Document : 1762-12-02b

Références / localisation du document

MAE, Correspondance Politique, Angleterre, Vol. 448, f°218-221 [probablement 218-229]

Date(s)

1762-12-02b

Auteur ou organisme producteur

La Rochette (?) // Nivernais (?) // Acadiens (?)

Destinataire

ministre (?)

Résumé et contenu

Mémoire historique sur l'Acadie (première version du mémoire de Nivernais // La Rochette, sans le CR de la visite de la Rochette). De nombreux détails ont ensuite été supprimés dans le mémoire de La Rochette. Plusieurs pièces annexes rédigées par les Acadiens (promesse d'Anne de 1713, serments de 1730) ; la différence principale avec le mémoire de la Rochette est le fait que l'introduction historique est plus longue et remonte plus haut ; plus détaillée. En revanche, la visite de La Rochette lui même à Liverpool etc... n'est pas incluse, évidemment, puisque La Rochette n'a pas encore fait sa visite.

Résumé :
Présentation : On a demandé à l'auteur l'histoire de l'Acadie. Introduction sur la patrie, les vertus de ce peuple infortuné, etc? En marge, des notes postérieures à 1762 concernant le climat, les digues, les bêtes des Acadiens, et l'origine en 1604 de Monts.
2, 400 familles. Cédées à la paix d'Utrecht. Séparés des Anglais par le culte et le langage et attachement à leur patrie. Description idyllique, quasi biblique, de l'Acadie. [un passage en marge insiste sur leur commerce avec Louisbourg et la Nouvelle-Angleterre]. Patriotisme des Acadiens.
Seul crime des Acadiens = être papistes et Français ; on les force à signer un serment attaquant religion (et donc le traité). On disait que leurs prêtres amassaient des fusils. [note : sur l'instruction très limitée des Acadiens ; puis dit que le reproche des Anglais n'était pas destitué de fondement et que Le Loutre excitait les Sauvages et des jeunes acadiens contre les Anglais]. Si c'était vrai, il fallait punir les prêtres, mais on s'en est pris à toute la peuplade. Déportation de 12 000 habitants. [en marge, quelques détails sur Boscawen, homme dur, etc? et précision que William Shirley avait promis aux Acadiens de ne pas les déporter en 1747 [reproduit une version de la fiche @ 789 qui dit que le bruit de la déportation était infondée]. Les Acadiens travaillent aux fortifications d'Halifax après cette promesse de Shirley, mais on leur demande de prendre les armes, etc? Les familles qui voulaient, à partir de 1752, passer à l'île Royale étaient maltraitées. On confisque les fusils.
Puis, en 1755, réunion des députés à Halifax pour demander d'avoir 2 fusils par village. Emprisonnés pendant 7 semaines. Ordre de réunir toute la population, qui est déportée, " sans égard pour les familles ".
[suit le mémoire de la Rochette @ 38, avec quelques modifications signalées entre crochets].
[puis le texte identique avec la fiche @ 38 s'interrompt avant le passage de la visite de la Rochette - probablement parce que Rochette n'a pas encore fait son enquête, et ajout d'une mini-conclusion et diverses pièces annexes]

1. Copie de la proclamation de la Reine Anne en 1713
2. Copie de la Requête présentée par les Acadiens en 1730 à son excellence Monseigneur Richard Philippe, Ecuyer, capitaine général, gouverneur en chef de la province de S. M. la Nouvelle-Écosse ou l'Acadie, gouvernement d'Annapolis royal etc...
3. Copie de la réponse du gouverneur :
4. Copie de la formule du serment que les habitants [des] Mines et de Cobeguit ont prêté à son excellence.
5. copie d'un certificat de missionnaires attestant des promesses de Richard Philippe et du serment des Acadiens. (25 avril 1730).

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[en titre] Copie d'une lettre sur les Acadiens remise à M. le duc de Nivernais le 2 décembre 1762.
[en marge : notes postérieures à la lettre, 1762.]

On vous a parlé du malheur des Acadiens, il a intéressé votre âme française et sensible et vous voulez aujourd'hui que je vous en fasse l'histoire. Le sentiment que j'éprouve moi-même vous assure de mon obéissance ; c'est un hommage de plus qui sera rendu à la vertu opprimée et quelque abrégée que doive être cette histoire je voudrais pouvoir la dédier à la patrie : si ce peuple infortuné n'a plus de secours à prétendre, les coeurs vertueux ont au moins des larmes à donner à sa mémoire.

