Document : 1779-10-06a
Références / localisation du document
ANC, MG6 A15, série C [microfilm F 849] // AD Calvados [Caen], C 1021
Date(s)
1779-10-06a
Auteur ou organisme producteur
subdélégué Sivard de Beaulieu (subdélégué de Valognes)
Destinataire
intendant de Caen (Esmangart)
Résumé et contenu
"Je suis informé que l'attachement singulier que ces gens ont les uns pour les autres permettra difficilement leur séparation". Lettre très intéressante d'un subdélégué à Valognes : donne une bonne description des Acadiens
Valognes, 6 octobre 1779
Monsieur,
Pour répondre aux vues de bienfaisance que vous m'avez fait connaitre par votre lettre du 30 août j'ai pris les éclaircissements les plus exacts qu'il a été possible sur la situation des malheureux acadiens domiciliés à Cherbourg. Je dois l'état que j'ai l'honneur de vous en envoyer au zèle et aux connaissances de M. de Garentot, Lieutenant général de police et Deshayes commissaires de la marine, et leur rapport mérite certainement toute confiance. Je suis informé que l'attachement singulier que ces gens ont les uns pour les autres permettra difficilement leur séparation et que les enfants verraient avec peine leurs père et mères dispersés dans des hospices de charité ; quelques secours en argent économiquement distribués seraient plus favorables à leur manière de penser, et seraient peut être moins onéreux à l'administration attendu que les ressources du travail des enfants pourraient concourir au soulagement de leurs pères infirmes. D'autant qu'on ne leur reproche point la fainéantise quoique le gout des jeunes valides paraisse plus généralement décidé pour la navigation, il s'en trouverait quelques uns qui préféreraient d'apprendre quelques métiers et d'après la connaissance que l'on pourrait acquérir de leur aptitude, la remise de quelques fonds aux mains de personnes prudentes et à portée de les veiller serait le parti qui semblerait mieux remplir vos vues ; il en serait de même pour les filles auxquelles le métier de coudre et blanchir serait le plus convenable et le plus propre à leur procurer des ressources pour l'avenir. Les petits enfants ne paraitraient pas avoir un moindre droit à vos bontés pour faciliter leur éducation et les conduire au moment où ils seraient en état de prendre un parti, ou de s'appliquer à quelque travail.
Si au regard des infirmes vous préfériez de les faire passer dans quelque dépôt je crois que l'hôpital de Cherbourg pourrait les recevoir moyennant la pension que vous voudriez bien en régler.
Je suis avec Respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Sivard de Beaulieu
Notes
voir la liste qui suit des Acadiens demeurant à Cherbourg
Mots-clés
// RED
// perception
// culture
// Cherbourg
// secours
Numéro de document
001148