- 19,95 $PapierISBN: 9782894485170
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8,99 $PDFISBN: 9782896644568
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Au début du XXe siècle, près de la moitié de la population d’origine canadienne-française vivait à l’extérieur du Québec, en Nouvelle-Angleterre pour la plupart. Cette saignée démographique aurait pu contribuer à l’établissement d’une société francophone vigoureuse et dynamique aux États-Unis. Mais, au milieu des années 1970, le dominicain Thomas-Marie Landry signera l’acte de décès de ce rêve pieux tandis que les élites franco-américaines considéreront cette tentative comme un échec.
Toutefois, pour ceux qui ont choisi de s’installer aux États-Unis d’abord et avant tout pour améliorer leur sort et celui de leurs enfants, l’anglicisation et l’assimilation apparaissent non comme un échec, mais comme une réussite. Ils voient dans leur histoire une heureuse évolution qui a fait d’eux des Américains d’origine canadienne-française. Deux lectures différentes d’un même passé.Yves Roby dresse le portrait de l’épopée des Canadiens français en Nouvelle-Angleterre et explique ce qu’il est advenu de leurs projets et de leurs rêves. Il nous donne matière à réflexion sur l’histoire du Canada français, sur l’évolution de la Franco-Américanie et sur l’avenir des francophonies américaines.
Né à Québec en 1939, Yves Roby a fait des études à l’Université Laval, à la Sorbonne et à l’Université de -Rochester, à New York,où il a obtenu un Ph. D.Il a fait carrière à l’Université Laval. Il apublié plusieurs livres et de nombreux articles sur l’histoire du Québec et des États-Unis.
Table des matières
Histoire d’un rêve brisé? | 1 |
Présentation | 7 |
Partir pour les «États» | 13 |
La paroisse franco-américaine (1850-1976) | 35 |
Les élites franco-américaines et le recours au passé (1880-1940) | 61 |
La Société du parler français au Canada et ses rapports avec la francophonie nord-américaine | 81 |
Thomas-Marie Landry, o.p., et l’avenir de la Franco-Américanie (1946-1976) | 106 |
Mutations de l’identité franco-américaine | 125 |
En guise de conclusion | 140 |
Index | 144 |
Table des matières | 149 |
Ce livre a fait parler de lui :
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En juillet 1893, Harper's, l'un des magazines de la bonne société américaine, se plaisait à opposer deux dessins. L'un représentait un «habitant» miséreux portant la tuque et la ceinture fléchée à son arrivée en Nouvelle-Angleterre, l'autre, le même homme, vieilli mais américanisé, enrichi et très élégamment vêtu. Mais personne n'aurait imaginé que les Américains d'ascendance québécoise puissent symboliser l'échec du Canada.
C'est pourtant l'idée que l'un d'entre eux, Wilfrid Beaulieu, a diffusée en 1961 dans son petit hebdomadaire, Le Travailleur de Worcester (Massachusetts): «Nous, qui constituons la "Franco-Américanie", sommes une preuve vivante de l'inefficacité et de l'inaptitude de la Confédération canadienne, de même que de l'impuissance du Québec, au sein de cette Confédération.»
Dans son livre au titre révélateur, Histoire d'un rêve brisé? Les Canadiens français aux États-Unis, le chercheur québécois Yves Roby n'hésite pas à ranger Wilfrid Beaulieu (1900-1979) parmi ceux que l'on appelait «les fous de la race», c'est-à-dire les défenseurs les plus acharnés de la survivance culturelle et linguistique des leurs au sein de la société américaine. Sa belle folie, Beaulieu l'a manifestée sans relâche.
Le journaliste, né à Lowell, formé au Québec puis revenu définitivement en Nouvelle-Angleterre, incarne, comme Roby l'a très bien perçu, le rêve franco-américain dans sa version la plus pure et la plus élitiste. Il a fait partie des sentinellistes, ces Américains d'origine canadienne-française qui sont allés, dans les années vingt, jusqu'à se révolter contre Mgr William Hickey, l'évêque catholique de Providence, qu'ils jugeaient assimilateur.
Beaulieu sera, chez les Franco-Américains, le partisan presque solitaire de l'indépendance du Québec. Pour comprendre un engagement aussi étonnant, il faut, à l'exemple de Roby, remonter dans le temps.
En 1901, seulement 55 % de la population d'origine canadienne-française habitait au Québec! Le reste vivait dans les provinces anglophones du Canada et surtout dans le pays voisin.