[en marge : Les Acadiens habitaient un climat très rude depuis le 43e jusqu'au 45e degré de latitude nord. Leurs terres étaient fertiles et produisaient beaucoup de froment, d'avoine et de pois, mais elles étaient exposées à de fréquentes innondations qu'ils prévenaient par des digues et des levées auxquelles ils travaillaient toujours en commun. Ils possédaient 80,000 bêtes à corne, 10,000 chevaux et plus de 160,000 moutons. Leur origine ne remonte qu'à l'an 1604 lorsque le [Sieur ?] de Monts fonda l'établissement de Port-Royal aujourd'hui Annapolis, et assigna des terres à quelques familles normandes.]

Les Français Acadiens, connus aussi sous le nom de Français neutres, étaient établis sur la Rivière d'Annapolis où ils formaient une peuplade d'environ 2,400 familles. Cédés aux Anglais par la paix d'Utrecht, ils avaient conservé, avec leurs Eglises et leurs prêtres, le libre exercice de leur religion. Toujours séparés de ces nouveaux maitres par le culte et le langage et plus encore par un attachement inviolable à leur première patrie, ils vivaient comme les anciens patriarches, au milieu de leurs troupeaux, dans l'innocence et l'égalité des premiers siècles. Ils fabriquaient eux-mêmes les étoffes [renvoi en marge : ils fabriquaient de la toile et des draps bruns rayés de rouge. Ils faisaient quelque petit commerce avec Boston et Louisbourg et avaient une barque commune pour la pêche. Plusieurs d'entres eux construisaient des corvettes qu'ils vendaient aux pêcheurs de la Nouvelle-Angleterre.] grossières qui servaient à leurs vêtements. Leur commerce était proportionné à leurs besoins, et leurs besoins étaient aussi simples que leurs moeurs étaient frugales. Tous ceux qui les ont connus parlent encore avec attendrissement de [leurs] vertus et de leur bonheur. Au milieu [des] Anglais leurs voeux furent toujours pour la France. Louis XIV, disaient-ils, put bien céder les champs où nous demeurons, mais l'amour de la patrie se change-t-il par les traités ? Cet amour causa leur ruine et leurs [voeux ?] les perdirent. On vit au commencement de cette guerre une nation policée, une nation qui refuse l'humanité à toutes les autres pour s'arroger à elle seule cette vertu, on vit cette nation là renouveller les anciennes barbaries des Gépides et des Hérules.

Il n'était pas bien difficile de supposer des crimes aux Acadiens : ils étaient papistes et Français. On les regarda comme des séditieux parce qu'ils ne voulurent jamais prêter le serment qu'on exigea d'eux. La formule de ce serment attaquait leur religion et leur religion leur était garantie par le traité. Il est vrai qu'ils étaient désarmés, mais leurs prêtres, disait-on, amassaient des fusils et faisaient des arsenaux des chapelles.
[note en marge : les Acadiens avaient huit prêtres et dix chapelles, une école publique et plusieurs écoles particulières auxquelles les prêtres présidaient. Il fallait au reste que les études fussent bien bornées dans ces diverses écoles, puisqu'il n'y avait en 1755 dans toute la colonie que trois hommes qui sçussent écrire, dont l'un était déserteur français et tabellion général. On observera ici que le reproche fait par les Anglais aux prêtres des Acadiens n'était pas destitué de fondement. L'abbé Le Loutre y avait donné lieu par une conduite qui eut été trouvée imprudente même pour un sergent de Grenadiers. II avait excité les Micmacs et les Souriquois à lever des chevelures anglaises et s'était mis à leur tête avec un crucifix. Plusieurs jeunes acadiens, alliés à ces sauvages, suivirent l'abbé Le Loutre et malgré toutes les représentations des vieillards la colonie entière fut déclarée rebelle.]
[suite du texte principal] :
Si cela était vrai, il fallait punir les prêtres. Ils le méritaient et les Acadiens étaient innocents. Ce moyen-là n'était pas le plus destructeur, aussi ne fut-il pas celui que l'on préféra. On s'en prit à toute la peuplade et les enfants même furent compris dans la proscription. Le général Lawrence fit embarquer tous ces malheureux au nombre de plus de 12000 et l'ordre fut donné de les transporter dans les diverses colonies anglaises. Ni les gouverneurs, ni les habitants des colonies n'eurent avis de cet envoi extraordinaire. C'était un rafinement de cruauté devenu nécessaire à l'accomplissement du projet qu'on avait formé.
[en marge : L'amiral Boscawen, homme dur, violent, [et ?] emporté fut le premier qui renouvella l'expédient de l'émigration générale des Acadiens déjà imaginé en 1746. Guillaume Shirley, qui était alors gouverneur de la Province du Massachussets, dans la Nouvelle Angleterre, publia en 1747 pour rassurer les Acadiens qui se disposaient à passer au Canada, une déclaration dont voici le préambule : [voir fiche @ 789, le texte est assez différent]

