Document : 1771-05-00a

Références / localisation du document

BM Bordeaux, MS 1480, f°36-44 / 26 // Ernest Martin, Les Exilés Acadiens en France au XVIIIe siècle et leur établissement en Poitou, Paris, Hachette, 1936 (rééd. en fac-similé, Brissaud, Poitiers, 1979). p. 274

Date(s)

1771-05-00a

Auteur ou organisme producteur

Le Loutre

Destinataire

de Boynes

Résumé et contenu

Le Loutre à de Boynes qui vient d'être nommé au ministère ; LL lui fait donc un compte-rendu complet de la situation et lui demande de devenir protecteur des Acadiens et d'activer leur établissement (notamment en parlant du problème au Conseil du Roi). Lui explique l'origine du problème acadien. Récit historique mythique.

Le Loutre présente le problème acadien au ministre qui vient d'être nommé et de qui il espère beaucoup de choses. Refrain habituel : "Jamais nation n'a tant souffert pour son Roi et n'a fait de plus généreux sacrifices à la patrie et à la religion."
Présentation historique du problème. Les Acadiens sont des sujets du Roi de France : ils sont soumis aux Anglais avec le privilège de neutralité, "néanmoins le Roi de France n'avait point de meilleurs sujets dans aucun lieu de son obéissance". Ils ont cependant aidé les Français (ravitaillement de l'expédition du duc d'Anville).
Peinture d'une très grande prospérité en Acadie, mais pressions anglaises. De nombreuses familles vont s'établir à l'île Saint-Jean. Evocation de la prise de Louisbourg et l'arrivée des premiers Acadiens dans les ports de France. Ils sont secourus par les habitants : "Des squelettes plus que des hommes, de ceux qui débarquèrent dans les ports de France malades et mourants, il en périt un très grand nombre malgré les secours abondants qu'ils reçurent des habitants."
Récit du rassemblement des Acadiens à Beauséjour et Halifax. On demande à ce qu'ils prêtent le serment de fidélité. Un vieillard dit qu'ils veulent garder le privilège de neutralité et que jamais ils ne porteront les armes contre la France. Le général menace de leur passer l'épée au travers du corps. Le vieillard répond : "vous n'arracherez jamais de mon c?ur mon attachement pour ma religion, ni ma fidélité pour mon premier et légitime souverain Louis".
Déportation (Acadiens parqués sur une île et déportés en N. Angl.). Les autres Acadiens se rendent à l'île Saint-Jean et sont transportés au Québec.
Transportés en Angleterre pendant la guerre, ils ont contacté le duc de Nivernais et on leur a fait la promesse de les établir, mais pour l'instant ils croupissent dans des ports dans l'attente d'un établissement et dans la misère : les secours sont souvent distribués avec retard. Plusieurs sont morts de froid et de misère.
Est content de la nomination de de Boynes et lui rappelle une correspondance de L'Averdy et d'Invau où la question des Acadiens est jugée d'affaire d'État.
L'établissement des Acadiens est "véritablement une affaire d'Etat, il y va de l'honneur et de l'intérêt du gouvernement".
Evocation du projet de sortie du Royaume pour aller en Louisiane (où de nombreuses autres familles acadiennes les appellent et où le gouv. espagnol les laisserait s'établir en leur donnant des terres et des outils), mais Praslin lui, a toujours refusé l'autorisation de laisser sortir les Acadiens (allusion à ce même fait dans une autre lettre de LL : @ 000064, été 1768). Les Acadiens s'attendaient alors qu'on leur propose des établissements comme celui de BIM, mais ces propositions n'ont pas eu lieu.
Evocation d'un projet de peupler la Corse (Le Loutre rappelle qu'il s'est rendu sur place, mais que depuis il n'a plus entendu parler du projet).
Implore ensuite de Boynes de s'occuper des Acadiens, de devenir leur protecteur et de parler de leur situation au conseil du Roi.

