maison particulière en observant toujours les dimanches et les fêtes comme la loi C.A.R. [catholique, apostolique et romaine] nous l'a enseigné jusqu'à présent.
Ainsi, Monseigneur, la continuation de notre infortune serait trop longue, et trop ennuyante pour vous en faire le récit tout entier. C'est pourquoi nous voulons couper au plus court, pour ne pas vous causer tant de trouble et d'ennuis en vous priant de nous vouloir bien faire rendre plusieurs enfants qui nous ont été enlevés et transportés dans des plantations d'un côté et autres où ils ont été vendus, par Mrs les Anglais. Cela est fort disgracieux pour des pauvres pères et mères, après avoir pris tant de peine à les élever, restent parmi les Anglais sans pratiquer le rite de leur religion. C'est pourquoi les suppliants vous prient, Monseigneur, vous pouvez les faire rendre, nous prions le Seigneur tout puissant pour qu'il vous mette un jour dans la jouissance celestes, c'est ce que nous vous souhaitons également comme à Sa Majesté très chrétienne sans oublier la Maison royale, et Monseigneur le Dauphin, et sommes (etc....)

Tous les Acadiens de la Georgia en Savane dans la Caroline du Sud ce 28e août 1763.

suit une liste des Acadiens [recopiée dans Roy p. 646-7]

Notes

Roy # 711 p. 645 et suiv. ; orthographe modernisée par mes soins ;
importance de la religion plutôt que de l'identité, non ? A moins que la religion, la pratique, fasse partie de l'identité ?
même si les allusions à la religion sont "stratégiques" (pour se faire bien voir),

Mots-clés

// Acadiensis
// religion
// USA
// repartir : France (?)
// culture : sans éducation

Numéro de document

000864