"D'autant que nous avons appris qu'il s'était répandu un bruit parmi les sujets du Roi, les habitants français de la province de la Nouvelle-Ecosse, qu'il se formait un dessein de leur faire quitter leurs demeures dans cette province par ma déclaration du 16 septembre 1746, je leur signifiai que le bruit n'était point fondé et qu'au contraire j'étais convaincu du bon plaisir de S.M. de protéger tous ceux qui continueront dans la fidélité et le devoir qu'ils lui doivent etc..."

Dans cette déclaration, Shirley annonce aux Acadiens que le Roi d'Angleterre ayant résolu de faire des travaux dans la province pour la mettre à l'abri des incursions, il est enjoint aux Acadiens de fournir tous les secours qu'on doit attendre d'eux. En conséquence de cette déclaration, les Acadiens travaillèrent aux fortifications d'Halifax, aux chemins militaires de la province depuis 1749 jusqu'en 1751, et à peine les travaux furent-ils achevés qu'on leur proposa de prêter le serment d'allégeance ainsi que celui de prendre les armes contre les Français ou autres lorsqu'ils seraient requis. Ils refusèrent l'un et l'autre. En 1752, on démolit plusieurs de leurs chapelles pour en faire des forts palissadés et on les obligea de travailler à ces forts. Plusieurs familles ayant alors abandonné leurs habitations pour se retirer à l'île Royale, les Anglais qui avaient des postes sur tous les passages prirent ces familles et les maltraitèrent de manière que la haine et la défiance ne firent qu'augmenter dans toute la colonie. En 1755, des détachements parcoururent toutes les habitations et s'emparèrent des armes que chaque habitant avait pour sa propre défense contre les sauvages et pour celle de ses troupeaux contre les loups et autres bêtes carnassières. Des Acadiens députèrent au gouverneur pour obtenir d'avoir deux fusils par paroisse. Le gouverneur, pour réponse, mis les députés en prison et après bien des menaces les engagea à faire assembler tous les habitants de la colonie depuis l'âge de 10 ans jusqu'à celui de 70 pour renouveller un serment dont on conviendrait. Le rendez-vous fut fixé à Annapolis, au fort Edouard et dans d'autres forts, et tous les Acadiens s'y rendirent de bonne foi, autant pour obtenir la liberté de leurs vieillards prisonniers que pour s'assurer une neutralité permanente. On les renferma tous, et comme il n'y avait aucune provision pour les nourrir, leurs femmes furent obligées, pendant 7 semaines que dura cette captivité, de leur apporter des vivres du fon des terres et d'abandonner leurs enfants, leurs habitations et leurs troupeaux à la merci des sauvages et des soldats anglais. A la fin, on embarqua toute la colonie pêle-mêle sans égard pour la réunion des familles.

[suit le texte du mémoire reproduit déjà en @ 38] ; vérifié [entre crochet les modifications]

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Quinze cents [de ces Acadiens] débarquèrent à la Virginie. Ils y furent regardés comme des prisonniers de guerre et on les renvoya presque aussitôt en Europe dans les premiers transports qui firent voile. Arrivés en Angleterre, et dispersés dans tous les ports de ce royaume, ils y périrent presque tous de misère et de chagrin. Quatre cent cinquante [au lieu de : Trois cent] abordèrent à Bristol où ils n'étaient point attendus, car on ne les attendait nulle part. Ils passèrent trois jours et trois nuits sur les quais de la ville exposés à toutes les injures de l'air. On les renferma à la fin dans quelques édifices ruinés où la petite vérole [sic, au lieu peut-être de variole] acheva de détruire tous ceux qui n'avaient pas succombé à la fatigue et au désespoir. [Il n'en mourut pas un auquel on ne put appliquer ces mots : "Et dulus moriens reminiscitur argos"].