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en marge : copie d'une lettre de Le Loutre à De Boynes

A Monseigneur de Boynes, ministre et secrétaire d'Etat de la Marine

Monseigneur,

Permettez que j'implore votre puissante protection en faveur des Acadiens dispersés dans les différentes parties du Royaume, votre avancement au ministère m'inspire la plus grande confiance, et semble m'autoriser à vous en faire le portrait. Il est frappant et si je suis assez heureux pour vous les faire connaître, vous verrez que ce peuple mérite quelque considération. Jamais nation n'a tant souffert pour son Roi et n'a fait de plus généreux sacrifices à la patrie et à la religion.
L'Acadie ayant été cédé à l'Angleterre par le traité d'Utrecht, les Acadiens ne se soumirent aux Anglais qu'après avoir obtenu le privilège de neutralité et de ne jamais porter les armes contre la France ; ils écrivent dans ce temps aux gouverneurs de Québec, que quoique la nécessité les eusse forcés de se soumettre aux Anglais, pour leur sûreté présente, néanmoins le Roi de France n'avait point de meilleurs sujets dans aucun lieu de son obéissance.
Cet amour des Acadiens pour la religion et pour le Roi leur premier maître n'a fait que s'enflammer (?) de plus en plus et s'est perpétué de race en race comme un v?u de la nation qui l'a rendue supérieure à tous les évènements.
Les Acadiens jouissaient de la plus noble liberté, chaque famille possédait un terrain immense, sans redevance, sans charge ni imposition et sans corvée ; la fertilité de leur terre récompensait leur travail par la plus grande abondance et les pâturages fertiles les rendaient riches en bestiaux. Tout conspirait à les rendre heureux, leur attachement à leur premier maître est la cause des disgrâces sans nombre qu'ils ont éprouvé. L'Expédition infructueuse de M. le duc d'Anville (?) en fut l'occasion. Ils envoyèrent à bord de cette escadre des pelots (?) [mot tronqué] côtiers, des b?ufs, des moutons, des volailles, des légumes de toutes sortes, des rafraîchissements. C'était là le moment de signaler leur zèle et d'espérer avec fondement de se délivrer du joug des anglais sous lequel ils gémissaient depuis 1713. Mais le malheureux succès de cette expédition et la connaissance qu'eurent les ennemis de la conduite des Acadiens dans cette circonstance est l'époque des maux incroyables qu'ils ont souffert depuis.
Après la paix d'Aix la Chapelle, les Acadiens étaient au nombre de 18 à 20 000 âmes, les Anglais ont mis tout en oeuvre pour les gagner et se les assujettir, les plus belles promesses, les plus grosses sommes d'argent, les ruses les plus raffinées, les outrages les plus sanglants, l'enlèvement de leurs prêtres, la dispersion de leurs familles, rien ne fut épargné. Quantité de familles, pour se soustraire à la fureur des Anglais quittèrent l'Acadie en 1751 et 1752 et vinrent se réfugier à l'Ile Saint-Jean. Le commandant qui avait ordre de les recevoir, leur fit distribuer des terres à défricher et leur accorda trois années de vivres mais à peine commençaient-elles à jouir du fruit de leurs travaux que par la prise de Louisbourg cette Ile passa sous la domination anglaise ; les ennemis firent embarquer ces pauvres familles sur 14 transports dont trois chargés de 360 à 80 personnes ont péri en mer, les autres après quatre mois de traversée pendant laquelle il en est mort beaucoup, débarquèrent en France à la fin de 1758 et au commencement de 1759. Des squelettes plus que des hommes, de ceux qui débarquèrent dans les ports de France malades et mourants, il en périt un très grand nombre malgré les secours abondants qu'ils reçurent des habitants.
