Document : 1784-03-15b

Références / localisation du document

ANC, MG6 A15, série C [microfilm F 849] // AD Calvados [Caen], C 1022

Date(s)

1784-03-15b

Auteur ou organisme producteur

Acadiens de Cherbourg (chefs de famille Mius d'Entremont) // Garaudot // De Fontenelle Postel, Echevin // acadien

Destinataire

Contrôleur général (Calonne)

Résumé et contenu

Pétition des Acadiens pour le rétablissement de leur paye. Ils ont abandonné un terrain immense ; ils sont confondus dans la "classe vulgaire", mais ils furent récompensés en jouissant des bienfaits de leur souverain. Mais depuis 1777 ils n'ont plus reçu de paye. Ils sont endettés et réclament le paiement des arrérages. RAS de plus.
note du subdélégué en bas qui parle de ces "malheureux expatriés".

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Monseigneur,

Supplient très humblement les Mius écuyers sieurs d'Entremont et leurs alliés, descendants de Jacques Mius Sieur d'Entremont seigneur et baron de Pobomcoup en Acadie et de dame Anne de S. Etienne de la Tours fille de Charles Etienne de la Tour, chevalier [etc...]
Et prennent la liberté de remontrer à votre grandeur, Monseigneur, que propriétaires par indivis d'un terrain immense où ils trouvaient abondamment tous les besoins et les agréments d'une vie tranquille, ils l'ont abandonné aux anglais leurs vainqueurs et n'ont point balancé à se retirer en France pour prouver leur fidélité à leur roi et leur attachement à la religion de leurs pères. Les offres généreuses du vainqueur, les honneurs et les richesses, rien ne put ébranler leur fermeté.
Le sacrifice de leurs biens et des droits attachés à leur naissance ne fut pas longtemps sans récompense, et quoique confondus dans la classe vulgaire, ils eurent à se féliciter d'avoir donné à la patrie cette preuve de leur affection : ils ont joui longtemps des bienfaits de leur souverain, mais depuis 1777 ils n'ont plus reçu la paye que sa majesté leur avait accordée. Cependant réduits à l'extrême misère et par la cherté des vivres et par la rigueur des saisons, chargés en outre de la subsistance de plusieurs nonagénaires et d'infirmes incapables de se suffir à eux mêmes, ils ont contracté des dettes pour se procurer la plus grossière nourriture. Telle a été, monseigneur, la triste situation des suppliants depuis 1777. Combien ne sont-ils pas encore maintenant plus à plaindre ? La province, comme la capitale, a senti l'extrême rigueur de l'hiver qui vient de se passer, manquant de vêtements et des choses les plus nécessaires à la vie, combien n'ont-ils pas dû souffrir ?
Sur le point de rester sans secours et sans logement, redevables depuis longtemps aux propriétaires de leurs appartements qui, chaque jour, les menacent de les en chasser, les suppliants s'adressent à vous avec confiance pour leur faire parvenir les arrérages de leur paye et la leur continuer. La revue que vous avez ordonnée dans leur famille leur est un présage de votre bienveillance ; ils osent donc espérer que vous daignerez jeter un regard de pitié sur une famille de vieillards et d'infirmes qui n'ont pour ressource que vos bienfaits et qui, déjà prévenus de la plus légitime reconnaissance, ne cessent et ne cesseront jamais d'adresser au ciel les voeux les plus ardents pour la conservation de votre grandeur si précieuse à l'Etat et à l'humanité.

Présenté sous la signature des chefs de la famille et des alliés le 15 mars 1784

- jointe à cette pétition, une lettre du subdélégué Sivard de Beaulieu à l'intendant (Feydeau) de la même date : "je me bornerai à vous dire que tous ces malheureux expatriés ne méritent point d'être abandonnés"

Mots-clés

// secours
// désignation : expatriés
// Cherbourg
// cherté

Numéro de document

001151