Douze cents autres de ces malheureux furent envoyés au Maryland. Ils y arrivèrent au mois de décembre et souffrirent durant trois semaines toutes les rigueurs du froid et de la faim. On les dispersa ensuite dans les campagnes, où les plus robustes servirent de journaliers et où les vieillards et les infirmes vécurent d'aumône.
Un troisième détachement beaucoup plus considérable que les deux premiers aborda à la Caroline. Les habitants de Charleston [Charles-Town] et des autres ports ne voulurent point recevoir les Acadiens. Ils leur donnèrent deux vieux vaisseaux, une petite quantité de mauvaises provisions et la permission d'aller où ils voudraient. Embarqués dans ces vaisseaux qui faisaient eau de toutes parts, ils échouèrent bientôt sur les côtes de la Virginie, près d'Hampton, colonie Irlandaise. On les pris d'abord pour des ennemis qui venaient piller, ensuite pour des pirates, et enfin pour des hôtes dangereux dont il fallait se défaire. On les força d'acheter un vaisseau. Tout l'argent qu'ils purent rassembler entre eux se montait à 400 pièces de huit, et ce fut le prix qu'on leur demanda. Ce vaisseau valait encore moins que ceux qu'ils venaient de quitter et ils eurent toutes les difficultés du monde à se faire échouer une seconde fois à la côte du Maryland.
[en marge, précédé de la mention : note dans l'original : "Il serait injuste d'oublier de dire ici qu'un des magistrats de la Virginie, ayant appris la perfidie qu'on avait exercée contre ces malheureux, fit punir les habitants du village d'Hampton et qu'il envoya une chaloupe après les Acadiens pour les faire revenir et les instruire de l'état de leur vaisseau. Les débris de leur naufrage furent alors la seule ressource qu'ils eurent à espérer et ils passèrent deux mois sur une rive déserte à raccommoder leur vaisseau. Ils réussirent à la fin, et après avoir remis en mer pour la troisième fois, ils eurent le bonheur d'aborder dans la baie de Fundy [pas la phrase : "Le nom que nous donnons à cette baie est celui de Baie Française"] où ils débarquèrent près de la rivière St-Jean, réduits à 900 de plus de 2,000 qu'ils étaient à leur départ d'Acadie. Ce sont eux qui ayant dans la suite armé un corsaire se rendirent redoutables à tous les vaisseaux anglais qui naviguaient dans ces parages.
Le quatrième transport d'Acadiens que l'on avait destiné pour la Pennsylvanie eut moins à souffrir que ceux dont on vient de parler, une tempête ayant englouti leur bâtiment mit fin tout d'un coup aux misères qui les attendaient.

[en marge : Il y eut deux autres transports qui abordèrent à la Pennsylvanie et trois ou quatre à la Nouvelle-Angleterre. Comme la résolution de disperser les Acadiens fut prise sur le champ on se servit de tous les vaisseaux qu'on put trouver et on y entassa des hommes, des femmes et des enfants, un de ces vaisseaux qui n'était que de 40 tonneaux porta à la Virginie 247 personnes, et ce qu'il y eut de bien remarquable c'est qu'il n'en mourut pas une dans le trajet].

[le texte identique avec la fiche @ 38 s'interrompt ici - probablement parce que Rochette n'a pas encore fait son enquête, et ajout de nouveautés]

Voilà l'histoire abregée de ce malheureux peuple. Il n'existe plus. Son souvenir même est presque effacé. Puisse cet écrit le rappeler à tous les Français et leur inspirer les sentiments d'horreur qu'une dispersion aussi cruelle doit exciter. Si je connaissais un homme en place, je ne cesserais de lui [dire ? ; mot tronqué] : "N'oubliez jamais les Acadiens et souvenez vous toujours des Anglais."

Copie de la proclamation de la Reine Anne en 1713 [comparer avec fiche @ 774 : Lettre royale anglaise garantissant aux Acadiens la possibilité de rester ou de partir]

Anne, Reine fidèle et bien aimée, nous vous saluons et faisons savoir que notre bon frère le Roi Très Chrétien ayant fait sortir des prisons à notre considération plusieurs de ses sujets détenus aux galères par rapport à la Religion protestante dont ils font profession, nous voulons montrer par quelque marque de notre faveur envers ses sujets [souligné] combien nous sommes sensibles à cela. C'est ce qui nous a fait juger à propos de vous faire savoir notre volonté et bon plaisir, c'est à savoir que vous permettez [? mot tronqué] et allouerez à ceux de ces sujets qui ont des terres et des emplacements en notre gouvernement d'Acadie qui ont été ou qui sont attachés à nous en vertu du dernier traité de paix et sont dans la volonté de devenir nos sujets de retenir et posséder les susdites terres et emplacement sans aucuns payements, loyers et trouves quelconques, aussi pleinement ou abondamment et librement que nos autres sujets sont ou peuvent posséder leurs terres et biens ou de les vendre s'ils aiment mieux se retirer ailleurs. Ce faisant, vous exécuterez nos volontés et ainsi nous finissons. Donné en notre cour de Kensington, ce 28 juin 1713, l'an 12e de notre regne.
Par le commandemnet de Sa Majesté, Signé Dartmouth

