Document : 1768-03-01a

Références / localisation du document

Joseph-Marie Lanco, "Les Acadiens à Belle-Île en-Mer. Correspondance de M. l'abbé le Loutre, Missionnaire apostolique, avec M. le baron de Warren, Maréchal des camps et armées du Roy, commandant pour le Roy à Belle-Isle", Supplément au "Lys", Bulletin mensuel de la paroisse et du pèlerinage de Notre-Dame du Roncier, Josselin, diocèse de Vannes, Morbihan, (mars 1924) . // AD Morbihan, Série E, correspondance de Warren (série 1-2 E)

Date(s)

1768-03-01a

Auteur ou organisme producteur

Le Loutre

Destinataire

Warren

Résumé et contenu

Le Loutre à Warren : fait passer un nouveau paquet à Le Maigre (Le Blanc). Il continue à travailler à l'établissement des familles acadiennes "qui restent à placer et dont le nombre vient d'augmenter par l'émigration des îles Saint-Pierre et Miquelon.". Disparition de Choiseul, Praslin s'est déchargé du problème sur le C.G. que Le Loutre a rencontré pendant un long moment. Tout traine ; il aimerait mettre les Acadiens "en état de n'être à charge au gouvernement, et de vivre de leurs travaux et de leur industrie".

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Le Loutre à Warren. Paris le 1er mars 1768.

Monsieur, je prends la liberté d'insérer ici un paquet sous votre enveloppe pour faire remettre au sieur Lemaigre ; ce sont des papiers qui le regardent et un rescription pour toucher les cinq premiers mois de la pension que le Roi a bien voulu lui accorder. J'ose me flatter que vous voudrez, Monsieur, me le pardonner : je n'ai point perdu le souvenir de vos bontés, je vous regarde toujours comme le père de mes chers Acadiens. Je connais votre bon coeur, et je sais que vous n'aimez qu'à faire du bien. Je vous supplie, Monsieur, de les regarder comme vos enfants, et de continuer à les honorer de votre protection.

Je suis encore ici sans pouvoir terminer l'affaire de l'établissement des familles acadiennes, qui nous restent à placer, et dont le nombre vient d'augmenter par l'émigration des îles Saint-Pierre et Miquelon. Nous avons beaucoup perdu en M. le duc de Choiseul. M. le duc de Praslin s'est entièrement déchargé et a donné le soin de cet établissement à M. le C.G. Il est vrai qu'il m'a promis dans une longue conférence que j'eus avec lui à Fontainebleau qu'il les établirait solidement ; mais ses opérations ne sont pas encore finies et je ne sais pas quand elles finiront. Il vous faut avouer que je m'ennuie beaucoup dans ce pays, et que j'y dépense beaucoup d'argent ; mais je suis toujours déterminé à ne point abandoner mon entreprise que je ne la voie terminée. A force d'importunité, j'espère en venir à bout. Je me touverais heureux si je puis tirer ces pauvres familles de la misère, les mettre en état de n'être à charge au gouvernement, et de vivre de leurs travaux et de leur industrie.
J'ai appris que M. Hervagault a fini ses opérations. Je pense qu'il a contenté tout le monde, ce qui pourtant est bien difficile dans de pareilles circonstances. J'espère qu'il pensera présentement à faire distribuer ce qui restait des 56 000 livres aux Acadiens, ils en ont bon besoin. Je souhaite qu'ils puissent faire une bonne récolte avant que la solde des 6 sols vienne à leur manquer. Je tâcherai de la leur faire obtenir jusqu'à la fin de décembre prochain. Je vous souhaite une bonne santé.

Je suis avec respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Mots-clés

// BIM
// SPM

Numéro de document

000924