Leur nom n'apparaît pas dans les dictionnaires biographiques. Ils ne sont pas cités parmi les notables qui ont fait souche au Québec. Ils appartiennent plutôt à cette masse obscure et sous-estimée d'émigrants français venus ouvrir les frontières du Nouveau Monde.

Les quatre frères Jean ont bêché, pioché, labouré la terre à bras et à boeufs. Ils l'ont ensemencée et récoltée. Ils se sont livrés au transport du foin et du bois, sur terre et sur mer. Ils ont fait de la brique, se sont adonnés à la menuiserie, au service domestique, au commerce des fourrures, à la chasse et à la pêche. Tous les quatre ont connu des déboires, des difficultés financières et des conflits avec les autorités administratives. Malgré les obstacles et les échecs, ils ont survécu et leurs descendants sont aujourd'hui dispersés au quatre coins du monde.

Pourquoi leur histoire serait-elle moins digne d'attention que celle des grands?

Luce Jean Haffner est née à L'Islet, à 80 km à l'est de Québec. Elle a étudié et enseigné à l'Université Laval, pour ensuite faire carrière en Europe. Un jour, on lui écrit du Canada pour lui demander de vérifier un renseignement à La Rochelle... Depuis, elle a ratissé les dépôts d'archives, des deux côtés de l'Atlantique, à la recherche de ses ancêtres.