Près d'un million de Canadiens français se trouvaient aux États-Unis, principalement en Nouvelle-Angleterre. Ceux qui avaient quitté le Québec pour s'installer dans une société beaucoup plus industrialisée l'avaient fait essentiellement pour fuir la pauvreté. Même si certains reviendront vivre dans la province natale, la plupart resteront dans leur pays d'adoption.
De 1840 à 1930, le mouvement migratoire des Canadiens français vers les États-Unis bouleverse l'histoire du Québec. En s'appuyant sur les études de Yolande Lavoie, Roby signale qu'à cause de cette saignée, le déficit démographique cumulé de la province atteint quatre millions d'habitants en 1980.
Même si la majorité de nos élites s'affligeait de l'exode, des gens influents ont pensé, à la suite d'Edmond de Nevers, que leurs compatriotes établis aux États-Unis, loin d'avoir abandonné la terre ancestrale, l'avaient agrandie! En 1892, Adolphe Chapleau, ancien premier ministre du Québec, voyait dans les émigrés «les sentinelles avancées de la patrie, le paratonnerre» fait pour protéger ceux qui étaient restés au pays.
Une idée aussi ahurissante s'explique par la vocation apostolique que l'on attribuait aux Canadiens français, peuple catholique, pauvre, sous-scolarisé, mais curieusement destiné à éclairer l'Amérique du Nord protestante. En 1887, au Québec, l'avocat et conférencier Charles Thibault déclare que ses compatriotes ont le devoir de remplir cette mission en Nouvelle-Angleterre. «Dans cinquante ans, notre fête nationale sera, prédit-il, célébrée à Boston, alors probablement le centre du Canada français.»
Loin de verser dans un tel délire triomphaliste, qui leur a peut-être effleuré l'esprit dans leur jeunesse, Wilfrid Beaulieu et un autre chantre franco-américain de la survivance, le père Thomas-Marie Landry, auquel Roby consacre un chapitre entier, finissent, après 1960, par penser que l'assimilation complète de leurs concitoyens d'ascendance québécoise est devenue inéluctable. Pour eux, la vie s'achève dans l'ombre de cette tragédie.
À l'opposé de la doctrine périmée de la survivance, Roby croit que les descendants des Canadiens français «qui ont délibérément choisi de se fondre dans la société américaine» représentent, à titre individuel, une réussite. Contester ce jugement reviendrait à condamner la condition humaine.
Il est déplorable toutefois que Roby ne mentionne pas l'écrivain qui a donné pour toujours un souffle québécois, si ténu soit-il, à la langue anglaise et à la culture américaine. À lui seul, Jack Kerouac, qui affirmait en 1964 que son oeuvre ne jaillissait pas du «credo beat» galvaudé, dont il regrettait la dégénérescence, mais de «la nature solitaire d'un catholique canadien-français de la Nouvelle-Angleterre», prouve que la longue et atroce expérience des Franco-Américains, en tant que phénomène collectif, n'aura pas été entièrement vaine.
Michel Lapierre, Le Devoir
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Pendant plus de trente ans, l'historien Yves Roby a étudié l'exode de centaines de milliers de Québécois vers les États-Unis. Son dernier ouvrage, Histoire d'un rêve brisé, constitue le point d'orgue de sa réflexion sur ce phénomène migratoire exceptionnel des 19e et 20e siècles.
Pascale Guéricolas, Au fil des évènements
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Histoire d'un rêve brisé? Les Canadiens français aux États-Unis s'avère un excellent livre pour découvrir cet épisode de notre passé.
Pierre-Olivier Maheux, Cap-aux-Diamants
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Cette étude est davantage qu'un travail sur l'immigration, elle est aussi exemplaire du rôle de l'historien comme interprète de la mémoire historique et de la nécessité de la révision historique
Darin Kinsey, Les Cahiers de lecture de L’Action nationale
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Ce livre pourrait porter le titre Pour en finir avec les Franco-Américains. La plus récente publication d'Yves Roby consiste en six articles qui ont déjà été publiés dans d'autres collections. En les rassemblant dans un volume, Roby donne l'impression que ces textes constituent une dernière réflexion sur le sujet auquel il a dédié sa carrière plus que n'importe quel autre historien québécois. On retrouve ici le maître chercheur et l'artiste qui s'expriment dans un langage évocateur. Il me semble que ces essais susciteraient plus d'intérêt aux États-Unis où certains membres de la communauté franco-américaine se demandent ce qu'est devenue la culture franco-américaine. Malheureusement, comme ils ont perdu leur langue, ils ne peuvent pas lire le bilan que Roby trace de leur groupe dans cet admirable volume.
Sylvie Beaudreau, Revue d’histoire de l’Amérique française