Au mois de juin 1755, les Anglais prirent le fort de Beauséjour. Le gouverneur général du Canada avait fait construire un fort pour les empêcher de s'avancer plus loin et pour les obliger d'attendre la décision des limites. Après la prise de ce fort les Anglais commencèrent par désarmer les Acadiens, et leur ordonnèrent de se rendre sous prétexte de confirmer et de ratifier leurs privilèges. Les Acadiens de Beaubassin se rendirent au fort de Beauséjour ou commandait le général Moncton, ceux du Port Royal aujourd'hui Annapolis Royale et ceux des Mines se rendirent à Halifax où se trouvait l'amiral Boscawen (?). Dès que les Acadiens furent entrés dans ces différents ports, le commandant anglais leur dit (?) qu'il fallait prêter le serment de fidélité au Roi d'Angleterre, et prendre les armes pour la cause commune et la défense de la patrie. Les Acadiens demandent un moment de réflexion, on le leur accorde, aussitôt ils se mettent à genoux et après une courte prière les vieillards se lèvent et parlant au nom de tous : "nous avons déjà prêté et signé le serment de fidélité et nous sommes prêts à le renouveler ; mais nous voulons conserver le privilège de neutralité qu'on nous a accordé, et nous ne prendrons jamais les armes contre la France." L'amiral Boscawen étonné d'une pareille réponse voulant les intimider, tire son épée et leur dit : "est-ce ainsi que l'on répond à un général ? Je ne sais ce qui m'empêche de vous passer mon épée au travers du corps." L'un des vieux découvrit sa poitrine et lui dit "Frappez mon général, frappez si vous l'osez ? Vous pouvez tuer mon corps mais vous n'avez aucun pouvoir sur mon âme, et vous n'arracherez jamais de mon c?ur mon attachement pour ma religion, ni ma fidélité pour mon premier et légitime souverain Louis". A l'instant on ferme les portes, on les environne de soldats, la baïonnette au bout du fusil, on les menace par le feu d'une artillerie chargée à cartouche ; mais rien ne peut les faire changer ni ébranler leur constance. Les Anglais ne pouvant venir à bout de gagner les Acadiens les font conduire en prison, et mettent une partie sur une île et l'autre à bord des vaisseaux ou ces pauvres malheureux maltraités par les soldats se sont vus réduits à périr de faim et de froid après cette opération les Anglais font marcher des détachements dans les différentes paroisses, ramassent tout ce qu'ils peuvent rencontrer d'hommes et de femmes et d'enfants pour les conduire dans les différents forts, enfin ces pauvres familles après avoir vu l'incendie général de leurs habitations, perdu tout ce qu'elles avaient de hardes et de meubles, et obligées d'abandonner environ 70 000 paires (?) de bêtes à cornes, sont embarqués pour être conduites à la Nouvelle-Angleterre.
Les familles qui purent échapper aux Anglais allèrent se cacher dans la profondeur des Bois ou après avoir passé l'hiver le plus rude, elles se réfugièrent vers le printemps 1756. Une partie de l'île Saint-Jean, d'où elles furent transportées à Québec, et la plus grande partie furent s'établir sur les côtes de la Baie des chaleurs et des Miramichi où elles demeurèrent jusqu'à la prise du Canada par les Anglais. Les pauvres familles se voyant sans ressources et réduites à périr de misère, 760 et quelques personnes étaient déjà mortes de faim, firent enfin un traité de pacification avec les Anglais et se rendirent à eux sous la condition de ne jamais porter les armes contre la France.
Je finis ici, Monseigneur, le récit des malheurs de cette nation, il est plus facile de les concevoir qu'il n'est possible de les détailler ; j'espère que le peu que j'en ai dit suffira pour engager votre grandeur à prendre en compassion ces pauvres familles qui ont quitté leur patrie, abandonné leur bien et souffert les prisons pendant huit années par attachement à sa majesté et pour n'avoir pas voulu prendre les armes contre la France.
De toutes ces familles dispersées dans toutes les parties du monde il ne nous en reste plus en France à établir que deux mille deux ou trois cent personnes, ces familles se sont trouvées en Angleterre dans le temps de la paix, les Anglais ont fait tout leur possible pour les engager à repasser en Acadie, mais toujours inutilement. Elles ont constamment refusé les offres les plus avantageuses.

