Document : 1763-05-18
Références / localisation du document
ANC, MG18 - F14 (Fonds Papiers de La Rochette), vol. 1 p. 388 // MAE Correspondance Politique Angleterre supplément 13
Date(s)
1763-05-18
Auteur ou organisme producteur
de la Rochette
Destinataire
Nivernais (?)
Résumé et contenu
Compte rendu par La Rochette de l'embarquement des Acadiens. Butin de ceux ci : Acadiens ensauvagés ?
"si ces bonnes gens n'avaient pas eu une quantité si prodigieuse de butin (c'est le mot dont ils se servent à l'imitation des sauvages pour désigner leurs effets en général) ils auraient été plus à leur aise. Mais ce butin remplit presque toute la calle et une partie de l'entrepont."
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Southampton, le 18 mai 1763
Monsieur,
je suis arrivé ici le 15 au soir ainsi que j'avais eu l'h. de vous en prévenir dans ma lettre datée de Bristol du 14 mai mais je n'ai pas pu procéder dès le lendemain à l'embarquement des Acadiens tant des Acadiens de Southampton que de ceux de la première division [passage raturé difficile] n'étant arrivé qu'avec ceux de la troisième division et cela par un mal entendu des conducteurs quoiqu'il en soit la marche de toutes les divisions a été assez heureuse et s'est faite sans accident. Les femmes enceintes et les malades sont tous arrivés à bon port au moyen des chaises, cheveaux, etc... que je leur ai fait fournir sur la route, à l'exception cependant d'un enfant de 19 mois qui est mort le 15 à Salisbury et que j'ai fait enterrer ici hier. Cet enfant au reste était mourant en partant de Bristol et un apothicaire anglais avait décidé qu'il n'en pourrait réchapper de sa maladie et je me rapportais d'autant plus à cette décision que celui qui la donnait en devait être sûr ayant été l'apothicaire médecin du malade. Je trouvai en arrivant ici tous les effets des acadiens de la première division partie de Bristol embarqués à bord de la corvette la Dorothée suivant les ordres que j'en avais expédiés antérieurement au capitaine. Je ne dois pas oublier vous dire, Monsieur, que les capitaines se sont prêtés avec une activité singulière à exéctuer tout ce qui leur a été prescrit tant pour la célérité de l'embarquement que pour la commodité de leurs passagers surtout le Sr Laventant que je prendrai la liberté de recommander particulièrement. Je leur ai délivré à chacun un certificat qu'ils m'ont demandé et dont la copie est ci-jointe. Le 16 à 5 heures du soir la seconde et la troisième division sont arrivées ici.
[a fait embarquer leurs effets et les passagers ;
détails sur l'embarquement ;
"j'ai acquitté toutes les dettes contractées par les Acadiens, ainsi que tous les faux frais que leur embarquement a exigé."
"si ces bonnes gens n'avaient pas eu une quantité si prodigieuse de butin [mot souligné dans le texte, avec la note de la Rochette qui suit entre parenthèse] (c'est le mot dont ils se servent à l'imitation des sauvages leurs anciens voisins pour désigner leurs effets en général) ils auraient été plus à leur aise. Mais ce butin remplit presque toute la calle et une partie de l'entrepont."
La Rochette a fait embarquer des prisonniers (pour l'essentiel des "officiers ou les Louisbourgeois")
enfin, les acadiens de Penryn n'ont point eu leur paye depuis deux mois (et il faudrait écrire aux officiers anglais)
"comme il parait que M. Guiguier, premier commissaire à Londres, des prisonniers de guerre, n'avait point donné d'ordre à Bristol pour le payement des Acadiens, au moins suivant le rapport du commissaire de Bristol, il serait peut-être nécessaire que vous le fissiez se ressouvenir de ce qu'il me promit avant de partir au sujet des Acadiens de Penryn qui n'ont point eu leur paye depuis deux mois : s'il était possible que M. Guiguier écrivit Samedi 21 la lettre arriverait à temps pour que ces pauvres gens reçussent leur paye avant l'embarquement.
Notes
pas de précision sur l'origine des fonds des papiers de la Rochette ; il s'agit visiblement d'un brouillon parfois relativement difficile à lire et à suivre ; une copie de cette lettre (copie cette fois parfaitement lisible et claire) se trouve dans MAE Correspondance politique angleterre supplément 13.
Dictionnaire de l'Académie : BUTIN. s. m. sans pluriel. Argent, hardes, bestiaux, &c. qu'on prend sur les ennemis. Riche butin. Grand butin. Faire du butin. Les soldats revinrent chargés de butin. Il eut tant de chevaux pour sa part du butin. Partager le butin.
Quand on parle des guerres d'à présent, Butin ne se dit guère que de ce que les Soldats pillent sur les ennemis.
à noter que le Trévoux n'indique pas non plus d'origine amérindienne pour ce terme ; et que le Dictionnaire Historique de la Langue Française affirme que le mot est attesté dès 1350 et qu'il s'agit d'un emprunt d'origine germanique.
une partie de cette lettre est aussi citée dans Griffiths p. 81 (# 1177)
Mots-clés
// sauvages
// UK
// culture : imitation des sauvages (emploient un mot sauvage : "butin" ; mais le mot dans le Dictionnaire de l'Académie existe déjà)
Numéro de document
001064