Document : 1763-02-17b
Références / localisation du document
MAE, Correspondance Politique, Angleterre, Vol. 449, f°333 ou 330
Date(s)
1763-02-17b
Auteur ou organisme producteur
Nivernais
Destinataire
Praslin
Résumé et contenu
Lettre introductive au mémoire de Nivernais [@ 38]. Annonce de la paix et quelques détails sur la rédaction du mémoire de La Rochette et sur La Rochette lui même.
A Londres, le 17 février 1763
N° 97 . 1ère lettre. Répondu le 1er mars.
Monsieur le Duc,
C'est Monsieur d'Eon qui va à Paris porter à M. le duc de Bedford les ratifications et c'est un témoignage d'amitié et de cordialité de la part du Roi d'Angleterre qui, contre l'usage ordinaire, a été bien aise de se servir d'un français pour cette honorable et importante commission qui met le dernier sceau à la consommation du grand ouvrage de la Paix. Vous savez que l'usage est ici de récompenser magnifiquement ceux qui sont chargés de ces sortes de commissions, mais M. d'Eon est trop désintéressé pour avoir une semblable perspective ; vous le metteriez au comble de ses voeux en lui procurant seulement la croix de Saint-Louis ou le brevet de lieutenant colonel à la suite de son régiment, car il est toujours dans le coeur aussi militaire que vous le connaissez [...].
J'ai l'honneur de vous envoyer ci-joint deux mémoires, l'un sur les prisonniers français et l'autre sur les Acadiens. C'est le Sieur de la Rochette qui m'en a fourni les meilleurs matériaux. Je les ai rédigés avec tout le soin et la réflexion dont je suis capable, et je n'y ai mis aucun fait dont la vérité ne soit certaine, ni aucune proposition dont l'utilité ne me paraisse démontrée. Je vous supplie de me donner le plus promptement qu'il sera possible vos ordres et instructions à ce sujet. Vous ne sauriez vous imaginer et je ne saurais vous peindre à quel point c'est un spectacle touchant que celui de ces bons acadiens. Leur attachement pour la France et pour le Roi est au dela de toute expression, ils se sont pris aussi d'une affection singulière et particulière pour moi et depuis qu'ils savent je suis seigneur d'une île dans le voisinage de la Bretagne, ils désirent avec ardeur d'être placés dans cet endroit de préférence à tout autre. Je ne vous cacherai pas, Monsieur le duc, que, de mon côté, cet arrangement s'il est praticable, me ferait grand plaisir. Il serait honorable et avantageux pour moi. Honorable en ce que cette colonie d'habitants américains dans ma terre serait un monument du service que j'ai pu faire ici, et avantageux en ce que ma terre mieux et plus cultivée, augmenterait de valeur.
Je mets cela entre vos mains, M. le duc, et m'en rapporte d'abord à votre bon et juste discernement pour l'évaluation de l'idée, et ensuite à l'amitié dont vous m'honorez pour le succès.
Je vous propose, dans le mémoire sur les prisonniers français, de créer le Sieur de la Rochette commissaire pour inspecter les prisonniers dans les diverses prisons, avant de les faire embarquer, et je dois ajouter ici que je pense très sincérement qu'il est le seul en état de bien faire cette besogne. Elle serait hérissée de difficultés insurmontables pour tout Français qui viendrait ici sans avoir la facilité de parler anglais, sans être familiarisé avec les lois et coutumes de l'Angleterre et sans avoir aucune connaissance préalable de la situation et des sentiments de nos prisonniers.
C'est ce même Sieur de la Rochette dont je vous ai parlé il y a quelque temps, pour en faire ici un agent ou commissaire autorisé ainsi que cela est pratiqué par plusieurs cours. Je crois que ces établissements vous seront d'une très grande utilité surtout en cas d'un renouvellement de guerre. Je crois pouvoir vous assurer positivement que le Sieur de la Rochette vous rendrait en cette qualité et sous ce prétexte de très grands services.
[la suite est hors sujet]
Signé : Duc de Nivernais.
Notes
2 numérotations pour cette lettre
Mots-clés
// désignation = habitants américains
// allégeance
// UK
// Bouin
Numéro de document
000905