Document : 1772-09-26
Références / localisation du document
Joseph-Marie Lanco, "Les Acadiens à Belle-Île en-Mer. Correspondance de M. l'abbé le Loutre, Missionnaire apostolique, avec M. le baron de Warren, Maréchal des camps et armées du Roy, commandant pour le Roy à Belle-Isle", Supplément au "Lys", Bulletin mensuel de la paroisse et du pèlerinage de Notre-Dame du Roncier, Josselin, diocèse de Vannes, Morbihan, (mars 1924) . // AD Morbihan, Série E, correspondance de Warren (série 1-2 E)
Date(s)
1772-09-26
Auteur ou organisme producteur
Warren
Destinataire
Le Loutre
Résumé et contenu
Cris de détresse du Baron de Warren : la récolte a été très mauvaise ; pas de pêche ; les régisseurs sont seulement occupés de réclamer la redevance, ils ne veulent même pas prêter des grains pour la saison prochaine. Demande à l'abbé d'écrire un mémoire au C.G. pour qu'il secourre les pauvres Acadiens. Sinon, c'est dix ans d'efforts qui seront annéantis.
Le Baron de Warren à l'abbé Le Loutre.
Belle-Ile, 26 septembre 1772.
Où êtes-vous ? Monsieur l'abbé ? Vos lettre ne vous parviennent-elles plus ? Ignorez vous la triste situation de nos pauvres colons ? Que vont-ils devenir après une année aussi malheureuse, sans grain et sans pêche ? Toutes les portes leur seront-elles fermées ? Ils ne peuvent ébranler la dureté des régisseurs, qui, seulement occupés de la perception de la redevance, sont sourds à leurs cris et leur refusent inhumainement, à ce que dit le receveur ici, le prêt du grain pour ensemencer les terres préparées ; que peuvent-ils attendre de ce procédé, qui ne tend qu'à leur destruction ? Abraham [note de Lanco : "Abraham Gendre, pensons-nous. Il était afféagiste au village de Kerso, en Locmaria"], pressé par la misère, lui cède, pour cinquante écus, sa terre, sa maison, ses écuries, étables et grange. De pareils exemples tolérés encouragent la rapacité. Le Roi perd de bons sujets. Que n'obtenez-vous de faire remplacer ceux qui quittent par d'autres ? Qu'on leur conserve deux ans la paye ; ce sera après ce temps une charge de moins à l'Etat. Vous devriez bien, Monsieur l'abbé, en dresser un mémoire et le présenter à M. le Contrôleur général, qui ayant tant en vue et à coeur le bien de l'Etat, ordonnera en Ministre et en Citoyen les secours urgents que son humanité reconnue lui dictera. Je vois sans cela avec douleur évanouir toutes mes espérances. La culture, la prospérité de l'Ile pour le vrai bien de la patrie, leur établissement, leur aisance en a fait depuis dix ans ma plus chère occupation. Je les perdrai, si vous ne vous évertuez pas à les secourir.
N'oubliez pas, après tout ce que vous avez fait pour eux, que vous êtes le Moïse de ces pauvres Israëlites. Bonjour, Monsieur l'abbé, vous connaissez toute l'étendue de mes sentiments pour vous. Le baron de Warren.
P.S. Les suivants seront forcés à abandonner s'ils ne sont aidés promptement : Jean Le Blanc et Pierre Le Blanc, à Bernantec ; Mauger, à Bangor ; Duon, à Marta ; Pierre Le Blanc, à Borderune ; Alex. Aucoin, à Calastrenne ; Boudrot, à Kernest ; Alex. Trahan, à D. - Les uns ont perdu des boeufs, d'autres des chevaux, tous peu ou point de récolte.
Mots-clés
// BIM
// secours
Numéro de document
000929