Document : 1768-11-26
Références / localisation du document
Joseph-Marie Lanco, "Les Acadiens à Belle-Île en-Mer. Correspondance de M. l'abbé le Loutre, Missionnaire apostolique, avec M. le baron de Warren, Maréchal des camps et armées du Roy, commandant pour le Roy à Belle-Isle", Supplément au "Lys", Bulletin mensuel de la paroisse et du pèlerinage de Notre-Dame du Roncier, Josselin, diocèse de Vannes, Morbihan, (mars 1924) . // AD Morbihan, Série E, correspondance de Warren (série 1-2 E)
Date(s)
1768-11-26
Auteur ou organisme producteur
Le Loutre
Destinataire
Warren
Résumé et contenu
Le Loutre à Warren : suite des conflits à BIM ; établissement des Acadiens dans un même canton ; continuation de la solde jusqu'en décembre.
ne comprend pas les raisons qui font que le recteur de Bangor persécute Babin. Il a bien reçu les extraits de la lettre des commissaires à Kermarquer. Il compte se rendre à BI avant Noel et régler des problèmes sur place. Il cherchera alors des familles acadiennes pour remplacer les familles qui risqueraient d'être expulsées de BIM. Il aura bientôt une décision du ministère pour l'établissement de tous les Acadiens qui devraient être regroupés tous ensemble dans un même canton. Il a aussi obtenu la continuation de la paie des Acadiens jusqu'à la fin décembre (1768).
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Paris, 26 novembre 1768.
Monsieur, j'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. Je ne puis vous exprimer ma reconnaissance pour les bontés que vous avez témoigné à nos Acadiens. Les termes me manquent, mais je vous prie d'être persuadé qu'elle ne finira qu'avec ma vie.
Je ne saurais concevoir les raisons que peut avoir le recteur de Bangor pour persécuter si longtemps le pauvre Babin. L'affaire du petit sentier a été décidée, et toutes ces tracasseries qui en sont les suites devraient finir. J'écris à Babin et lui marque de prendre patience - tout cela n'aura qu'un temps - et il me parait que ce n'est pas un motif suffisant pour abandonner sa concession, c'est un bien fond qui pourrait un jour servir à ses enfants.
J'ai lu avec attention l'extrait de la lettre de MM. les commissaires au sieur Kermarquer. Je vous suis très obligé, Monsieur le Baron, de votre attention ; j'écris par cet ordinaire à la commission pour lui demander de vouloir bien suspendre pour un temps l'exécution de ses ordres. Comme je compte partir avant les fêtes de Noël, mon premier soin sera de me rendre directement à Belle-Ile, pour voir et examiner toutes choses par moi-même et me mettre en état d'en rendre compte à MM. les commissaires. J'espère qu'ils voudront bien m'accorder cette grâce, et une fois que je serai dans votre Empire nous chercherons les moyens les plus propres pour arranger cette affaire le plus avantageusement qu'il sera possible pour nos Acadiens, et en même temps à la satisfaction de la Province.
Ensuite de ces opérations, nous chercherons ensuite quelques familles acadiennes pour remplacer celles qui se trouveraient dans le cas d'être expulsées. Voilà, Monsieur le Baron, tout le plan que je dois suivre ; car je dois agir avec prudence et beaucoup de précaution, afin de plaire à la commission en faisant exécuter ses ordres, et en même temps ménager l'intérêt des Acadiens.
Je suis sur le point, Monsieur, d'avoir une décision du ministère sur l'établissement des familles qui nous restent encore à établir en France ; on est enfin résolu de les placer toutes dans un même canton, et il parait qu'il n'y a plus que certains arrangements à prendre et à convenir des conditions pour finir et mettre la dernière main à cette affaire. Vous voyez, Monsieur, que mon voyage de Fontainebleau n'a pas été inutile, et je ne regretterai jamais ni mes peines ni mes dépenses, si je puis réussir à placer avantageusement ces pauvres familles.
Je manquerais à mon devoir si j'oubliais de vous informer, Monsieur le Baron, que j'ai enfin obtenu de M. le duc de Praslin la continuation des six sols par jour aux familles acadiennes établies à Belle-Ile jusques et y compris le dernier de décembre. En conséquence, il a donné ses ordres à M. de Clugny et la lettre du Ministre a été mise à la poste le douze du présent mois.
Permettez que je vous demande votre protection pour ces Acadiens. C'est une grâce que j'ose espérer, comme celle de vous présenter l'hommage du respect avec lequel je suis et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Notes
[note de Lanco : une annotation, inscrite par M. de Warren, en marge de cette lettre, nous apprend qu'il n'y répondit pas, du moins par écrit. Il est probable que M. Le Loutre put réaliser son projet de séjour à Belle-Ile ; mais nous n'en avons pas trouvé trace dans les papiers du général.]
Mots-clés
// RED
// BIM
// secours
Numéro de document
000927