Document : 1749-01-11
Références / localisation du document
AN, Marine B3 vol. 477, folios 56 et suiv. // ANC, MG2 Série B3 (transcriptions; microfilm C 11621)
Date(s)
1749-01-11
Auteur ou organisme producteur
Guillot (C.G. marine à SM)
Destinataire
ministre de la marine (Maurepas)
Résumé et contenu
Les réfugiés de l'île Royale à Saint-Malo en 1749 : "Ils sont tous gueux comme des rats et sont tous nus" ; mesures en leur faveur ; ré-embarquement pour l'île Royale.
A Saint-Malo, le 11 janvier 1749
Je ne puis, Monseigneur, constater le nombre des passagers pour l'île Royale, il augmente tous les jours. J'avais projetté d'en faire la revue au commencement de cette année, mais outre que je ne l'aurais pû parce que mon bureau est rempli du matin au soir par les prisonniers qui reviennent d'Angleterre débarquer ici où dans les autres ports auxquels il faut donner des passeports et des conduites, il est bon de la remettre à la fin de ce mois pour donner le temps à ceux qui sont répandus aux environs et dans la basse Normandie de se présenter.
Jusqu'à présent il paraît qu'il y a 252 anciens habitants, tant hommes, femmes, qu'enfants qui demandent à retourner dans cette colonie.
Ils se proposent d'emmener avec eux 168 engagés.
Il paraît qu'il y a 217 personnes de tous états et sexes qui demandent à si aller habituer
et ces derniers se proposent d'amener aussi 35 engagés
Total : 672.
Mais comme parmi ces nouveaux habitants il y en a plusieurs qui par leurs professions ou autrement paraissent inutiles à la colonie, et que je me propose de leur refuser le passage, ne convenant pas de charger cette colonie sur tout dans les commencements, de gens qui n'y seraient bon à rien et qu'on serait obligés de renvoyer en France, je crois que le total n'excedera pas 650 personnes, et c'est sur ce pied que je me suis arrangé avec M. de la Lande Magon et le sieur Surcouf, armateur de ses navires. Ils sont obligés de me fournir deux navires qui composeront plus de 900 tonneaux, et ils les attendent tous les jours l'un d'Angleterre et l'autre de Hollande, et au cas que l'un de ces navires leur manquât par accident ou autrement, ils se serviront d'un autre navire de plus de 500 tonneaux qu'ils viennent de faire construire et qu'ils destinent pour l'Amérique, de sorte qu'ils seront toujours en état de remplir leur engagement, et que vous pouvez y compter. [...]
Le sieur Surcouf se chargera de la nourriture de tous les passagers, de faire faire les aménagements indispensables pour loger séparement les familles et ne pas confondre les sexes et généralement de toutes les dépenses quelconques, de même que d'embarquer tous les ménages de ces familles et les effets que j'aurai à faire passer dans la colonie, moyennant la somme de 200 # dont je suis convenu après avoir fait un compte exact de deux manières et reconnu que ce n'est pas trop pour le temps présent. Tout est ici hors de prix à l'exception du cidre. [...]
Je vous suis obligé d'avoir ordonné la remise des 1200 # destinées à faire subsister jusqu'à leur embarquement les plus pauvres d'entre les habitants de l'île Royale, ce fonds viendra quand il pourra. J'en ai déjà distribué la moitié, et je ferai payer l'autre à la fin de ce mois.
Je vous suis obligé aussi de la remise de 8000 # que vous comptez faire employer dans l'état de distribution de ce mois pour être répartie à ces habitants avant leur embarquement. Je compte bien ne la leur distribuer que quand il le faudra.
Mais voici, Monseigneur, une autre demande de la part de ces habitants que je souhaite que vous puissiez leur accorder. Ils se proposent, comme vous l'aurez vu ci dessus, d'amener avec eux 168 engagés et peut-être davantage s'ils peuvent les trouver, mais il faut pour engager ces gens là leur donner au moins 35 # à chacun d'avance, et aucun de ces habitants n'est en état de faire ses avances. Ils sont tous gueux comme des rats et sont tous nus ; les uns n'ont subsisté pendant leur séjour en France qu'au moyen des petites charités que vous leur avez accordées, et les autres par leurs journées. Ils vous supplient, Monseigneur, de vouloir bien leur accorder un fonds pour les mettre en état de faire ces engagements, vous en sentez la nécessité ; ils ne peuvent sans le secours de ces engagés entreprendre la pêche, travailler à la construction des chaloupes et charrois, et rétablir leurs habitations ; cela est presque indispensable de sorte, Monseigneur, qu'il faudra s'il vous plaît me faire remettre un autre fonds de 7000 # qui avec les 8000 # ci dessus feront 15000 # qui seront répartis avec fidélité et justice, et si je peux même ménager quelque chose sur cela vous pouvez vous en rapporter à moi, mais je vous demande en grâce, Monseigneur, de vous asssure que ces fonds me seront remis ici dans le mois prochain [il n'a pas été payé depuis longtemps et son "crédit tombe furieusement par la lenteur des remboursements"].
[suivent des considérations sur la pêche à la morue]
Notes
Référence donnée par le site NF : Marine B3 4[7]7 (1749), fos 56, 97, 150 : Rapatriement des anciens habitants de l'île Royale (Cap Breton). Il y avait une erreur sur le site NF qui donnait B3 447.
Mots-clés
// secours
// SM
Numéro de document
001268