Document : 1759-12-14
Références / localisation du document
AN, Colonie B, vol. 110 // ANC [transcriptions, microfilm C 15663] // RAPC 1905 p. 290 et suivantes // SHM Rochefort 1 E 162 fol. 895
Date(s)
1759-12-14
Auteur ou organisme producteur
SEM Nicolas-René Berryer, comte de La Ferrière
Destinataire
M. de Ruis intendant de la marine à Rochefort
Résumé et contenu
Secours pour les enfants. Plaintes d'un sergent marié à une créole. Il faut faire cesser tout murmure.
A reçu sa lettre du 6 [1759-12-06]. Il ne peut faire mieux que 6s / j. mais consent à donner 3s / enfant dès que famille de plus de 2 enfants (le père ne gagne pas plus que 16s comme journalier). Retard dans les secours : encourage Ruis à faire pression pour que les boulangers fasse crédit. Ils seront payés très rapidement. Les plaintes ne proviennent que d'un sergent marié à une créole (= acadienne ?). Ruis aurait du le mettre en prison, mais il faudra le faire veiller de près et le faire arrêter si besoin. C'est le moyen de faire cesser tout murmure. Ne doit donner la subsistance qu'aux vraies familles de l'île Royale.
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Versailles, le 14 décembre 1759
J'ai reçu M. votre lettre du 6 [1759-12-06] de ce mois concernant les habitants de l'île Royale. Je vois que leur situation est facheuse, il serait à souhaiter qu'on put leur procurer des secours plus grands que ceux de 6s par jour que le Roi a bien voulu leur accorder ; mais les circonstances ne le permettent pas absolument. Je veux bien cependant me prêter à l'arrangement que vous proposez de donner aux familles dont les pères ne font et ne peuvent faire que le métier de journalier à 16s une paye de 3s par tête d'enfants qui se trouveront au delà de 2 que le mari sera obligé de nourrir ainsi que sa femme avec sa paye de journalier. Vous pourrez les employer sur ce pied là dans les listes que vous m'enverrez à compter du premier décembre.
J'ai ordonné exactement dans les états de distribution les sommes que vous avez demandées pour la subistance de ces familles, mais le trésorier n'ayant depuis quelque temps que du papier dans sa caisse, il n'a pas pu en faire la remise à Rochefort aussi exactement que par le passé. En attendant que les fonds vous paraissent [sic], il est nécessaire que vous engagiez les boulangers à leur fournir du pain ; ils ne tarderont pas à en être payés. Il est intéressant de conserver ces familles.
Je suis bien aise d'apprendre qu'elles n'ont aucune part aux plaintes qui me sont revenues et qu'un sergent des troupes de terre qui a épousé une créole est le seul auteur des mémoires qui m'ont été adressés. Dès que vous l'avez reconnu, vous aurez [sic, pour auriez] dû le faire mettre en prison : il convient que vous le fassiez veiller de près et s'il tient encore quelque propos, vous devez le faire arrêter. C'est le moyen de faire cesser tout murmure. Je n'ignore pas que l'état de ces familles est triste : je voudrais pouvoir les soulager davantage ; mais il ne doit pas vous être difficile de leur faire entendre raison sur l'impossibilité absolue où nous sommes.
Au surplus, je suis satisfait des mesures que vous avez prises pour ne comprendre dans le payement de la subsistance que les vraies familles de l'île Royale.
Notes
dictionnaire de l'Académie :
"CRÉOLE. s. m. & f. Nom qu'on donne à un Européen d'origine qui est né en Amérique. Un créole, une créole."
Trévoux : "Créole ; voir Criole. f.m. Terme de relations. C'est un nom que l'on donne aux familles des descendants des premiers espagnols qui s'établirent en Amérique dans le Mexique. Les Espagnols qui viennent d'Espagne sont grands ennemis des Crioles et empêchent qu'ils ne parviennent aux charges. [Voyez Hornius, Orb. Polit. On dit plus ordinairement en Français Créole que Criole. On donne généralement le nom de Créole à tout Européen d'origine qui est né en Amérique."
Mots-clés
// secours : modalités
// secours : retard
// désignation : créole (cf. notes)
// dettes
// coercition
// signification des 6 sous (un journalier gagne 16s).
// Rochefort
Numéro de document
001307