Document : 1778-08-26

Références / localisation du document

ANC, MG6 A15, série C [microfilm F 849] // AD Calvados [Caen], C 1021

Date(s)

1778-08-26

Auteur ou organisme producteur

Acadiens de Cherbourg

Destinataire

Esmangart, intendant de Caen

Résumé et contenu

Pétition des Acadiens de Cherbourg. Plaintes au sujet de la suspension de leur paye. Rappelent leurs liens avec de La Tour (noblesse).

A Cherbourg le 26 août 1778

Monseigneur,

Les infortunés Acadiens résidents à Cherbourg depuis la dernière guerre qui les a forcé d'abandonner leurs biens et leur pays dévasté par les Anglais, ont l'honneur de représenter très respectueusement à votre grandeur qu'ils sont réduits dans la plus affreuse misère par la suspension de la paie que le Roi leur a toujours accordée depuis qu'ils ont passé en France.
Ceux qui habitent Cherbourg sont au nombre de 85 composants vingt familles la plupart infirmes vieillards et petits enfants hors d'état de subsister sans les bienfaits de sa majesté. Cinq de ces familles au nombre de 23 personnes n'ont pas touché un sous de la paie du Roi depuis le premier juillet 1773 et il leur en est dû cinq années deux mois d'arrérages. Les quinze autres familles au nombre de 63 personnes n'ont point été payées depuis le premier janvier 1777. En sorte qu'il leur est dû 20 mois de leur solde.
Ces infortunés se trouvent réduits dans une si affreuse misère et si chargés de dettes tant pour le pain qu'on leur refuse à crédit que pour le loyer des maisons où ils logent, qu'ils ne peuvent trouver aucun vivres pour leur subsistance à cause de la privation de leur paye et qu'ils sont menacés d'être réduits sur le pavé à la Saint-Michel prochaine s'ils ne payent point leurs loyers.

Dans cette circonstance, Monseigneur [écrit en plus gros, comme souvent], ces pauvres acadiens ont recours à vos bontés et supplient votre grandeur [écrit en gros] de leur accorder les secours dont ils ont le plus pressant besoin. Vous avez bien voulu depuis quelques mois faire prendre un état de leurs familles par M. votre subdélégué de Vallognes, et vous aurez vu leur situation affligeante. Elles descendent presque toutes de haut et puissant seigneur Messire [etc..] de la Tour, [etc.] à cause de demoiselle Anne de Saint-Etienne de la tour, sa fille qui épousa en 1650 Jacques Mius écuyer seigneur d'Entremont père commun des familles d'Entremont qui sont à Cherbourg dans la plus triste position, après avoir abandonné les biens considérables qu'ils possédaient en acadie pour rester fidèles à leur religion et à leur roi.

Les suppliants osent espérent, Monseigneur [gros], que vous aurez pour eux la bonté de solliciter de la bienfaisance du Roi une solde annuelle et de faire payer le plus tôt possible les arrérages de cette solde depuis les années 1773 et 1776 qu'elle a été suspendue et ils ne cesseront de dresser leurs voeux au ciel pour la précieuse conservation de votre grandeur.

A Cherbourg le 26 août 1778

Mots-clés

// secours
// Cherbourg

Numéro de document

001138