Document : 1763-07-20a

Références / localisation du document

AN Col C 11 D 8 // ANC, MG1-C11D8 ou MG1 - 18 C11D8 (transcriptions, microfilm C 11361, volume 8, partie 2, p. 193 et suivantes)

Date(s)

1763-07-20a

Auteur ou organisme producteur

Louis de la Vergne de Tressan

Résumé et contenu

Premier projet d'établissement en France (?) - Bitche -
L'auteur insiste sur le fait que les Canadiens n'étant pas habitués à manger du pain de froment (contradiction avec la lettre de l'avocat de La Crochais) ils s'adapteront mieux à un pays stérile qui ne produit que du blé de Turquie (= du maïs), qui est la nourriture à laquelle ils sont déjà habitués. Diverses suggestions sur la manière dont ils pourraient gagner leur vie (en vendant leur surplus de nourriture). etc...

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Projet pour établir un certain nombre de Canadiens dans le comté de Bitche

Bitche, 20 juillet 1763

le projet commence par une description du comté de Bitche qui a été dépeuplé suite à des guerres ; nature des terrains : sablonneux, mais avec de l'engrais, devrait être capable de produire du seigle, du blé de turquie [maïs], etc... et des pommes de terres, très bonnes pour les hommes et les animaux.

"Monsieur le comte de Warren, lieutenant des armées du Roi ayant eu le projet de former un établissement dans les fôrets de Bitche pour les soldats allemands invalides et mariés auxquels on aurait donné des terrains à défricher et dont les enfants seraient nés classés pour servir de recrues à nos régiments allemands, il y a envoyé avec permission de la Cour le sieur Barbier, ingénieur des Ponts et chaussées demeurant à Houdan (?) lequel a visité une partie de la foret et dans lequel j'ai trouvé beaucoup de sens et d'intelligence.
J'ai conclu avec lui de tout ce qu'il m'a rapporté que l'établissement était possible mais cet établissement était d'ailleurs sujet à de si grands inconvénients qu'il ne m'a pas paru praticable.
Il n'en est pas de même pour les Canadiens qui sont passés en France ; ces peuples quittent un pays froid et stérile, ils ne seraient point peinés d'habiter le pays de Bitche qui l'est moins que le Canada. Ces peuples n'ont point été accoutumés à manger du pain de froment ; ils trouveront dans le pays de Bitche une nourriture plus abondante que dans le leur où le seul blé de Turquie [maïs, selon l'EU] fournit la principale partie de leur aliment. Je joins ici l'état des denrées commestibles dont ils jouiraient :
- les seigles ; le blé de Turquie [maïs] ; l'orge ; les pommes de terre ; les topinambours ; le lait de leur vaches ; le lait de leurs chèvres ; les légumes de leurs jardins ; après la glandé les cochons qu'ils salleraient [saleraient ?]

commerce qu'ils pourraient faire : essentiellement le surplus de leur production
suit un état de ce qu'un paysans serait susceptible de dépenser dans une année : estimation à 90 livres par an ; les femmes et les enfants seulement 40 à 50 livres.

"il est certain que si le Roi voulait faire l'épreuve d'essayer d'envoyer 600 Canadiens dans le Comté de Bitche, parmi lesquels il y en eut 400 en état de travailler la terre, on pourrait les y établir en faisant les premiers frais nécessaires."

on pourrait payer les frais (considérables, selon l'auteur) de l'établisseement vendant les arbres coupés lors des défrichements ; l'argent ne sortirait pas de toute façon des caisses du Roi ;

total du "devis" : 204 000 livres pour 600 Canadiens dont 400 en état de Travailler ; en 20 ans le Roi pourrait être remboursé ; si ce n'est pas assez rapide, l'auteur a une autre idée :

"on pourrait aussi les assujetir à faire classer leur second enfant mâle pour servir dans les régiments allemands, ou le troisième si le second n'était pas en état de porter les armes".

possibilité de mettre encore bien davantages de personnes si l'on le souhaite. [il y aurait moyen de mettre près de 400 feux - familles selon l'auteur]

[le passage suivant est peu clair : il a lui même déjà pensé à mettre en rapport une terre mais manquait de moyens, et si le Roi lui accordait une somme de 40 000 livres - qu'il rembourserait à raison de 8000 l. par an pour payer les premiers établissements]



Notes

évocation de ce projet dans Fonteneau : Louis de la Vergne de Tressan, "maréchal de la cour du roi Stanislas, durant l'été 1763, propose ses terres de la région de Bitche, en Lorraine. Il avoue lui-même que le climat est rude et que le sol n'est pas riche, mais cela peut très bien convenir à des "Canadiens" qui viennent d'un pays "froid et stérile"... Cette proposition est assortie d'une demande de gratification exorbitante et n'est même pas étudiée" [Fonteneau, p. 246] - en fait, le projet est bien étudié le 1763-08-09 par Choiseul qui le soumet au C.G. - en fait, Fonteneau doit avoir tiré ses informations du RAPC 1905 qui évoque le projet de Bitche et le résume p. 209 - [par ailleurs il n'existe aucune indication attestant que la proposition a été étudiée ou non, et quant à la demande de gratification, il ne s'agit pas d'une gratification mais d'une demande d'une avance de fonds pour régler les premières dépenses]

Mots-clés

// projet d'établissement
// perception : viennent d'un pays froid, nourriture frugale (maïs)
// Bitche
// culture : pain de froment (non) vs. blé de Turquie (maïs)

Numéro de document

001195