Elles envoyèrent des députés à M. Le duc de Nivernais, alors ambassadeur à la Cour de Londres ; et lui représentant le désir ardent qu'ils avaient de passer en France pour y vivre et mourir sous les lois du meilleur des souverains. M. le duc de Nivernais, charmé de leurs dispositions écrivit en leur faveur et M. le ministre, dans sa réponse, lui marque que le Roi les prenait sous sa protection et leur promettait de les faire établir dans son royaume. En conséquence, toutes les familles sortent des prisons d'Angleterre, passent en France et sa Majesté a bien voulu leur faire accorder une solde de 6 s. par jour et par tête jusqu'au terme de leur établissement.

Depuis la paix, on a établi 78 familles quelques temps après une sortie des prisons d'Angleterre où j'ai resté huit années, gardé à vue par un sergent et deux soldats la baïonnette au bout du fusil, à mon arrivée à Paris, M. le duc de Choiseul m'honora d'une lettre pour me rendre à Versailles et me chargea de l'établissement de ces 78 familles de BIM, les autres au nombre de 3 à 400 familles attendent depuis la paix l'effet des promesses qu'on leur a faites et ne soupirent qu'après cet établissement.
Après de pareils sacrifices de la part des Acadiens, après des promesses et des assurances aussi positives de la part du ministère par des lettres qu'ils sont en état de représenter et qu'ils conservent précieusement, devaient-ils s'attendre à la misère qui les accable depuis si longtemps ? Ces lettres leur annonçait un sort (?) et leur répondait d'un établissement à leur arrivée en France.
Voilà cependant, Monseigneur, huit années entières que les Acadiens passent dans ces espérances sans autre secours qu'une solde de 6s. par jour jusqu'au commencement de 1767 que M. le Duc de Praslin a jugé à propos d'en retrancher la moitié à tous les enfants au dessous de 12 ans. En vain la rigueur de plusieurs hivers longs et rudes (?) leur ont fait pousser des gémissements capables d'exciter la compassion, en vain ont-ils représenté que la cherté du pain, des autres denrées et loyers les mettaient hors d'état de subsister, on ne les a pas écouté jusqu'à présent ; ils n'ont pu obtenir le rétablissement de cette solde. Ainsi sans asile, sans pain et sans travail, ces Acadiens que la persévérance de leur fidélité a engagé à s'expatrier et à abandonner leurs biens pour rentrer sous la domination du Roi, demeurent livrés à la plus affreuse indigence et au désespoir. Depuis 3 ans on les a vu passer des 7 à 8 mois sans rien toucher de la subsistance qu'il a plu à sa majesté de leur accorder, et pendant l'hiver de ces trois années on en a trouvé morts de misère et de faim.

Le choix que notre monarque vient de faire de votre personne me console et ranime mon espérance, le sort de ce peuple si affectionné à la France est présentement entre vos mains. J'ose me flatter, Monseigneur, que vous ne permettrez pas qu'il meure de pauvreté au milieu du royaume et sous vos yeux, que vous voudrez bien fixer vos regards paternels sur lui, l'honneur de votre puissante protection et prendre le soin de lui procurer un établissement qui le mette en état de subsister du travail de ses mains et de son industrie.
M. le duc de Praslin, dans sa lettre à M. de l'Averdy [en note, même écriture, "cette lettre, datée de Compiègne du 26 août 1768, est au dépôt des colonies" ; cf. cette lettre], renouvelle ses instances sur la nécessité indispensable de pourvoir sans autre délai à l'établissement des familles acadiennes, au mois de novembre 1769 et envoie copie de cette même lettre à M. d'Invau [ ?] et lui marque qu'indépendamment de la justice qu'il y a d'établir les Acadiens, il y trouvera l'avantage en chargeant l'Etat des dépenses considérables qu'occasionne leur subsistance annuelle, et pour engager et presser plus fortement ces MM à terminer cette affaire M. le duc en finissant sa lettre ajoute : "je crois que cet objet mérite toute votre attention et que c'est véritablement une affaire d'Etat qui doit être traitée sur ce point de vue et non en suivant les principes ordinaires de la finance".

