Document : 1763-08-18a // 1763-08-22 // 1763-03-18
Références / localisation du document
RAPC 1905, vol. II, appendice F, p. 196 // archives d'Halifax // Jean-François Mouhot, "Des « Revenantes » ? A propos des « Lettres fantômes » et de la correspondance entre exilés acadiens (1758-1785)", Acadiensis. Journal of the History of the Atlantic Region - Revue d'Histoire de la région Atlantique, XXXIV, 1 (Automne 2004) : pp. 96-115.
Date(s)
1763-08-18a // 1763-08-22 // 1763-03-18
Auteur ou organisme producteur
Conseil d'Halifax
Résumé et contenu
4 lettres : 1 de Liverpool, et 3 échangées entre des Acadiens en Angleterre et dans les colonies américaines. Les Acadiens de France et d'Amérique correspondent entre eux
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Séance du conseil tenue à Halifax le jeudi 18 août 1763.
Le lieutenant gouverneur fait part au Conseil que M. Deschamps lui a transmis une copie d'une lettre trouvée entre les mains de Joseph Broussard dit Beausoleil, de Pisiquid, et qui a passé de main en main parmi les Acadiens français. Cette lettre a été écrite par De la Rochette, qu'on dit être au service du duc de Nivernais, pour inviter les Acadiens à passer en France où le roi le prendra immédiatement sous sa protection. Le lieutenant gouverneur croit à propos de communiquer au conseil cette lettre reproduite ci-après, afin de connaître son avis à ce sujet :
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[n°1 Lettre de la Rochette]
fait à Liverpool le 18 mars 1763.
Messieurs et chers frères
Nous avons ordre de Monseigneur le duc de Nivernais, ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté très chrétienne qui reste actuellement à Londres pour un long temps de vous faire tenir la copie de celle qu'il nous a donnée, qui est que le traité définitif est signé, et l'on va procéder immédiatement à votre renvoi en France, comme le réglement à ce suje tne peut se pendre qu'en sachant exactement le nombre de ceux ou de celles qui veulent s'en rapporter à la protection du Roi de France, il est nécessaire que vous lui en fassiez tenir la liste le plus tôt qu'il vous sera possible, cette liste contiendra les noms des hommes et des femmes et des enfants, chacun la signera pour soi. Et ceux qui ne sauront pas signer mettront leurs marques.
J'ai le plaisir de vous apprendre que votre traitement sera en France encore plus avantageux que vous ne l'attendez, et que vous serez sous la protection immédiate du Roi et de son ministre, Monseigneur le duc de Nivernais. Communiquez à nos frères cette lettre et assurez les bien de la protection [sic] que j'approuve en leur annonçant leur prochaine délivrance.
J'ai l'honneur d'être très parfaitement, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur,
de la Rochette
[lettre n°2 : les Acadiens d'Angleterre et ceux des colonies américaines (lettre d'accompagnement de la lettre de la Rochette ?)]
Nous avons, tous les ceux qui sont en Angleterre, pris cette liste, et nous sommes tous sur notre départ pour passer en France. Nous prions tous Dieu de vous y voir avec nous. Nous vous assurons que quelque part que nous allions nous n'auront plus de neutralité puisqu'il n'y en aura plus. Prenons donc le parti de notre religion, c'est la grâce, Messieurs, que vous demandent ceux qui sont bien sincèrement,
vos très humbles serviteurs,
les Acadiens
Alexis Trahan,
Tranquille Prince,
Joseph Leblanc,
Alexis Boudrot.
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[lettre n°3 : lettre entre deux Acadiens, l'un à Halifax et l'autre à Pigiguit]
Mon cher ami -
je vous fais parvenir la copie de cette lettre pour que vous en envoyiez une copie au Port Royal, et que vous leur fassiez savoir le parti qu'ils doivent prendre et comme nous espérons la lettre qui a été écrite pour être envoyée à tout le public lorsqu'elle nous sera parvenue nous vous l'enverrons pareillement. Je suis très parfaitement, mon cher ami,
votre serviteur,
LEMAIGRE le père
Halifax le 30 juillet 1763, à Monsieur Broussard dit Beausoleil, Pigiguit
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Comme il appert que la lettre ci-dessus a été reçue par un nommé Joseph Le Maigre de cette ville et que celui-ci l'a ensuite envoyée à Broussard, le conseil a fait comparaître LeMaigre. Après l'avoir interrogé, il a admis avoir reçu cette lettre de Philadelphie et l'avoir adressée à Beausoleil pour la faire lire aux Acadiens français de ce pays.
Il a admis aussi avoir reçu dans le même temps une autre communication que le Conseil ordonna de consigner dans les procès-verbaux, après en avoir pris connaissance, et qui est reproduite ci-après :
lettre n°4 : des Acadiens de Liverpool à LeMaigre, acadien de Halifax
Liverpool, le 18 mars 1763 -
Messieur, comme j'espère que vous ne manquerez pas de vous reproduire [?] à mon Seigneur le duc de Nivernais, je m'en vais vous en donner le moyen, votre représentation cacheté et à adresser au duc puis vous metterez l'adresse avec une enveloppe dessus et vous mettrez l'adresse que voici suivante : "to Mr Anthony Kastling, at Old England Coffee House, St Martins Lane, To London". Vous pouvez par le premier vaisseau que vous trouverez qui viendra en Angleterre envoyer votre liste, aussitôt qu'elle sera attérée [sic], soit en Angleterre, ou en Irlande elle ira à son adresse à Londres, etc. N'espérez point de soulagement de France s'il vous retourniez en notre pays natal parce qu'il veut retirer tous les ceux qui veulent aller à lui,
votre serviteur.
[non signé, mais probablement un acadien de Liverpool, cf. notes ci-dessous]
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Le conseil fut d'avis que l'examen de cette affaire devait être différé jusqu'à l'arrivée de Beausoleil et que le lieutenant gouverneur fut requis de faire venir celui-ci à Halifax afin de l'examiner au sujet de cette lettre.
Séance du conseil, Halifax, le lundi 22 août 1763. Présents [suit une liste de noms] Après avoir examiné les lettres écrites en français trouvées en la possession de Joseph Leblanc dit Lemaigre et de Joseph Broussard dit Beausoleil, et avoir interrogé ceux ci au sujet du contenu de ces lettres, le conseil de sa majesté suggère au lieutenant-gouverneur de les transmettre au secrétaire d'Etat de sa majesté avec les commentaires qu'il croira à propos de faire. Le conseil croit qu'une correspondance de cette nature entre les sujets de Sa Majesté et ceux du Roi de France à l'insu du gouvernement est préjudiciable aux intérêts de Sa Majesté.
Notes
voir la version anglaise ci-après
voir les notes au sujet de cette lettre dans l'article "des Revenantes" paru dans Acadiensis (références ci-dessus)
Mots-clés
// Acadiensis
// USA
Numéro de document
001198