et sur l'adresse : à notre fidèle et bien aimé François Nicholson, écuyer, gouverneur de notre province de la Nouvelle-Ecosse, ou Acadie, commandant en chef de nos troupes dans la dite province.

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Copie de la Requête présentée par les Acadiens en 1730 à son excellence Monseigneur Richard Philippe, Ecuyer, capitaine général, gouverneur en chef de la province de S. M. la Nouvelle-Ecosse ou l'Acadie, gouvernement d'Annapolis royal etc...
Les Habitants des mines et autres rivières qui en dépendent supplient très humblement son excellence qu les dits habitants qui auront prêté le serment de fidélité à SM. le Roi George II de les assurer de la grâce du libre exercice de leur religion et demeurer [sic] des missionnaires pour les instruire. De leur accorder l'entière possession de leurs biens à eux et leurs hoirs [héritiers] en payant les droits accoutumés dans ce pays. C'est la grâce que nous les députés demandons à votre excellence et nous sommes avec tout le respect imaginable de votre excellence, les très humbles etc...

Copie de la réponse du gouverneur :

Sous condition que les susdits habitants se comporteront avec soumission et fidélité au Roi, je leur accorde et à tous ceux au nom desquels ils se présentent, de l'étendue des mines, de la part du Roi tout ce qu'ils ont demandé dans la présente requête. Donné à la Grand Pré [écrit : Grandprais] aux Mines, ce 25 avril 1730.
Signé Richard Philippe

Copie de la formule du serment que les habitants [des] Mines et de Cobeguit ont prêté à son excellence.

Je promets et jure sincérement en foi de chrétien que nous serons véritablement fidèles et nous soumettrons véritablemnent à sa majesté le Roi George II que nous reconnaissons pour le souverain seigneur de la Nouvelle Ecosse ou Acadie ; ainsi Dieu me soit en aide.

N.B. Au commencement de la guerre (en 1758), on voulut substituer à cette formule celle du serment d'allégeance et les Acadiens refusèrent de le prêter.

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copie du certificat des missionnaires

Nous, Charles de la Gaudalis, prêtre curé missionnaire de la paroisse des mines et Noel Alexandre Noiville, prêtre, bâchelier de la sacré faculté de théologie de Sorbonne, missionnaire apostolique et curé de l'Assomption et de la sainte famille de Pigiguit, certifions à qui il appartiendra que son excellence le seigneur Richard Philippe Ecuyer capitaine en chef et gouverneur général de la province de Sa Majesté en Nouvelle Ecosse ou l'Acadie, a promis aux habitants des Mines et autres rivières qui en dépendent qu'il les exempte [? mot tronqué] du fait des armes et de la guerre contre les Français et les Sauvages et que les dits habitants se sont engagés uniquement et ont promis de ne jamais prendre les armes dans le fait de la guerre contre le Royaume d'Angleterre et son gouvernement. Le présent certificat fait et donné signé par nous ci nommés le 25 avril 1730 pour être mis entre les mains des habitants et leur valoir et servir partout ou besoin ou que de raison en est.
Signé : curé de la Gaudalis
Noel Noiville, prêtre et missionnaire

Collationné le 25 avril : de Bourg ; Bellehumeur.

Notes

signalé par Lauvrière ; voir aussi fiche @ 38 [certains passages sont communs aux deux fiches] ; voir aussi fiche @ 909 [autre version du même mémoire] ; aussi reproduit en partie par Casgrain # 1397 p. 397 [la page indiquée n'est pas une erreur !] // également mentionné par Winzerling qui l'attribue aux Acadiens réfugiés au Maryland.
L'auteur est peut-être Nivernais (cf. fiche ci-avant), à moins que Nivernais n'ait puisé dans ce mémoire pour écrire son propre texte (cf. fiche ci-après)

Mots-clés

// perception : Acadiens = Français
// mémoires historiques
// nation : désigne les Anglais
// UK
// désignation : Français Acadiens ; Français neutres

Numéro de document

000872