Oui, Monseigneur, l'établissement des Acadiens est véritablement une affaire d'Etat, il y va de l'honneur et de l'intérêt du gouvernement : de l'honneur puisque le Roi a bien voulu les prendre sous sa protection et les faire passer de l'Angleterre en France avec promesse de les faire établir dans son Royaume ; de l'intérêt du gouvernement puisqu'en les établissant on ferait cesser une solde qui depuis leur arrivée en France se monte à plusieurs millions, mais voyant que toutes les démarches et les sollicitations étaient sans effet et devenaient inutiles et qu'on regardait l'établissement des Acadiens ou trop difficile ou trop dispendieux, j'ai demandé à M. le duc de Praslin la permission de sortir avec eux du Royaume pour nous donner à l'Espagne et par ce moyen décharger l'Etat de ces dépenses qui ne produisent aucun bien. Mais je n'ai pu obtenir cette permission, et M. le duc de Praslin me l'a constamment refusée. Notre dessein était de passer à la Louisiane pour y former une petite colonie : il y a déjà cent familles acadiennes qui y sont très bien établies, elles nous pressent et nous sollicitent d'aller les joindre et nous marquent que le gouvernement a reçu ordre du Roi catholique son maître de recevoir tous les acadiens qui se présenteraient de leur donner des terres et des leur fournir tout ce qui peut leur être nécessaire pour les établir.
D'après les refus qu'on leur a fait ils avaient lieu d'espérer qu'à l'exemple des 78 familles établies et domiciliées à BIM on leur aurait procuré le même sort et les mêmes faveurs accordées à leurs semblables, mais MM. de l'Averdy et d'Invau ne l'ont pas jugé à propos quelques instances que M. le duc de Praslin leur a faites pour l'exécution du plan d'établissement qui leur avait proposé.
M. le duc de Choiseul avait formé le dessein d'établir les Acadiens dans l'île de Corse. J'y ai fait un voyage par ses ordres avec quatre personnes députées par cette nation [les Acadiens] pour examiner le terrain [nov. - déc. 1769], mais depuis ce temps je n'entends plus parler du projet, il faudrait pour l'exécuter connaître quels sont les domaines du Roi et s'ils sont assez considérables pour placer trois à 400 cents familles acadiennes ; on a fait passer dans cette île 20 à 25 arpenteurs, pour en faire le cadastre, mais cette opération demande bien des années et rend l'établissement projeté bien incertain et bien douteux.
Dans ces fâcheuses circonstances, j'ose me flatter que vous ne trouverez pas mauvais qu'un missionnaire uniquement occupé du bien de l'Etat et de la religion prenne la liberté de vous supplier, Monseigneur, et mettre la dernière main à l'établissement de ce peuple infortuné ; vous ne pouvez vous occuper pour des sujets qui l'aient mieux mérité, ni pour un objet plus intéressant à l'Etat. Daignez donc Monseigneur devenir le père et le protecteur de ces pauvres Acadiens et mettre fin à leur misère, vous le pouvez si vous voulez bien en parler au Roi et proposer à son conseil leur triste situation. C'est le seul et unique moyen d'obtenir une prompte décision sur leur sort, vous deviendrez leur libérateur ; ils oublieront alors tous leurs maux ; ils béniront la main qui les aura terminés [les maux], et ils ne feront seront plus occupés qu'à rendre cette époque et leurs bienfaiteurs recommandables à la postérité, l'avenir vous en payera sa reconnaissance et ce peuple et le missionnaire ne cesseront d'offrir des prières et des v?ux pour la santé et la prospérité de votre grandeur.

Notes

la date est probablement fausse ; Lettre doit dater de 1771 ou de 1772 (nomination de de Boynes le 10 avril 1771 ; source # 1479)
Elle peut être déterminée par le fait que la lettre fait plusieurs fois allusion au fait que de Boynes vient d'être nommé au ministère.
Ce mémoire semble avoir servi de modèle d'information à Lemoyne dans son rapport (fiche @ 001 et @ 210 qui est la même chose)
copie de cette lettre dans Martin p. 274

notes sur les secours / signification des 6 sous (témoignage de Le Loutre) :
Voilà cependant, Monseigneur, huit années entières que les Acadiens passent dans ces espérances sans autre secours qu'une solde de 6s. par jour jusqu'au commencement de 1767 que M. le Duc de Praslin a jugé à propos d'en retrancher la moitié à tous les enfants au dessous de 12 ans. En vain la rigueur de plusieurs hivers longs et rudes (?) leur ont fait pousser des gémissements capables d'exciter la compassion, en vain ont-ils représenté que la cherté du pain, des autres denrées et loyers les mettaient hors d'état de subsister, on ne les a pas écoutés jusqu'à présent ; ils n'ont pu obtenir le rétablissement de cette solde. Ainsi sans asile, sans pain et sans travail, ces Acadiens que la persévérance de leur fidélité a engagé à s'expatrier et à abandonner leurs biens pour rentrer sous la domination du Roi, demeurent livrés à la plus affreuse indigence et au désespoir. Depuis 3 ans on les a vu passer des 7 à 8 mois sans rien toucher de la subsistance qu'il a plu à sa majesté de leur accorder, et pendant l'hiver de ces trois années on en a trouvé morts de misère et de faim.

Mots-clés

// "nation" acadienne
// DAN
// conservation des lettres de promesse par les Acadiens
// expatriation
// mémoire historique
// repartir : Louisiane
// Corse
// secours : cf. notes
// signification des 6 sous (cf. notes)
// ret

Numéro de document

000094